Le CICR s’inquiète du regain de violence au Sud¬ Kivu

(L’Observateur)

Depuis plusieurs jours, des flambées de violence intercommunautaire  et la présence de groupes armés poussent la population à fuir dans la province du Sud-Kivu, apprend-on du Comité international de la Croix-Rrouge (CICR).

Les conséquences humanitaires pour les civils les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants, sont très importantes.

Selon le CICR, dans la nuit du 6 au 7 juin courant, une attaque contre le village de Mutarule, dans la plaine de la Ruzizi (Sud-Kivu),  a fait des dizaines  de morts et de blessés.  Une église et plusieurs maisons auraient été incendiées. Le village s’est pratiquement vidé de ses habitants qui, terrifiés, ont fui vers les villages voisins, ajoute notre source.
«  La  plupart  des  victimes  de  cette  attaque  sont  des  femmes  et  des  enfants,  alors  qu’en  tant  que personnes  particulièrement  vulnérables,  elles  auraient  dû  au  contraire  être  protégées.  C’est  une violation des règles les plus élémentaires d’humanité » a expliqué Martin Schüepp, chef de la sous- délégation du CICR au Sud-Kivu.
Samedi 7 juin, une équipe du CICR basée à Uvira  est partie en direction dudit village. Malgré un climat  de tension  important,  elle a réussi à atteindre  la ville de Sange,  où une partie des déplacés avaient trouvé refuge.
Le CICR a fourni une assistance sous forme de matériel de pansement et de suture, de compresses, de désinfectant  et de médicaments  aux hôpitaux  de Sange  et d’Uvira,  afin qu’ils  puissent  prendre  en charge les blessés ou les stabiliser avant leur évacuation. Il a également remis 30 sacs mortuaires aux autorités sanitaires de Sange.

Grâce aux relations bien établies que le CICR entretient avec les autorités et les associations locales, les véhicules de l’institution ont pu circuler sans être inquiétés, et ce malgré des manifestations organisées en réaction à ces actes d’une extrême violence.
L’équipe chirurgicale du CICR et le personnel de l’hôpital général de référence de Bukavu ont pris en
charge 10 blessés dès leur arrivée. Blessés par balle, ils étaient pour la plupart dans un état critique. Chacun a nécessité au moins trois opérations successives.
« Un des cas les plus graves est celui d’un petit garçon qui a reçu une balle dans la tête. Il a perdu un œil et la balle a endommagé son cerveau. Durant son transfert à l’hôpital, je ne sentais presque plus son pouls ; je ne pensais pas qu’il arriverait vivant », témoigne Laetitia Nemouche, responsable du programme chirurgical à Bukavu.
Les tensions intercommunautaires  ne sont pas nouvelles  dans ce village. Mutarule  avait déjà été le théâtre d’une attaque en août 2013, qui avait fait huit morts et entraîné la fuite de ses habitants. À leur retour en février 2014, le CICR avait distribué des semences à plus de 5 000 personnes, afin de leur permettre de reprendre leurs activités agricoles.

Évasions à la prison centrale de Bukavu

À Bukavu toujours, le jeudi 5 juin au petit matin, la prison centrale a été le théâtre d’une mutinerie durant  laquelle,  selon  plusieurs  sources,  près  de  300  détenus  se  seraient  évadés.  Des  tirs  ont  été échangés faisant trois morts et six blessés.
Trois blessés ont été immédiatement  évacués vers l’hôpital général de Bukavu. Un peu plus tard, le
CICR s’est rendu sur les lieux afin d’évacuer  trois autres personnes  qui se trouvaient  dans un état critique, et qui étaient bloquées à l’intérieur des bâtiments. Tous les blessés ont immédiatement été pris en charge par l’équipe chirurgicale. Malheureusement, l’un des patients est décédé des suites de ses blessures. Depuis le début de l’année, l’équipe chirurgicale du CICR à l’œuvre dans cet établissement a pris en charge 113 patients et réalisé 365 interventions chirurgicales.

Entre janvier et fin mai 2014 en RD Congo

Face aux constantes allégations de violations du droit international humanitaire, le CICR a rappelé aux porteurs d’armes la protection dont jouissent les civils en vertu de cette branche du droit, et ce, par le biais d’une cinquantaine de démarches (écrites et orales) portant sur les violations qui lui avaient été signalées.
Au total, 240 enfants non accompagnés, dont 84 avaient été enrôlés à un moment donné par des forces ou des groupes armés, ont été réunis avec leur famille en République démocratique du Congo ou dans des pays voisins.
En tout, 640 civils et porteurs d’armes blessés par arme ont bénéficié d’une prise en charge médicale
et/ou chirurgicale, grâce au soutien apporté par le CICR à 7 hôpitaux et à 14 autres centres de soins.
Près de 84 000 personnes ont pu recevoir des soins de santé primaires, tandis que 1 860 victimes de violences  sexuelles  et/ou  ayant  subi  des  traumatismes  dans  le  cadre  des  conflits  au  Kivu  ou  des violentes attaques dans la Province Orientale ont reçu un soutien psychosocial.
Au total, 104 000 personnes déplacées ou ayant regagné leur foyer ont reçu des articles ménagers de
première nécessité (directement ou via un système de bons), tandis que 14 500 personnes ont bénéficié de distributions de vivres dans des régions touchées par les conflits.

Plus de 17 000 détenus ont été visités par le CICR et ont reçu une assistance, dont des soins médicaux, un soutien nutritionnel et des articles d’hygiène ; certains lieux de détention ont en outre bénéficié de travaux de rénovation, ce qui a contribué à améliorer les conditions de vie des détenus.

 

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe

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