Accord-cadre : Kabila juge positif le bilan de 20 mois !

(Forum des As)

C’est mercredi dernier que Joseph Kabila, Président de la Rdc a officié au Palais de la nation la séance du Comité de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba entré ce jour-là dans son vingtième mois depuis sa signature par les différentes parties. A cette occasion, la Rdc a présenté à la Communauté internationale son bilan d’étape sur l’exécution des termes de cet Accord par rapport aux engagements qu’elle avait pris.
On y retient que ce bilan est largement positif même si, reconnaît-on en toute honnêteté, beaucoup reste encore à faire. De manière générale, Kinshasa a accompli sa part de contrat. Mais ce n’est pas la même perception que le bilan de l’exécution du même Accord passé au peigne fin par 10 Ongd parmi lesquelles l’ASADHO et la VSV.
Les deux organisations non gouvernementales de droits de l’homme en RDC, à l’issue d’une analyse fouillée de la mise en œuvre des engagements de la Rdc ont, dans un rapport publié le même jour, contredit ce bilan positif présenté par le Gouvernement.
« Il n’y a pas d’avancées dans l’essentiel des réformes attendues. De même que la réforme du secteur de la sécurité y compris la défense où rien n’a été fait contrairement aux engagements pris il y a 20 mois. Exception faite de la réforme de la Police, la seule accomplie grâce à l’appui des partenaires extérieurs comme l’UE.
RECUL NET SUR LE PLAN DE LA DEMOCRATIE
Sur le plan de la démocratie, les 10 Ongd constatent que le pays a plutôt connu un recul net… qu’il s’est donc engagé dans le sens contraire à celui pris dans l’Accord devant la Communauté internationale. D’où le bilan négatif que les 10 Ongd déclinent. Il en est de même de l’application par la Rdc de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité.
Bilan et contre-bilan
Un exercice bien démocratique et indiscutable. Malheureusement, ce n’est qu’en Rdc où on se livre à cet exercice bilantaire de l’Accord-cadre avec des rapports d’étapes. Dans les autres capitales des autres signataires-clé comme le Rwanda et l’Ouganda, rien de tel n’a jamais eu lieu.
Même à l’occasion des 20 mois de la mise en œuvre de l’Accord. Au fait, aucune disposition de cet Accord qui a péché par ces asymétries ne les y oblige. Aucune. Pourtant, c’est bel et bien là d’où est toujours venue la déstabilisation de la Rdc par l’Est. Aucune reforme ne leur est imposée.
Analysons d’abord le Rwanda. En termes de démocratie, ce pays vit à l’époque de Staline. Les opposants politiques ‘ont aucune surface de liberté pour s’exprimer. En outre, ils sont souvent traqués comme des djihadistes…arrêtés et parfois mis à mort en secret. Il y a beaucoup, de cas des disparitions forcées des acteurs politiques, d’autres soumis à des simulacres de procès pour les neutraliser.
PAS D’ALTERNANCE POLITIQUE AU RWANDA ET EN OUGANDA Plusieurs fois, Washington s’est plaint de cet état des choses à travers des communiqués officiels du Département d’Etat. Quant à Paul Kagame lui-même, il règne en maître absolu depuis 20 ans. Combien de mandats ? Il ne connaît pas le mot « alternance » politique. Ce n’est pas un démocrate mais bien un dictateur.
Pourtant, l’Accord-cadre de Nairobi ne lui impose aucune réforme démocratique comme c’est le cas à la Rdc. Quant à l’Ouganda, son Président Kaguta Yoweri Museveni est au pouvoir depuis 1987, près de 30 ans. Comme Kagame, il ne connaît pas du tout d’alternance politique sinon il se serait déjà retiré. Ce n’est pas un démocrate. Lui aussi, a la manie de réduire son opposition au silence par divers mécanismes judiciaires.
Mais ni l’Accord-cadre ni la Résolution 2098 ne lui impose aucune reforme pour qu’il en rende compte comme le fait la Rdc lors des évaluations d’étapes. Par ailleurs, faut-il rappeler que Kampala foule aux pieds plusieurs dispositions de l’Accord-cadre de Nairobi qu’il a pourtant signé.
Comme par exemple le fait d’avoir catégoriquement refusé de livrer à la Rdc le chef militaire du M23 Sultani Makenga pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Alors que l’Accord-cadre interdit aux signataires de protéger des personnes poursuivies dans leur pays de crimes internationaux. C’est le cas de Sultani Makenga. Il faudra bien que les 10 Ongd auteurs du rapport sur l’exécution de l’Accord-cadre mettent tout en œuvre pour obtenir la révision de ce texte qui a des asymétries comme démontré ci-haut. En vertu de quel principe, ce ne serait que la Rdc qui se justifie ? Elle pourtant la victime des agressions voilées de ses voisins notamment le Rwanda et l’Ouganda.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe