Le député UDECF Mali’ise Paluku interpellé au commissariat provincial de la PNC

(Le Potentiel)

samedi 13 septembre, l’Opposition politique a projeté d’organiser une marche de dénonciation de la révision et/ou changement de la Constitution. Un groupe de manifestants venait de s’aligner sur la Place Gare centrale.
A peine ils avaient entonné « Bandeko boya eeeeh, boya po tosangana » (frères, venez et rassemblons-nous), qu’un détachement de policiers s’interpose entre les marcheurs et opère quelques grappins parmi les manifestants. Le député national Mali’Ise Paluku Malisawa, élu de la ville de Butembo, qui a son téléphone accroché à l’oreille, est brutalisé par deux agents de l’ordre qui commandaient le détachement, dont une dame forte de taille et de teint clair. Il est 9 heures à sa montre.
Dans ce remue-ménage, on lui arrache son téléphone cellulaire ; son guide pratique du contrôle parlementaire, où se trouvaient sa carte de service et son laissez-passer du parlementaire, 7 200 Fc pour ses courses en taxi ; le livre de la Constitution petit format ; et son drapeau du parti Union des démocrates chrétiens fédéralistes (UDECF de Pierre Pay Pay).
Le député, un journaliste, l’un de TV5 Monde et un cameraman de Sango Malamu, deux militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et quatre autres personnes sont embarqués, sans ménagement, dans la Jeep, entassés sous les banquettes. Mais avant de quitter le lieu, le journaliste de TV5 Monde, appuyé par son confrère qui n’avait pas été arrêté, engage une orageuse discussion avec les policiers.
Et du coup, le journaliste TV5 est relâché. Le député et ses compagnons d’infortune sont, par la suite, placés dans une autre Jeep comme des vulgaires malfrats.
La Jeep fait deux fois le tour du rond-point avant de filer comme un trait en direction du commissariat provincial de la PNC à Gombe. Là, ils seront reçus par un colonel qui les verbalise avant de les installer dans une allée obscure du commissariat. Quelques minutes plus tard, c’est un autre commandant qui les interpelle l’un après l’autre. Une deuxième séance d’audition sur PV. Au même moment, ordre est donné de libérer tout le monde. Il est 11h50’.

Le peuple n’est pas satisfait du travail parlementaire
Pendant qu’ils s’apprêtent à vider le lieu, le colonel apporte son téléphone cellulaire au député. Au bout de la ligne, c’est le commandant de la ville qui interroge l’élu de Butembo : Es-tu réellement un député national, questionne-t-il. « Je suis le député national Mali’Ise Paluku Malisawa, élu de la ville de Butembo, répond le député. Où avez-vous été arrêté ? A la Place Gare centrale. Pourquoi vous vous trouviez-vous là en ce moment ? Je suis venu marcher pour dénoncer la révision de la Constitution, répond avec bonhommie l’élu de Butembo.
Le général a dû quitter son bureau pour les rejoindre au bord de la ruelle. Il demande alors au député : Qu’avez-vous perdu ? Le député redit à l’attention du général les biens qui lui avaient été pris de force au niveau de la Gare centrale. Une fouille sera ordonnée, séance tenante sur tous les policiers qui avaient escorté les interpellés, sans résultat. C’est alors qu’on décidera de revenir à la Place Gare centrale pour essayer de dénicher le policier coupable de ce racket, sans succès.
De ce pas, la police accompagnera le député jusqu’à l’enclos du Palais du peuple, surtout qu’il n’avait plus sa carte et de quoi payer son déplacement.
Durant les heures d’interpellation, l’élu de Butembo s’est fait une idée de ce que le peuple pense du travail parlementaire. En résumé, le peuple n’est pas satisfait du travail parlementaire. Le député a pu écouter dans les couloirs ces propos : « C’est le peuple qui vous a donné mandat de parler en son nom. Mais comment pouvez-vous adopter une loi qui octroie 3 000 USD en trente jours à un élu alors qu’au petit peuple vous payez 74 000 Fc. Députés, bozokosa population ! Pourquoi ne prendriez-vous pas une loi qui octroierait un minimum de 300 USD au dernier salaire de l’administration publique », l’a-t-on apostrophé. Le député est sorti du commissariat provincial avec cette belle leçon, surtout quand un autre interlocuteur s’est apitoyé sur son sort : « Je suis père de 8 enfants, j’ai un salaire de 74 000 Fc. A l’école, je dois payer 250 USD pour la scolarité de chacun d’eux. Que dois-je faire pour m’en sortir ? ».

Encadré
Marche de l’opposition
Udemo : le combat doit continuer
En réaction aux événements survenus lors de la marche de l’opposition responsable du samedi 13 septembre 2014 et « dispersée par un dispositif policier musclé », l’Union des démocrates mobutistes (Udemo) pense qu’une date devrait être annoncée dans les prochains jours. Pour ce parti, « le combat doit continuer tout naturellement ». Son autorité morale informe en même temps : « toute entrée d’un membre de l’Udemo dans un quelconque gouvernement d’union nationale serait considérée comme une démission de celui-ci. Notre combat au sein de l’Opposition doit servir les valeurs de la République. Notre détermination ne souffrira d’aucune faille », a déclaré Nzanga Mobutu.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe