Communiqué du Centre pour la Gouvernance : Situation à Beni

(RRSSJ)

COMMUNIQUEN°004/CEGO/D/14
Le Carnage de Beni confirme l’extrême fragilité des forces de sécurité Congolaises
Kinshasa, le 21 octobre 2014, Les tueries, dans la cruauté et la barbarie, perpétrées depuis début octobre dans les localités de Eringeti, Oïcha, Kabasha en territoire de Beni-Oïcha et les quartiers Ngadiet Matonge dans la ville de Beni sont la preuve de l’extrême et persistante fragilité des forces de sécurité congolaises, a déclaré aujourd’hui le Centre pour la Gouvernance, CEGO en sigle. Ces tueries, qui ont déjà fait une centaine de victimes parmi la population civile et qui interviennent quelques semaines seulement après la proclamation du succès des opérations militaires SOKOLA dans la même zone, trahissent également les limites de la stratégie de recours à la force comme unique méthode de lutter contre la persistance et la prolifération des groupes armés en République Démocratique du Congo. Le Centre pour la Gouvernance note avec préoccupation que cette brusque dégradation de la situation sécuritaire contrarie profondément les déclarations officielles faisant état de la reprise, de la maitrise et du contrôle des bastions de la prétendue rébellion ougandaise de Allied Democratic Forces/National Army for Liberation of Uganda, ADF-Nalu, a l’issue des opérations «SOKOLA 1» lancées et menées avec pompe par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et accompagnée par une campagne médiatique systématique. En réalité, les opérations «Sokola» étaient minées depuis plus longtemps par d’autres facteurs bien plus inquiétants, y compris la mort brutale et plus ou moins mystérieuse des officiers Mamadou Ndala et Lucien BAUMA, le non-paiement régulier de la solde des militaires engagés au front et surtout l’implication des officiers dans le commerce illégal des ressources naturelles, notamment le bois, l’or et le coltan, ainsi que dans diverses opérations de fraude douanière.. Tous ces facteurs ont contribué à une détérioration générale du climat de confiance au sein des troupes engagées dans l’opération «Sokola ». D’après des sources locales, en effet, les officiers généraux déployés dans la région se livrent régulièrement à des querelles intestines liées à la pratique du commerce des ressources naturelles dans la région, lequel commerce est financé par les fonds qui devraient servir au paiement de la solde du militaire. Parmi les causes de la détérioration du climat au sein des FARDC on cite également la décision du Gouvernement congolais de relever les éléments de l’Unité de Réaction Rapide (UPR) commandée anciennement par le Colonel Mamadou Ndala et de les remplacer par des éléments moins aguerris et dépourvus de moyens de subsistance. CEGO note qu’en général la tendance quasi continuelle de recourir à la force pour la neutralisation des groupes armés s’est toujours soldée par des dérapages aux conséquences incalculables contre les populations civiles prises pour cible par les parties au conflit et accusées de pactiser avec l’adversaire ou de refuser à dénoncer la présence de collaborateurs parmi elle, occasionnant de ce fait la mobilisation des jeunes pour se protéger contre les actes de répression des forces de sécurité nationales ou les représailles de la part des groupes armés étrangers actifs dans la partie orientale du pays.
Centre pour la Gouvernance
N°JUST/SG/20/1533/2012 F.92/19.159 du 23 octobre 2012 Adresse, téléphone et email :Nº11675,Avenue Mobutu Quartier Petro-Congo Kinshasa Masina Courriel : cgouverna@gmail.com,www.cegonetwork.org
Devant des actes d’une telle cruauté et d’une terreur extrême, les populations civiles ont besoin de compassion, protection et assistance de la part des autorités locales et nationales. Les rendre responsables ou complices, ou exiger qu’elles soient plus vigilantes et apportent une plus grande collaboration aux FARDC est contraire à l’obligation de l’Etat de leur procurer la sécurité en s’assurant que la région n’est pas livrée à la merci des militaires appauvris et dépourvus de moyens de survie à la suite du détournement de leur solde par les officiers généraux qui se comptent à une dizaine pour un petit périmètre du territoire de Beni . Le CEGO craint que cette insécurité grandissante et les appels des communautés à l’autodéfense n’ouvrent la voie à la prolifération et à la persistance des groupes armés avec pour risque majeur les atteintes aux droits de l’homme comme cela fut le cas dans le Sud de Lubero lors de la traque contre les éléments FDLR et des milices locales du Général autoproclamé KAKULE SIKULI Lafontaine. Aussi, le CEGO note que les espoirs nés de la signature de l’Accord Cadre pour la Paix, la Sécurité et la Coopération en RDC et dans la région des Grands Lacs sont entrain de se volatiliser, pour au moins deux raisons majeures. D’une part, la MONUSCO peine à se déployer dans la région malgré la présence en son sein d’une Brigade d’intervention dotée d’un mandat d’user de la force contre les groupes armés. D’autre part, , les contradictions entre la MONUSCO et les FARDC sur l’approche militaire à mettre en œuvre ainsi que sur les groupes armés devant être la cible prioritaire des actions armées conjointes, ne sont pas de nature à contribuer efficacement au rétablissement de la paix et de la sécurité dans la partie orientale du pays. En effet, l’hypocrisie est le mot qui caractérise le mieux la mise en œuvre des engagements pris aux termes de l’Accord Cadre par les différentes parties prenantes, en ce qui concerne la neutralisation des groupes armés. Aussi bien la République Démocratique du Congo que les Etats de la région semblent incapables de sortir du cercle vicieux constitué par la succession des ultimatums aux groupes armés et des conditionnalités posées par les leaders de certains de ces groupes armés étrangers.. Par ailleurs, le CEGO s’interroge sur les bienfaits de prétendus prêts, soutien ou accompagnement annoncé par différents partenaires bi et multilatéraux de la RDC pour la mise en œuvre de la Réforme du Secteur de Sécurité (RSS) pendant que les forces de sécurité congolaises affichent des graves dysfonctionnements et une extrême fragilité quant à la capacité réelle d’assumer ou de prendre à charge la sécurisation du territoire nationale. C’est pourquoi, le Centre pour la Gouvernance recommande : Au Gouvernement Congolais  Prendre des dispositions pour mettre fin à l’insécurité grandissante dans le territoire de Beni ainsi que dans d’autres contrée de la République ;  Enquêter sur l’origine réelle des attaques et massacres contre les populations civiles de Beni et engager les poursuites contre les auteurs et complices de ces massacres ;  Enquêter sur les présumés détournements de la solde de militaire par des Officiers ainsi que la pratique du commerce auquel les officiers militaires se livrent ;
N°JUST/SG/20/1533/2012 F.92/19.159 du 23 octobre 2012 Adresse, téléphone et email : Nº11675, Avenue Mobutu Qu

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe