(Le Potentiel)
La ville de Butembo (Nord-Kivu, Est de la RD Congo) s’est mal réveillée le lundi 3 novembre 2014. Un tract, dont les signataires seraient des rebelles de l’ADF selon les premiers constats, a d’abord été ramassé tôt le matin à Vuhira, à quatre kilomètres du centre-ville vers l’Est.
Dans ce document qui était à côté d’une grenade, les auteurs annoncent un carnage, à la manière de celui de Beni, pour le mercredi prochain. Dans ce même document, les auteurs allèguent que « le Nord-Kivu et le Sud-Kivu n’appartiennent pas aux Congolais ».
Panique généralisée
Du coup, c’est une panique généralisée qui saisit la population. Des étudiants ont manifesté, mettant fin aux programmes scolaires dans différentes écoles et universités. Même les commerçants ont été contraints à fermer leurs boutiques.
Des dégâts matériels ont été dénombrés. Par exemple à l’ISTM/Butembo, des étudiants surpris par l’arrivée des manifestants ont perdu leurs biens, tels que des téléphones, cartables, de l’argent…
En effet, la marche était programmée en principe pour compâtir avec la population de Beni. La nouvelle du tract est venue tout embraser. Les cérémonies de montée des couleurs nationales à la Mairie de Butembo ont été perturbées.
Les participants à la parade étaient obligés de s’enfuir. Les manifestants ont même descendu le drapeau en chantant l’hymne national, une façon pour eux de « décréter un état de siège » à Butembo, selon les chants qu’ils scandaient.
Ils veulent que la ville soit dirigée par le responsable de la police. Un drapeau qui sera hissé à nouveau après le départ des manifestants. Ce qu’ils déplorent dans la gestion du maire Sikuly Uvasaka Makala, c’est que, selon eux, lui et ses hommes seraient « incapables de sécuriser la ville et ses habitants ».
Le maire adjoint, Kambere Matimbya Godefroid qui assume l’intérim de son titulaire en mission de service, a aussitôt échangé avec les services spécialisés. Une sorte de réunion de sécurité extraordinaire pour essayer de voir comment restaurer le calme dans la ville.
Un calme apparent revient à Beni
Un calme apparent revient à Beni, après une vive tension qui s’est imposée dans cette ville depuis dimanche 2 novembre 2014 à 8 heures locales.
Entre-temps, à Butembo, c’est la panique au sein de la population. Cette peur fait suite au tract ramassé lundi matin, dans lequel des gens qui se présentent comme des rebelles de l’ADF annoncent un carnage à Butembo mercredi prochain.
Dimanche à Beni, ce sont des enfants, jeunes et quelques personnes du troisième âge qui sont tous descendus dans les rues et avenues pour manifester leur mécontentement après la mort de 8 personnes tuées dans la nuit de samedi 1er à dimanche 2 novembre.
Trois autres personnes ont été tuées en cellule Tubameme par les assaillants. Il s’agit d’un couple et de son enfant. Le bilan disponible fait état de 11 morts dont 2 militaires FARDC qui tentaient d’intervenir en faveur de la population.
Les manifestants ont brûlé des pneus sur le boulevard Nyamwisi et sur d’autres artères principales de la commune Beu. Même le monument de Joseph Kabila a été démoli par les manifestants en colère au quartier Malepe.
Un manifestant a trouvé la mort le matin de dimanche, des blessés ont été enregistrés au cours des jets de projectiles entre les éléments de la Police nationale congolaise (PNC) armés et les manifestants.
Les blessés sont admis aux soins à l’hôpital Nyakunde en commune de Beu. Même la circulation des personnes et des engins roulants a été perturbée en ville de Beni, où les manifestants ont tenté de démolir le bureau de la Mairie mais sans succès, empêchés les FARDC et la PNC.
Activités liturgiques paralysées
Consécutivement à la tension vécue le dimanche en ville de Beni, les messes n’ont pas connu d’engouement. Certains fidèles ont préféré rester chez eux en attendant que la situation s’améliore.
Selon l’abbé Télésphore Mulondi, curé de la paroisse Saint Gustave de Beni-Païda – juridiction religieuse la plus endeuillée par l’opération des bandits du samedi soir – d’autres chrétiens entouraient les corps sans vie de leurs proches en attendant l’enterrement programmé pour lundi 03 novembre.
Le soir de ce dimanche, chacun s’est enfermé dans sa maison en attendant la suite des événements. Les jeunes qui commençaient à veiller à l’extérieur autour du feu ont jugé mieux de rester aux aguets dans leurs chambres respectives.
Interrogés, certains parmi eux ont avoué qu’« il est difficile d’attendre des bandits à l’extérieur à partir du moment où ils ont prouvé qu’ils ont aussi des armes à feu ».
Dans cette ville, les tenanciers des boîtes de nuit ont fermé les portes de ces lieux de loisirs. De la boîte Rwakuna en passant par La Bourgeoisie et Chelsea, notre permanent à Beni a constaté un silence de cimetière.
En outre, il a été difficile de voyager à bord d’une voiture de Beni à Butembo ce même dimanche. Les chauffeurs ont haussé le prix du transport. Au lieu de 6 dollars américains, ils exigeaient à leurs clients entre 10 et 12 dollars.
Du coup, certains clients ont renoncé à leurs voyages. D’autres encore, qui avaient des urgences, n’ont pas eu d’autre choix que de s’incliner devant les exigences des conducteurs des voitures.
L’Association des chauffeurs du Congo (ACCO) a promis de reprendre le service à partir de lundi matin. Les voyageurs paieront les frais habituels pour leur voyage, a promis l’ACCO.