Procès Mamadou Ndala : 2 gardes de corps pourraient être condamnés de 2 à 20 ans de servitude pénale

(Le Potentiel)

L’aide de camp du colonel Mamadou Ndala, l’ancien cameraman Moussa Banza Bob, et le garde de corps Safari Bangamwabo pourraient encourir une peine de servitude pénale de 2 à 20 ans suite au réquisitoire du Ministère public dans le procès des assassins de l’ancien commandant de l’Unité de réaction rapide (URR) des Forces armées de la RD Congo, tué le 2 janvier 2014 à Ngadi, à près de 10 km de la ville de Beni (Nord-Kivu).
« Dans le réquisitoire du Ministère public représenté par le général Timothée Mukutu, Avocat général des FARDC, prononcé le vendredi 7 novembre 2014, il ressort quelques faits particuliers », relève Radio Kivu 1 émettant à partir de Goma.
Elle rapporte que « les prévenus détenus sont condamnés +In solidium+ avec l’Etat congolais de payer des dommages et intérêts à la succession Mamadou Ndala et ses deux gardes de corps morts avec lui le 2 janvier 2014 : le sergent Madimba Koko et la caporale Mado ».
« Moussa Banza Bob, aide de camp du colonel Mamadou Ndala et ancien cameraman, pourra être condamné avec admission des circonstances atténuantes à deux ans de servitude pénale car c’est un civil qui n’avait jamais fait de service militaire », indique-t-elle.
Selon radio Kivu 1, « Safari Bangamwabo, qui avait l’arme Twelve juchée sur la Jeep du colonel Mamadou Ndala, pourra être condamné avec admission des circonstances atténuantes à 20 ans de servitude pénale pour terrorisme, à 5 ans de servitude pénale pour non assistance à son chef en danger, à 7 ans de servitude pénale pour destruction d’arme de guerre et dissipation de munitions de guerre et à 20 ans de servitude pénale principale ».
« Quant au chauffeur du colonel Mamadou Ndala, Ndabu Ndongala Arsène dit Mangoudi mort au début de ce procès le 2 octobre 2014, le tribunal va déclarer +une Action éteinte+ pour raison de décès », signale-t-elle.
« Des vérités cachées » seront révélées
L’avocat du colonel Birocho (proposé à la peine de mort), a argué que « la peine de mort ne peut être appliquée en RDC » et va « dévoiler des vérités cachées ».
« Non, je n’ai pas peur… La peine de mort ne peut être exécutée facilement en RDC (…). Soyez sur le +qui vive+ (…). Je vais révéler des vérités cachées dans cette affaire (…). La foule doit être éduquée (…). La justice ne doit pas faire plaisir à quelqu’un (…). Il ne faut pas politiser mes propos (….) », sont les petites phrases de l’interview de l’avocat du colonel Birocho Nzanzu Kossi à Radio Kivu 1 lundi 10 novembre 2014.
Me Augustin Chishambo du Barreau de Kananga (Kasaï Occidental) a dit être « prêt moralement pour affronter la nouvelle étape des plaidoiries de la défense qui commence ce lundi 10 novembre 2014 à Beni dans l’affaire Mamadou Ndala ».
« Dans ce dossier, tout est évolutif. Il y a eu une dynamique et une évolution sur les présumés tueurs du colonel Mamadou Ndala. D’abord, c’était le colonel Tito Bizuru, ancien commandant ville de Beni mais qui est aujourd’hui acquitté », a-t-il fait remarquer.
Peine à perpétuité requise contre le colonel Birorcho
Le colonel Birocho Kossi Nzanzu des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) pourrait être condamné à perpétuité, peine requise vendredi 07 novembre 2014 à Beni (Nord-Kivu, Est de RD Congo) par le Ministère public représenté par le général Timothée Mukutu, pour « trahison, participation à un mouvement insurrectionnel ADF-Nalu, en lui fournissant des munitions, uniformes et insignes de grades ».
Quelque 23 prévenus comparaissent, depuis début octobre dernier, dans ce procès public devant la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu.
Au cours de l’audience publique consacrée aux réquisitoires sur l’affaire Mamadou Ndala assassiné le 2 janvier 2014 à Ngadi (non loin de Beni), l’Avocat général des FARDC a ajouté le fait que « le colonel Birocho a monté l’affaire du carburant du colonel Mamadou Ndala, sachant que le général Lucien Bahuma l’avait instruit de rester à Eringeti et de ne pas sortir suite aux obligations du travail ».
« Le colonel Birocho avait ainsi géré le temps et les habitudes du colonel Mamadou afin que le commando ADF soit prêt pour le tuer », rapporte Radio Kivu 1.
Il est également accusé d’avoir « fourni une aide indispensable au commando qui a tué le colonel Mamadou Ndala ».
Perpétuité contre le chef rebelle ADF, Djamil Mukulu, en fuite
Le Ministère public a aussi requis « la peine à perpétuité contre le chef rebelle de l’ADF, Djamil Mukulu, en fuite ».
« C’est grâce aux uniformes fournis aux rebelles de l’ADF, que ces derniers ont pu, avec autant de facilité, rapidité et sécurité, tendre l’embuscade au colonel Mamadou », explique-t-il.
En outre, il accuse le colonel Birocho d’avoir « perçu une somme de 27 000 dollars américains pour planifier le coup meurtrier contre le colonel Mamadou ».
« Pour d’autres prévenus poursuivis dans cette affaire, le Ministère public a proposé des peines allant de 2 à 15 ans de prison pour différentes charges, entre autres, vol simple, dissipation des munitions et autres. Il a par ailleurs demandé l’acquittement pour le colonel Bizulu, alors commandant militaire de la ville de Beni, et 3 de ses gardes du corps», rapporte Radio Okapi.
La Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu avait déjà « auditionné et confronté des prévenus et certains témoins sur le trafic frauduleux du carburant auquel seraient impliqués des officiers militaires au Nord-Kivu ».
Versions contradictoires
La version des renseignants civils sur la mort du colonel Mamadou Ndala dans une embuscade le 02 janvier 2014 à Ngadi et celle des renseignants militaires ne concordent pas devant la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu, siégeant en chambre foraine la tribune du 8 Mars, à Beni.
Les civils, qui travaillaient dans leurs champs tout autour du lieu de l’embuscade, affirment avoir « vu des hommes armés en tenue militaire quitter la grande route de l’aéroport de Mavivi et se diriger vers le parc.
« Le véhicule, qui transportait le colonel Mamadou Ndala, n’a pas pris feu sur les lieux de l’embuscade. La Jeep a roulé ensuite sur au moins un kilomètre », ont soutenu à l’unisson tous les militaires appelés à « éclairer la lanterne de la cour sur le lieu de l’embuscade et l’origine du feu qui a brûlé le véhicule qui transportait le colonel Mamadou Ndala ».
La lumière attendue des témoignages à venir
Quelle arme a réellement tiré sur le colonel Mamadou? Pourquoi les deux autres Jeep, qui roulaient derrière lui, n’avaient pas été inquiétées? Qui est arrivé le premier près de la Jeep du colonel avant qu’elle ne prenne feu?
Qui avait mis le feu à Jeep de Mamadou Ndala? Pourquoi le colonel n’avait-il pas été tiré de sa Jeep pendant qu’il agonisait? Comment le chauffeur a pu se sauver et laisser Mamadou et son garde de corps, la seule femme Mado?
Ce sont les questions auxquelles l’instruction doit trouver des réponses avec les auditions du capitaine Moussa Banza qui était dans la suite.
« Il a expliqué en détails tout ce qu’il a vu, les hommes qui étaient sur les lieux quand il amenait les blessés aux soins. Il a affirmé qu’il avait vu le chef de secteur venir sur les lieux », rapporte Ikazeiwacu.fr.
Pour que « le mystère ne reste pas entier sur l’origine du feu qui a calciné la Jeep du colonel Mamadou », la lumière est attendue des autres témoignages à venir, notamment celui du commandant des opérations Sukola à Beni, le général Muhindo appelé à comparaître mardi 7 octobre à titre de renseignant.
Devant les juges et les avocats, le capitaine Ndaka (de la 31è Brigade basée à l’aéroport de Mavivi à Beni) a déclaré lundi 6 octobre devant les juges et les avocats être « arrivé sur le lieu de l’embuscade quelques heures après l’attentat ».
Il a dit être descendu sur le lieu de l’attentat après avoir été informé par le sergent Mangudi, chauffeur de la jeep (décédé jeudi 2 octobre, un jour après sa comparution), et y avoir « trouvé, quelques heures après l’embuscade, la Jeep de Mamadou Ndala en fumée sans savoir l’origine de ce feu ».
Une cinquantaine de témoins et renseignants devront se succéder à la barre soit pour confirmer les charges soit les infirmer. Les prévenus sont au nombre d’une vingtaine, dont les uns sont en fuite jusqu’aujourd’hui
« Le ministère public a estimé au lendemain de l’ouverture du procès qu’il avait des indices probables de complicité de la garde du colonel Mamadou Ndala dans son assassinat. Une conviction que le Ministère public fonde sur les dépositions faites par les prévenus adjudant Safari Banza Mwabo et le capitaine Moussa Banza », rapporte Radio Okapi.
Des dossiers « assez volumineux »
Dans le procès des présumés assassins du colonel Mamadou Ndala, ouvert le mercredi le 01 septembre 2014 à 9 heures dans la ville de Beni, les avocats de la défense ont travaillé dans la salle d’audience de l’Auditorat militaire de Beni « afin de bien s’enquérir des dossiers des accusés en prison depuis neuf mois ».
Assis sur le banc des prévenus militaires, ce sont presque tous anciens proches collaborateurs du colonel Mamadou Ndala, avec un civil qui est, selon sa déposition, de l’ADF/Nalu, et une femme, Major Masika Mupira Viviane qui avait été « vue très agitée le jour de l’assassinat ».
« Le colonel Tito Bizuru, ancien commandant ville de Beni, avait déjà consulté des avocats dont l’un est du barreau de Kananga (Kasaï Occidental), qui va aussi assister un major prénommé Amani. Le capitaine Banza, assistant du colonel Mamadou Ndala, avait lui aussi consulté Me Bernard Mulumba pour être son avocat. Me Bernard Mulumba a compulsé le dossier de l’assistant Banza toute la journée et se dit prêt psychologiquement pour affronter le dit procès », rapporte Ikazeiwacu.fr.
Ce média ajoute que « Me Charles Muletso va plaider +Pro Deo+ pour un certain Hassan Mbale Joshua qui s’est déclaré ADF/NALU et avait été arrêté dans ce dossier ; (il) demande à la Cour militaire de ne pas aller vite en besogne mais de conduire ce procès dans la vérité afin de savoir qui avait réellement tué le célèbre colonel ».
Sans un « long réquisitoire des accusations contre les prévenus », le greffier de la Cour a identifié les griefs de complicité « pour commettre une infraction, donner des instructions pour la commettre, procurer les armes, des instruments et tout autre moyen qui a servi à l’infraction sachant qu’on devrait s’en servir ».
Parmi les principaux accusés, le greffier a cité notamment « le colonel Ildéphonse Ngabo, chargé de la sécurité militaire, qui a effacé les preuves de l’assassinat, le Lieutenant colonel Bizuru Ngabo Tito, ancien commandant, ville de Beni, qui avait donné les instructions à son garde corps pour surveiller le secteur des opérations des terroristes ADF/NALU, en vue de faciliter leur retraite ».
« Les autres sont accusés soit d’avoir donné les informations sur les mouvements de Mamadou Ndala pour mieux planifier l’attentat, soit ils se sont abstenus volontairement de porter secours au colonel Mamadou Ndala avec ses gardes de corps, Koko Madimba Tshilumba et Mado Badinza en péril », précise Ikazeiwacu.fr.
Les charges retenues contre dix prévenus
1. Le lieutenant colonel Ngabo Ildéphonse est accusé d’avoir perdu les traces de l’assassinat. Il était le T2 chargé des renseignements militaires à Beni.
2. Le lieutenant colonel Tito Bizuru, ancien commandant ville de Beni, est accusé d’avoir donné des ordres à ses militaires d’aller protéger le lieu du crime afin de permettre aux assaillants de s’évanouir dans la nature.
3. Le capitaine Amani Tumaini est accusé d’avoir fourni des renseignements sur Mamadou aux ADF/Nalu.
4. La major Vivianne Masika Mupira, la seule femme du dossier, est accusée d’avoir donné aux ADF/Nalu tous les mouvements du colonel Mamadou Ndala entre novembre 2013 et janvier 2014.
5. Le lieutenant Patrick Gatoni Mukiza est accusé d’avoir aidé les auteurs du meurtre à s’éclipser.
6. Le commandant Jacques Muzeimana Sebahire est accusé d’avoir aidé les assaillants à s’évader.
7. Le sergent major Benjamin Mugabo est accusé d’avoir aidé les meurtriers à s’évader, sur ordre de son chef Tito Bizuru.
8. Le Capitaine Moussa Banza, est accusé du refus d’apporter assistance au colonel Mamadou Ndala.
9. Le sergent major Ndabo Arsene est accusé d’avoir volé les effets du colonel Mamadou Ndala et d’avoir mis le feu à la Jeep.
10. Le sergent major Ndabu Ndongala, chauffeur du colonel Mamadou Ndala qui a « piqué une crise dans la nuit de mercredi et est décédé le matin de jeudi le 02-09-2014, vers 10 heures dans un hôpital de Beni », a annoncé la Cour en faisant son entrée à 10 heures à la tribune du 8 Mars.
Il était accusé d’avoir mis le feu sur la Jeep du colonel Mamadou Ndala, subtilisé des objets militaires des gardes de corps tués avec Mamadou Ndala et de non assistance à personne en danger « car il n’avait pas eu le réflexe de sortir son chef de la Jeep qui brûlait ».
« Il s’est défendu en disant que c’était trop pour lui car il était bouleversé par cette attaque et qu’il était parti chercher du renfort. Mangudi, comme le surnommait l’entourage du colonel Mamadou Ndala, a révélé avoir rencontré à son retour sur le lieu certains officiers congolais (…) quand il revenait dans une voiture de la Monusco », rapporte encore Ikazeiwacu.fr.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe