(RFI)
En République démocratique du Congo (RDC), le «Colonel 106» a été condamné à la perpétuité. Pendant trois ans, Bedi Mobuli Engangela, de son vrai nom, a semé la terreur sur une grande partie du Sud-Kivu, entre 2005 et 2007. Appelé le «Colonel 106» – du nom de son bataillon – il est accusé, entre autres, de viols et de meurtres. La Cour militaire de Bukavu a décidé de le condamner à la peine maximale pour crimes contre l’humanité.
Le « Colonel 106 » est reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusation qui sont tous, ou presque, constitutifs de crimes contre l’humanité. Il a ainsi été condamné à 20 ans pour viols, 15 ans pour esclavage sexuel, 15 ans encore pour actes inhumains, 10 ans pour emprisonnement et autres privations de liberté et la perpétuité pour meurtres.
Conformément à l’article 7 du code judiciaire militaire, la Cour a retenu et prononcé la peine la plus sévère ou encore une peine unique à savoir, la perpétuité.
La Cour militaire a également admis comme recevable et fondée, la constitution de 723 parties civiles. L’accusé, in solidum » avec l’Etat congolais qui est ainsi reconnu comme coresponsable pour ce qui est du paiement des dommages et intérêts, devrait payer un montant allant de 500 à 15 000 dollars.
L’ONG Avocats sans frontières (ASF) – qui a suivi toute la procédure – a salué ce verdict estimant qu’il s’agissait d’« un signal fort dans la lutte contre l’impunité ».
Le nom du « Colonel 106 » figurait sur une liste de cinq officiers supérieurs et généraux, transmise par l’ONU, aux autorités de Kinshasa avec, pour demande, d’accélérer les procédures les concernant. Cela a été finalement le cas pour ce colonel, arrêté en 2007 et dont le procès s’est ouvert, en août dernier, et s’est achevé six mois après.
ASF s’inquiète, en revanche, pour toutes celles qui ont témoigné, même si la Cour avait pris des mesures pour assurer leur anonymat. Selon l’organisation, les témoins et leurs familles auraient été menacés. L’ONG craint, aujourd’hui, que les complices du « Colonel 106 » – toujours en liberté – cherchent à les punir pour leur participation au procès. ASF appelle donc le gouvernement congolais à tout faire pour assurer leur sécurité.