(La Prospérité)
Les deux Chambres du Parlement ont clôturé hier, dimanche 25 janvier 2015, la session extraordinaire ouverte le 27 décembre 2014. Une session extraordinaire, riche en événements et en rebondissements de tout genre, qui vient de doter le pays d’une nouvelle loi électorale dont la version finale est amputée de la disposition très controversée autrefois reprise à l’alinéa 3 de l’article 8. L’aliéna 3 à problème, finalement supprimé, conditionnait l’organisation des élections législatives et présidentielle aux conclusions du recensement et de l’identification de la population par l’ONIP. C’est le résultat, a-t-on appris, d’un compromis entre parlementaires de la Majorité et de l’Opposition.
Dans l’opinion, la tension a baissé d’un cran. Déjà, le vendredi 23 janvier, la plénière du Sénat consacrée à l’examen et adoption de la nouvelle loi électorale avait été suivie en direct par les Kinois, comme s’il s’agissait d’une sortie des Léopards à la Coupe d’Afrique des Nations. Jamais la RTNC n’a autant battu le record d’audience, du moins depuis la fin de son monopole dans l’espace médiatique congolais, il y a près de 25 ans. La modification, apportée par le Sénat à l’alinéa 3 de l’article 8 de la loi électorale, se limitait à annihiler tout lien entre l’organisation des élections et le recensement de la population. Une annonce qui avait occasionné, à la minute, une explosion de joie dans la rue.
Minaku va plus loin
Le Président du Bureau de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a fait plusieurs annonces allant dans le sens de détendre l’atmosphère politique en RDC. Comme pour s’approcher de monsieur tout le monde, Aubin Minaku s’est exprimé en langues nationales : dans un Tshiluba approximatif, un Kikongo à perfection, un Swahili très bon et dans un Lingala excellent. Il a déclaré avoir entendu le message du peuple, hostile à des tripatouillages de la Constitution. La session extraordinaire du Parlement, rappelait-il, n’avait pas pour objectif de toucher à la loi fondamentale pour prolonger un quelconque mandat. Les élections auront lieu dans le délai. La CENI a désormais les coudées franches pour rendre public le calendrier électoral. L’alinéa 3 querellé de l’article 8 de la nouvelle loi électorale est simplement supprimé. Qui dit mieux ?
La marche de ce lundi 26 sans objet
Les avancées obtenues au Sénat et à l’Assemblée nationale viennent couper l’herbe sous les pieds de certains opérateurs politiques qui continuent à lancer des appels à manifester. Des tracts ont même été distribués. Une intransigeance qui ne s’explique presque plus pour le moment, l’Assemblée nationale et le Sénat ayant, à défaut de procéder au retrait de la loi électorale, supprimé les dispositions à problème. Les mêmes qui auraient, dans l’entendement des opposants, permis un glissement du calendrier, pour ne pas dire un retardement des élections.
Un peu d’intox
S’il n’y a plus de raison valable pour recourir une nouvelle fois à la rue, des pêcheurs en eaux troubles ne manqueront sans doute pas d’en inventer quelques prétextes. Une folle rumeur, par exemple, de plus en plus persistante rapporte que le Cardinal Laurent Monsengwo aurait appelé les catholiques à battre le macadam, ce lundi 26 janvier. L’objet de la marche serait le rétablissement du signal de la radiotélévision catholique Elykia. Pourtant, selon certaines sources dignes de foi, le Cardinal n’a fait qu’appeler les Congolais à la vigilance. Depuis Bruxelles où il se refait la santé, Etienne Tshisekedi, président national de l’Udps, a invité le peuple à maintenir la pression sur le pouvoir. Cela pouvait s’expliquer avant la suppression de l’alinéa 3 de l’article 8. Car, la crainte était que l’Assemblée nationale impose son véto à la modification des Sénateurs. Puisque les choses ne sont pas ainsi, il est important de démobiliser la rue.
Déjà, un lourd bilan
La semaine qui vient de s’achever a été particulièrement difficile à Kinshasa. La ville a connu un tel déferlement de violence que l’on a craint l’apocalypse. Des dizaines de jeunes ont perdu la vie lors des manifestations publiques qui ont, par endroit, donné lieu à des scènes de pillages. Les familles n’ont pas fini de faire le deuil ou de penser les plaies qu’on leur demande d’envoyer, une fois de plus, les enfants dans la rue. Mais pourquoi faire ? Pour assouvir les appétits gloutons de certains politiciens ?