(Mediacongo.net)
Jour pour jour, l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs, a totalisé deux ans le mardi 24 février courant. A cette occasion, les organisations membres du Groupe de travail pour le suivi de la mise en œuvre de l’Accord-cadre et la résolution 2098 (2013) du Conseil de sécurité, ont dans un communiqué conjoint, exprimé leur inquiétude sur le processus de paix en République Démocratique du Congo.
Les organisations membres du Groupe du travail constatent que, plus de huit ans après la signature à Nairobi (le 15 décembre 2006) du Pacte sur la sécurité, la stabilité, et le développement de la région des Grands Lacs par les 11 états membres de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs et deux ans après la signature de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba par les mêmes états, nous ne sommes pas encore au bout du tunnel et que beaucoup d’efforts substantiels restent encore à faire.
Fort d’expériences du passé, elles redoutent que si l’on n’y prend garde, l’Accord-cadre pourtant nécessaire, ne vienne allonger la liste » des accords de paix » en RDC qui ont échoué les uns après les autres. Car à plus de deux ans de sa mise en œuvre, les parties prenantes et leurs partenaires peinent encore à s’affranchir de la » liturgie de la parole » .
Elles soutiennent que les quelques avancées enregistrées, se traduisant à des faits d’annonces, ne sauraient fonder les déclarations d’autosatisfaction, si l’on sait qu’en RDC, la mise en place du Mécanisme national de suivi (MNS), fonctionnant avec l’unique organe exécutif, n’arrive toujours pas à mettre en application la matrice de suivi des indicateurs de référence sur les réformes à entreprendre.
La tergiversation observée dans la neutralisation des groupes armés dans l’Est du pays, née de différence de vue entre le gouvernement congolais et ses partenaires, notamment la Monusco, est fustigé et le processus électoral qui souffrirait d’un manque de consensus.
Dans ce communiqué, relève-t-on, la plupart des d’observations contenues dans les deux rapports du Groupe de travail publiés respectivement le 24 février 2014 et le 15 septembre 2014 gardent leur actualité alors que cela aurait dû engager le gouvernement congolais, ceux de la région et les autres partenaires à plus d’activisme dans la mise en œuvre des obligations leur incombant aux termes de l’Accord-cadre.
Les acteurs politiques appelés à privilégier le dialogue
Au chapitre des élections, le Groupe de travail appelle les acteurs politiques à privilégier le dialogue pour en dégager le consensus autour du processus électoral en vue de l’instauration d’un climat apaisé susceptible d’épargner aux populations civiles des conséquences semblables aux événements du 19, 20 et 21 janvier 2015 qui ont endeuillé le pays à la suite de l’introduction d’une incise controversée dans le projet de la loi électoral discutée au Parlement.
Quant au processus de réforme du secteur de sécurité, quelques légères avancées sont observées consécutives notamment à la nomination du personnel clé de nouvelles structures des FARDC. Cependant, la plupart des nominés ne sont pas mis en condition pour pouvoir assumer leurs nouvelles charges et responsabilités pendant que le processus DDR-DDRRR piétine faute du déficit des stratégies et d’approches à mettre en œuvre ainsi que par l’absence de financement.
S’agissant du processus de la décentralisation, les organisations membres du Groupe de travail déplorent le fossé qu’il y a entre les textes, les décisions et les actes concrets à poser. Le transfert des compétences et la rétrocession de 40 % qui constituent toujours la pomme de discorde entre le pouvoir central et les provinces…
En ce qui concerne » la promotion des objectifs de la réconciliation nationale, de tolérance et de démocratisation » , elles affirment que l’application sélective de la loi d’amnistie compromet dangereusement l’objectif de la cohésion nationale si bien que le Groupe de travail demeure d’avis que la non-application de la plupart des résolutions et recommandations issues des Concertations nationales semble avoir entamé la crédibilité de l’ensemble du processus de réconciliation.
Pour ce faire, le gouvernement congolais fera œuvre utile en exécutant de bonne foi ses engagements. Le Groupe de travail demeure préoccupé par « la faible attention » qui tend à s’installer dans le chef de la Monusco qui n’arrive toujours pas à assumer le rôle lui dévolu, notamment celui de soutenir, coordonner et évaluer l’application en RDC des engagements nationaux pris aux termes de l’Accord-cadre, particulièrement en ce qui concerne la neutralisation des groupes armés.
Le Groupe de travail s’inquiète de l’absence d’engagement et d’un plan mis en place par les envoyés spéciaux en vue de conduire un processus politique global ouvert à toutes les parties prenantes pour remédier aux causes profondes du conflit en RDC et dans la région des Grands Lacs tel que recommandé par les résolutions 2098 (2013) et 2147 (2014) du Conseil de sécurité des Nations unies.
La Communauté internationale invitée de quitter le mode d’urgence
Néanmoins, Il encourage, les visites officielles des pays signataires de l’Accord-cadre par les différents envoyés spéciaux. Cependant, vu le caractère sélectif desdites visites qui sont plus focalisées sur la RDC, les organisations membres du Groupe de travail exhortent les envoyés spéciaux à les étendre aux autres pays signataires de l’Accord-cadre avec la même fréquence que celles effectuées en RDC.
Pour conclure, le Groupe de travail recommande à la Communauté internationale de maintenir la pression sur les parties prenantes pour qu’elles s’acquittent effectivement de leurs obligations, de quitter le mode d’urgence en mettant en place d’un programme clair de consolidation des acquis pour la durabilité des actions menées en vue d’espérer à des résultats escomptés.