Monusco : l’Américain David Gressly pour seconder Martin Kobler !

(La Prospérité)

La rumeur de son départ a couru juste après les manifestations anti-loi électorale du 19 au 23 janvier 2015. Abdallah Wafy, effectivement, s’en est allé. Le Nigérien, jusque-là N°2 de la Monusco en charge des opérations, est remplacé par l’Américain David Gressly qui va également gérer toutes les questions relatives à l’Etat de Droit. Ce dernier vient du Mali, où le monde a réussi à réduire les groupes terroristes qui avaient occupé, plusieurs mois durant, le Nord du pays afin d’y établir, sans succès, un Etat islamique. Sa présence à la tête des troupes onusiennes en RDC est perçue par certains comme une preuve de la volonté des USA de reprendre la main.
Bien avant, pendant plus de 20 ans, David Gressly a travaillé comme Coordonateur régional de la Mission de l’ONU au Soudan. Au Sénégal, il est très connu pour avoir été Coordonateur humanitaire régional du Sahel. David Gressly arrive en RDC à un moment très particulier de son histoire où le pays négocie un passage civilisé du pouvoir d’Etat. A cela, il faut ajouter le défi sécuritaire dans la partie orientale, encore et toujours, en proie à l’activisme des groupes armés nationaux et étrangers. Le Gouvernement a officiellement lancé la traque contre les rebelles rwandais FDLR. C’est pour procéder à une première évaluation que le Vice- Premier Ministre en charge de l’Intérieur, Evariste Boshab, s’est entretenu, le mardi 10 février, avec le patron de la Monusco, Martin Kobler, et l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général de l’ONU, Said Djinnit. Les trois personnalités n’ont pas parlé que de l’appui de la Monusco, d’ailleurs suspendu, aux FARDC. Le processus électoral a occupé une place importante dans leurs échanges. L’on a appris que le VPM de l’Intérieur a donné à ses hôtes des assurances sur le déroulement des échéances électorales. En marge du dernier Sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba, le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a présidé personnellement une réunion des Chefs d’Etat et de Gouvernement signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, signé en février 2013, ayant permis de mettre fin à la rébellion du M23. La partie congolaise était représentée par le Ministre des Affaires Etrangères, Raymond Tshibanda. Une représentation jugée faible au regard des enjeux sécuritaires du pays.
Déjà des couacs
A la conférence de presse hebdomadaire de la Monusco, hier mercredi 11 février, Charles Bambara, Directeur de la Division de l’Information publique, a surpris les chevaliers de la plume en annonçant la suspension de la coopération entre les casques-bleus et les FARDC. Il ne s’agissait vraiment pas d’une surprise. Un jour plus tôt, le Palais de Verts à New York avait lâché quelques bribes d’informations allant dans ce sens. Si l’on remonte le temps, on réalise qu’au plus fort de la contestation contre le glissement, le général nigérien Abdallah Wafy s’était montré très opposé à tout recours à l’armée pour contenir les manifestants. Il promettait de rendre public l’intégralité du rapport sur les événements du 19 au 23 janvier. Même si pour cela, disait-il, l’ensemble du Bureau conjoint de l’ONU devrait être expulsé. Certainement que Abdallah Wafy faisait allusion au Directeur Scott Campbell décrété persona non grata à la suite de son rapport critique sur l’opération Likofi visant le gangstérisme urbain. Mais, le ton utilisé ce jour-là par le désormais ex N°2 de la Monusco cachait un profond malaise. Surtout que, quelques jours avant, à la demande du Gouvernement congolais, la Monusco décidait d’une réduction de 10% de ses effectifs, soit 2000 hommes. Un retrait progressif devant débuter en mars prochain. Une réduction pourtant insuffisante, selon les officiels congolais qui trouvent encombrante la taille de la Monusco. Car, dit-on, la situation sécuritaire a beaucoup évolué en RDC. Le reste des opérations à mener relèvent du maintien de l’ordre public, fait-on savoir.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe