(Mediacongo.net)
Ce jeudi 26 mars, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir pour adopter une résolution prolongeant le mandat de la mission des Nations unies pour le Congo (Monusco), pour un an supplémentaire. Certains aspects de ce mandat deviennent de plus en plus difficiles à respecter, tant les relations entre la mission et le gouvernement congolais sont devenues tendues, comme avant chaque cycle électoral.
Le mandat de la Monusco a fait l’objet de vives discussions ces dernières semaines, avec notamment la demande de Kinshasa de réduire le nombre de casques bleus dans son pays de plusieurs milliers d’hommes. Car pour le gouvernement, la situation sécuritaire s’est améliorée. Mais pour les partenaires de Kinshasa, la sécurité reste très fragile dans l’Est. Les massacres dans la région de Béni en novembre dernier, mais aussi les attaques régulières de multiples groupes armés dans le Nord et le Sud-Kivu ou encore le Katanga : tout ça est la preuve pour les Nations-unies que les casques bleus ne peuvent pas se retirer trop vite.
Un des points du mandat, qui était présenté il y a deux ans comme l’un des éléments de renforcement du mandat de la mission onusienne pose notamment problème. La brigade d’intervention de la Monusco devait pouvoir opérer seule contre les groupes armés, sous-entendu sans l’autorisation du gouvernement congolais. Mais voilà, deux ans plus tard, cette disposition de la résolution – qui sera sans doute reconduite aujourd’hui – est restée lettre morte. « Kinshasa s’y oppose au nom de sa souveraineté », explique un diplomate à New York, ajoutant que les membres du Conseil de sécurité insistaient – eux aussi – sur des opérations conjointes.
Réforme du secteur de la sécurité
Pas plus d’avancées sur l’appui à la réforme du secteur de la sécurité. Quand la Monusco n’était encore que la Monuc, c’était déjà censé être l’une des attributions clefs de la mission onusienne, et une condition de son retrait un jour. Le principe est simple, aider la RDC à avoir une armée bien formée, bien entraînée avec un code de conduite respectueux des droits de l’homme. Un pré-requis pour permettre un jour le départ des casques bleus du Congo. En 2013, le Conseil de sécurité avait ainsi proposé la création d’une force de réaction rapide : 4 à 6 bataillons qui puissent être déployés très vite. Mais deux ans plus tard, toujours rien.
La Monusco dit avoir rassemblé une dizaine de bailleurs et présenté un plan aux autorités. Mais ce dernier a été rejeté par le chef de l’Etat en janvier. Pour Kinshasa, c’est une question de souveraineté nationale. « La Monusco, explique un officiel congolais, n’a pas à se mêler des questions de défense ». Quant aux Etats membres du Conseil de sécurité, ils préfèrent mener des actions bilatérales que d’entrer en conflit ouvert avec le gouvernement congolais pour soutenir la Monusco dans son mandat. Les uns organisent des formations de bataillon, les autres d’officiers, etc. « C’est un peu un puzzle », admet un diplomate. « Il manque une vision d’ensemble ou une stratégie », analyse un autre. Une absence de plan global qui fait que les investissements, dans ce secteur crucial, restent très limités également.
Sortir du blocage politique
Il y a un autre point du mandat qui n’est plus respecté non plus : la Monusco et ses « bons offices ». À savoir l’idée qu’elle devrait servir de médiateur neutre entre les acteurs politiques congolais et surtout à l’approche des élections. Le président Joseph Kabila s’est prononcé il y a plus d’un an déjà contre ce qu’il qualifie d’ingérence de la mission onusienne, un coup de semonce qui n’avait provoqué aucune réaction publique de la communauté internationale.
Comment sortir de ce blocage politique en 2015 alors que Kinshasa veut à tout prix réduire la présence des casques bleus dans son pays ?
Depuis janvier, la Monusco tente désespérément de rétablir un dialogue avec les autorités. Des discussions officielles ont finalement repris hier avec le ministre des affaires étrangères Raymond Tshibanda, deux jours après la date initialement prévue.