(Tempête des tropiques)
Les organisateurs de la campagne qui était autorisée, des journalistes et un diplomate malmenés et arrêtés
Le départ de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade grâce à la pression de la rue et la fuite de Blaise Compaore du Burkina Faso sont un test de valeur, pour la jeunesse de ces deux pays qui s’était mobilisée.
En vue de renforcer la démocratie et la gouvernance des institutions politiques à travers la promotion d’un processus électoral libre, démocratique, transparent et apaisé, la jeunesse congolaise réunie au sein de différentes associations comme la Lutte pour le Changement(Lucha),Jeunesse pour une nouvelle société(JNS), Forum de la jeunesse pour l’excellence(FNJ), Filimbi, Eloko makasi ont fait appel aux mouvements sociaux africains comme » Y’en a marre » du Sénégal et » Balai citoyen » du Burkina Faso, pour échange d’expériences en vue d’un éveil de la conscience de la jeunesse congolaise sur les prochaines élections en RDC.
L’atelier avait, entre autres, pour objectif de discuter sur l’engagement citoyen des jeunes dans le contexte de la RDC.
Filimbi étant un mouvement d’action civique de jeunes congolais porté par Fred Bauma (Lucha), Ben Kabamba (JNS) et Horli Ndjoli (FNJE), a organisé à Kinshasa, plus précisément dans la commune de Masina du 14 au 15 mars un atelier qui a regroupé les jeunes provenant du Katanga, Nord-Kivu et de Kinshasa pour parler de l’engagement civique et de la mobilisation de la jeunesse sur le processus électoral en cours, surtout pour renforcer le processus démocratique et la gouvernance des institutions publiques à travers notamment la promotion d’un processus électoral libre, transparent et apaisé.
Ainsi, la présence des Sénégalais et du Burkinabe, Fadel Barro, Aliou Sane, Malal Talla, Ouedraogo Sbiri était un moment important d’échange d’idées, pour un engagement pacifique et citoyen des jeunes de la République démocratique du Congo.
Cette rencontre avait pour but d’exercer une citoyenneté plus volontaire et plus épanouie dans tous les domaines d’intervention en milieu associatif, dans les universités, dans le monde de l’art, en politique, dans le monde de l’entreprise. Il ne s’agit donc pas de mener des activités subversives contre Kinshasa.
Les membres des mouvements civiques de jeunes » Y’ En A Marre » et » Balai Citoyen « , sont venus à Kinshasa pour un partage d’expériences et un enrichissement mutuel, contrairement à ce que certains médias ont relayé.
C’était le dimanche 15 mars 2015 soir. Après la conférence de presse tenue dans les locaux de » Eloko Makasi « , à Masina, une quarantaine de personnes ont été arrêtées. Pourtant un concert populaire était prévu en fin d’après-midi, de 18h à 21h. Il y a eu arrestations des artistes, des techniciens et des activistes ainsi que des journalistes.
La police a aussi procédé à la destruction des biens et saisi des matériels de sonorisation, éclairage, bâches, ordinateurs, téléphones… . Ce qui a empêché le groupe à tenir le concert.
» Des hommes en uniforme de la police militaire (PM) et d’autres en civil sont arrivés dans 4 pick-up blancs. Après avoir identifié les non-Congolais dans l’assistance, ils ont emmené environ 40 personnes, parmi lesquelles un diplomate d’un pays occidental « , a témoigné un rescapé.
Arrestations en masse
Dans ce désordre, les trois leaders du mouvement » Y En A Marre » ,Fadel Barro, Aliou Sane, Malal Talla et un des leaders du mouvement » Balai Citoyen « , Ouedraogo Sibiri , Fred Bauma, membre de Lucha de Goma, et l’un des ténors de Filimbi, Mouvement citoyen congolais ainsi que le diplomate Kevin Sturr, Directeur du Bureau de la démocratie, Droits Humains & Gouvernance de l’Usaid ont été arrêtés et seraient pour l’heure détenues à l’ANR.
Alain Canonne Mutombo, co-directeur de » Eloko Makasi « , maison de production consciente, installée à Masina, partenaire artistique de l’évènement , Lucrèce Lopengo alias Lyke Mike, rappeur engagé, co-directeur de » Eloko Makasi » , Deddy Kishimbi, informaticien participant à l’atelier, de Kolwezi, Yves Makwambala, informaticien, contractuel, Khadafi Mbuyamba, cameraman stagiaire ainsi que plusieurs autres artistes du collectif » Eloko Makasi « , participants à l’atelier et au projet ont été arrêtés.
» Aucun des actes posés par les membres du mouvement Filimbi ou leurs partenaires, aucune de nos prises de position, ne sont insurrectionnels « , regrettent les organisateurs de la rencontre.
Pourtant » Eloko Makasi » a demandé et obtenu toutes les autorisations légalement requises devant permettre l’organisation des activités en public, explique Horly Ndjoli.
Une rencontre avec des responsables de sécurité sollicitée
Dans une lettre, les membres du mouvement Filimbi, et membres du comité d’organisation du Projet » Engagement Citoyen de la Jeunesse « , sollicitent une rencontre avec les autorités, dont l’Administrateur-Directeur Général de l’Agence Nationale de Renseignements, afin d’apporter tous les éclaircissements sur l’initiative.
» Nous ne doutons pas qu’après cette rencontre nos compagnons et les passants arrêtés seront libérés « , affirment les organisateurs.
L’Ambassade des Usa en RDC indignée
Dans un communiqué, l’Ambassade des Usa en RDC déplore l’arrestation d’un diplomate américain à Kinshasa.
Il s’agit du directeur de la division Démocratie, Droits et Gouvernance de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), Kevin Sturr. Ce diplomate a été détenu par les autorités congolaises avec des journalistes et d’autres personnes ayant participé à une conférence de presse qui s’est tenue à Masina, le dimanche 15 mars.
» Bien que nous n’ayons pas encore été officiellement informés de la raison de sa détention, nous tenons à souligner que M. Sturr participait à un point de presse portant sur un événement de la société civile qui a rassemblé des jeunes Congolais et certains jeunes activistes du continent en vue d’un échange d’idées sur l’importance de l’engagement citoyen dans le processus politique « , précise l’Ambassade des Usa en RDC dans un communiqué.
D’après l’Ambassade des Usa, cet événement a été sponsorisé en partie par le gouvernement des Etats-Unis. Ce qui justifie la présence du diplomate arrêté.
» Cet événement, sponsorisé en partie par le gouvernement des Etats-Unis, est l’une des diverses activités que le gouvernement américain soutient et auxquelles prennent part les jeunes et la société civile, dans le cadre de notre engagement global visant à encourager la prise en compte d’un large éventail d’opinions.
Ces groupes de jeunes bien connus, respectés et non-partisans et les organisateurs des événements de ce weekend comptaient promouvoir la participation de la jeunesse congolaise au processus politique et encourager les jeunes à exprimer leurs points de vue sur les questions qui les concernent.
Des membres du gouvernement congolais et des partis de la coalition au pouvoir étaient invités et certains d’entre eux étaient présents lors de cet événement « , explique l’Ambassade américaine à Kinshasa.
La VSV dénonce le recours, en RD Congo, aux pratiques et méthodes rétrogrades frisant le retour en force du pouvoir autoritaire en vue de terroriser des personnes et étouffer tout élan citoyen de prise de conscience devant éventuellement se traduire par la mobilisation de la population contre toute forme d’oppression des dirigeants au pouvoir en Afrique.
VSV pour la localisation des victimes
La Voix des sans Voix pour les Droits de l’homme(VSV) plaide pour la localisation des personnes enlevées par la police et les agents de l’Anr.
L’Ongdh exige la libération immédiate et sans condition de toutes les victimes en vue de leur permettre de poursuivre librement leurs activités en RDC et dans d’autres pays africains.
La VSV demande aux autorités congolaises en général et au vice-Premier ministre de l’Intérieur et au ministre de la Justice, Garde des Sceaux et Droits Humains, en particulier, de tout mettre en œuvre pour la localisation de toutes les personnes enlevées, notamment les leaders des mouvements burkinabé » Balai citoyen » et sénégalais » Y en a marre » ainsi que tous leurs collègues et compagnons d’infortune congolais.
En effet, l’enlèvement des leaders des mouvements citoyens sénégalais et burkinabé indigne la VSV surtout que les leaders de ces mouvements sociaux n’ont posé aucun acte délictueux ravale davantage la RDC au rang d’un Etat non respectueux des droits et libertés fondamentales notamment les libertés d’expression et d’opinion, de circuler librement,… alors que les mêmes leaders ont pris part aux mêmes activités dans d’autres pays africains sans être inquiétés.