Haute Cour Militaire : le procès « Chebeya » reprend ce matin à Makala

(Le Phare)

Après plus de deux années d’interruption, le procès Chebeya, du nom de l’activiste des droits de l’homme retrouvé mort en juin 2010 dans la périphérie de Kinshasa, reprend ce matin à la Haute Cour Militaire de la Gombe(HCM) qui va siéger en audience foraine à la prison centrale de Makala. A en croire des sources judiciaires, toutes les parties à ce procès ont été régulièrement notifiées à cet effet, afin que la Cour reprenne normalement son audience là où elle s’était arrêtée. « Des requêtes ont été introduites et nous attendons au cours de cette audience, des éclairages de la Cour Suprême de Justice. Il y a même une forte probabilité que le procès reprenne carrément au début car il y a désormais une nouvelle composition… », a indiqué un avocat de la partie civile Chebeya.

Affaire transférée depuis 2012 à la HCM, après le verdict de la cour militaire de Kinshasa qui avait vu condamné le colonel Daniel Mukalay, chef adjoint des services spéciaux de la police et d’autres policiers à la peine de mort pour assassinat de l’activiste, ce procès reprend à Kinshasa au moment où les parties civiles continuent de dénoncer un déni de justice par la justice congolaise.

En effet, depuis deux semaines, certaines parties civiles au procès Chebeya ont déposé une requête de prise à partie contre l’Auditeur Général des Forces Armées de la RDC(FARDC), le général Ponde, devant la Cour Suprême de Justice. Démarche des frères et sœurs de Floribert Chebeya, l’objectif de leur requête est de démontrer les défauts de l’enquête entourant le décès de Chebeya et de demander la poursuite de l’instruction à charge du général John Numbi.

Pour rappel, Floribert Chebeya, Président de l’ONG congolaise « La voix des sans voix » et figure emblématique de la défense des droits de l’Homme en RDC, a été retrouvé mort dans son véhicule le 2 juin 2010, en périphérie de Kinshasa. La veille, il s’était rendu à un rendez-vous à l’inspection générale de la police, où il devait en principe rencontrer le général Numbi. Le corps de son chauffeur, Fidèle Bazana, n’a toujours pas été retrouvé.

Une première plainte avait été déposée par la veuve de l’activiste en 2010. Les enquêtes ont mené à un procès devant la Cour militaire qui a reconnu la culpabilité d’une série d’accusés, dont le Colonel Mukalay.

Cette affaire, convient-il de signaler, toujours en phase d’appel devant la HCM, n’a jamais examiné, ni mis en cause la responsabilité du général. Cependant, suite aux révélations de l’ex Major Mwilambwe, un des coaccusés en fuite, toujours réfugié au Sénégal, les frères et sœurs Chebeya avaient déposé une nouvelle plainte en 2012 auprès de l’Auditorat Général des FARDC contre le général Numbi. Dans sa réponse la même année, l’Auditeur avait rejeté cette plainte, estimant que les faits étaient identiques à ceux pour lesquels il avait déjà été saisi par la veuve Chebeya. D’où le dépôt de la requête de prise à partie contre l’Auditeur Général des FARDC devant la Cour Suprême de Justice.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe