(Tempête des tropiques)
Auteur présumé de massacres de civils à Kisangani en juin 2000
Human Rights Watch suit de près le cas d’Emmanuel Karenzi Karake, chef des services de renseignement du Rwanda, qui a été arrêté à Londres le samedi 20 juin dernier, en vertu d’un mandat d’arrêt européen émis à la suite d’une demande présentée par un juge espagnol.
Au cas où Karenzi Karake serait extradé vers l’Espagne, où il a été inculpé par un tribunal espagnol, avec 39 autres autorités rwandaises de haut rang, pour présomption de graves crimes commis en violation du droit international, les autorités espagnoles devraient s’assurer que le principe de régularité des procédures soit respecté et qu’il bénéficie d’un procès équitable.
Importants progrès
» D’importants progrès ont été accomplis afin de rendre justice aux victimes du génocide au Rwanda « , a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. » Mais des milliers de victimes et leurs proches attendent toujours que justice soit rendue pour les crimes commis par des membres du Front patriotique rwandais depuis 1994. «
Karenzi Karake occupe des postes de haute responsabilité au sein de l’armée et des services de renseignement rwandais depuis 20 ans. Des victimes et des témoins de violations des droits humains ont souvent cité son nom en relation avec de graves crimes commis dans les années 1990. Dans l’acte d’inculpation espagnol, il est accusé, entre autres, d’être impliqué dans le meurtre de trois travailleurs humanitaires espagnols, commis en 1997.
Dans les années qui ont suivi le génocide de 1994 au Rwanda, des membres de l’Armée patriotique rwandaise ont tué des milliers de civils, en particulier dans le cadre d’une opération de contre-insurrection menée dans le nord-ouest du Rwanda, ainsi qu’en République démocratique du Congo.
Des troupes rwandaises ont tué des centaines de civils dans la ville congolaise de Kisangani en juin 2000, lors d’affrontements entre des unités militaires rwandaises et ougandaises. Karenzi Karake était l’un des commandants des troupes rwandaises.
L’enquête ouverte en Espagne sur Karenzi Karake et sur d’autres autorités rwandaises a été rendue possible par le fait que certaines victimes étaient des ressortissants espagnols et que s’est appliqué le principe de compétence universelle, qui permet aux tribunaux d’un pays d’enquêter sur des crimes particulièrement graves et de poursuivre leurs auteurs, même si ces crimes ont été commis hors de ce pays et par des étrangers.
Human Rights Watch a examiné l’acte d’inculpation espagnol de 2008 et estime qu’il a une certaine pertinence. L’ongdh appelle à la poursuite des enquêtes sur les crimes cités dans cet acte.
Massacre de civils à Kisangani
L’officier rwandais est également cité dans les massacres de civils à Kisangani, lors de la » guerre de six jours « , début juin 2000, entre les Forces de défense rwandaises (RDF) et les forces ougandaises dans cette ville située dans le nord-est de la RDC.
» Le général Emmanuel Karenzi Kareke était bien l’un des commandants des RDF au moment de ces affrontements « , affirme Carina Tertsakian, de HRW.
C’est d’ailleurs sur la base de la responsabilité présumée de cet officier rwandais dans le massacre de civils à Kisangani que Human Rights Watch s’était élevé en 2007 contre sa nomination me commandant adjoint de la Force de l’ONU et de l’Union africaine au Soudan (Minuad). Fonction qu’il finira par quitter en avril 2009.
Dismas Kitenge, président de Groupe Lotus, une ONG congolaise de droits de l’homme et vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), se dit satisfait de voir » l’un des auteurs présumés des massacres de civils de Kisangani aux arrêts » et » espère que Kigali acceptera de coopérer avec la justice espagnole pour la bonne administration de la justice « .