(Mediacongo.net)
Le sommet de l’Union africaine s’est ouvert ce jeudi 11 juin à Johannesburg, en Afrique du Sud. Le thème officiel de ce 25e sommet est « l’autonomisation des femmes ». Jeudi et vendredi 12 juin, ce sont les ministres des Affaires étrangères qui se réunissent, avant les chefs d’Etat ce week-end. Au menu, l’intégration des femmes, mais également la crise au Burundi, les différents conflits qui pèsent sur le continent et les questions liées au terrorisme.
C’est un discours résolument positif qu’a prononcé la présidente de la Commission de l’Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma. Elle a salué la création d’un marché commun entre l’Afrique de l’Est et l’Afrique Australe, ratifié en Egypte cette semaine. « Il s’agit d’un premier pas vers la création d’une zone de libre-échange continentale », a-t-elle ajouté.
Sur la migration, « nous devons mettre fin au périlleux voyage qu’entreprennent chaque année des milliers d’Africains vers l’Europe », a-t-elle dit. « Et développer les opportunités sur le continent pour notre jeunesse », appelant ainsi au libre mouvement des biens et des personnes sur le continent.
Elle a également appelé à plus d’intégration des femmes, thème de ce sommet. « Si nous continuons à intégrer des femmes au rythme actuel, cela va nous prendre 80 ans afin d’atteindre la parité. Nous devons faire plus afin que notre continent se développe au maximum de ses capacités. Et ce continent ne pourra atteindre ce stade si nous n’intégrons pas les femmes. »
« Nous évoluons lentement vers une guerre civile »
Pas un mot sur les différentes crises du continent, notamment sur la situation au Burundi, qui va certainement dominer les discussions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine samedi soir. Le sujet sera également abordé dimanche matin par les chefs d’Etat lors d’une réunion à huis clos sur la gouvernance. « Nous attendons qu’ils prennent une position claire et nette sur ce qui est en train de se passer au Burundi », explique l’opposant Jean Minani, président du Frodebu Nyakuri et député panafricain, qui a fait le déplacement à Johannesburg.
« Nous évoluons lentement vers une guerre civile sans que personne ne s’en rende compte », déplore M. Minani, qui énumère les facteurs de risque : « Une armée divisée ; des généraux qui démissionnent, sont chassés ou partent par peur d’être arrêtés, et qui prennent avec eux beaucoup de militaires ; une opposition qui n’arrive pas à s’entendre avec le pouvoir ; un président de la République qui n’entend rien du tout, qui n’écoute même pas les recommandations des chefs d’Etat de la sous-région. Tout ça inquiète. »
Inquiétudes sur la montée du terrorisme
Parmi les autres crises qui secouent le continent et qui seront au menu : la situation au Soudan du Sud, en Libye, au Nigeria et les questions de terrorisme. Pour Francisco Madeira, représentant spécial de l’Union africaine sur le terrorisme, la montée des groupes terroristes sur le continent est très préoccupante.
« Nous sommes inquiets de la présence de plusieurs groupes terroristes dans le continent, en Afrique de l’Est, avec al-Shebab qui ne se limite pas à la Somalie mais qui crée des cellules vers le Kenya et vers les autres pays de l’Afrique de l’Est, jusqu’en République démocratique du Congo, où al-Shebab a tissé des liens avec la ADF-Nalu. Ça nous préoccupe aussi, ce qu’il se passe en Afrique du Nord, en Libye, ce qu’il s’est passé en Tunisie, avec l’attaque de l’Etat islamique du musée Bardo. Des Africains qui voyagent vers la Syrie et l’Irak et remplissent les rangs de l’Etat islamique », souligne Francisco Madeira.
Concernant Boko Haram, il se dit plus confiant.« Il y a le grand problème du Nigeria, Boko Haram qui vient aussi de prêter allégeance à l’Etat islamique. Mais au Nigeria, nous sommes satisfaits du fait que la coalition des pays de la CEEAC a quand même obtenu de très bons résultats et ça doit continuer, avec la coordination de leurs actions, l’appui matériel qu’ils doivent avoir de leurs partenaires, afin qu’ils puissent continuer et maintenir Boko Haram sous-contrôle. »
Un sommet de l’UA, c’est aussi l’occasion de réunions bilatérales. Manuel Domingos Augusto, secrétaire d’Etat angolais en charge des Relations extérieures en a profité pour s’entretenir avec Nannette Ahmed, directrice africaine du Département des opérations de maintien de la paix du secrétariat de l’ONU, le DPKO. A l’issue de cette rencontre, l’Angolais a déclaré que son pays était prêt à rejoindre des missions de maintien de la paix en Centrafrique ou ailleurs. Une déclaration plutôt surprenante, tant Luanda avait montré des réticences ces dernières années.