BENI MUSEVENI MENACE DE DÉSARMER LUI-MÊME LES ADF EN RDC

(Forum des As)

Voici comment les Ougandais sont plus intéressés par les richesses du Nord-Kivu et non la neutralisation de ces islamistes de Jamil Mukulu qui ont perdu le gros de sa capacité opérationnelle.
C’est par un discours tranchant de chef de guerre à la limite de la provocation que le maître de Kampala, Museveni Kaguta a évoqué samedi dernier la question des ADF qui opèrent dans la région de Beni, à l’Est de la RDC. L’homme, fou-furieux, a déversé tout son venin sur la Monusco dans son action contre les ADF de Jamil Mukulu.

Pour Kaguta Museveni, cette Monusco est, on le voit bien, mille fois incapable de désarmer les ADF. Ceux-ci continuent à ce jour à opérer imperturbablement malgré les opérations de traque de la Monusco. Puis, d’un air vraiment menaçant, le Président ougandais dit qu’il est prêt à aller désarmer lui-même ces ADF à Beni.
D’où il exige qu’autorisation soit donnée à son armée, les UPDF, pour traverser la frontière congolaise et aller réduire en bouillie les ADF là où, selon lui, la Monusco ne fait absolument rien. Mais Museveni n’a pas précisé à qui il demande cette autorisation de venir traquer lui-même les ADF à Beni. Est-ce à l’Onu à New York, à la CIRGL ou à la RDC ?
Toutefois il transparait clairement dans le ton va-t-en guerre emprunté par Museveni Kaguta une volonté ferme mais encore diffuse d’exercer le droit de poursuite pour lancer les UPDF à la chasse des ADF. L’autorisation ne serait donc à ce titre que simple prétexte pour que l’armée ougandaise viole une fois de plus le territoire congolais, sachant bien qu’aucune autorisation ne lui sera accordée.

SON ARMEMENT LOURD DETRUIT PAR LA MONUSCO ET LES FARDC
C’est bizarre que Museveni Kaguta veuille venir désarmer lui-même les ADF à Beni juste au moment où ce groupe qui a perdu sa base d’opération de Kamango détruite par la Monusco et les Fardc a perdu les 80% de sa capacité opérationnelle. Presque tout son armement lourd a été détruit ou saisi par les Fardc et la Monusco.
Sa chaîne de commandement est désorganisée surtout avec l’arrestation de son chef islamiste Jamil Mukulu et la mort de son commandant des opérations sous les bombardements de la Monusco. Avec ces pertes exponentielles, les ADF sont réduites à leur plus simple expression.
C’est ainsi qu’ils se sont lancés dans la guerre asymétrique par des actions terroristes, et la guérilla urbaine et rurale. Ils opèrent désormais par de petits groupes très réduits pour frapper et répandre une terreur extrême dans la région de Beni, avec des massacres en chaine à la machette et la hache qui ont atteint 600 victimes.
Il est curieux de constater que c’est au moment où les ADF ont perdu l’essentiel de leur capacité et qu’ils se livrent au terrorisme aveugle contre la population de Beni que Museveni demande à ce qu’on autorise ses UPDF à entrer en RDC pour les démanteler. Ils vont les neutraliser au moment où ils ne représentent plus aucune menace pour l’Ouganda.
Car toutes leurs actions terroristes sont exclusivement localisées dans la seule région de Beni. En plus, ils iraient les traquer sur quelles positions dans la forêt dense. Cette demande ne se justifie donc pas. En outre, les mêmes ADF, dans leur fortification de Kamango dans le secteur de Ruwenzori avait déjà fait l’objet d’une opération de traque des deux armées ougandaise et congolaise en 2009.
Pour le succès de cette opération, les UPDF avaient mis en lice toute leur armada sophistiquée, chars, autoblindés, blindés légers troupes d’élite pendant presqu’un trimestre. A leur départ, Museveni lui-même avait fait la déclaration triomphaliste comme quoi son armée venait de neutraliser à jamais les ADF.
Pourtant celles-ci n’était pas du tout démantelées. Loin de là. Ils avaient juste fait un repli dans la forêt dense, le temps de voir passer l’orage qui était la foudre des deux armées lancées à leurs trousses. Quelques mois après la fin de l’opération, ils seront redéployés dans la même région, avec la même capacité opérationnelle.
Que peuvent faire les UPDF aujourd’hui contre les ADF transformés en combattants jihaddistes de l’EI. Comme d’habitude, c’est toujours un calcul économique qui est derrière ce genre d’opérations militaires. Celles-ci ont par ailleurs montré leurs limites par le passé. Les UPDF sont déjà venues en RDC sans avoir vaincu les ADF.
En plus, ceux-ci ne menacent aucunement le territoire ougandais pour que Kampala exige une autorisation du droit de poursuite. Ce sont toujours les ressources naturelles de cette région qui intéresse au premier point le Président ougandais depuis qu’il est au pouvoir en 1986.
Selon chaque contexte historique, il trouve toujours un motif pour traverser la frontière congolaise et aller plutôt exploiter illégalement les richesses du Nord-Kivu. Il n’a que faire des ADF. Le Président ougandais n’a jamais rien fait pour les combattre et les a laissés développer leurs activités criminelles dans la contrée de Beni. Pour qu’il ait, le moment venu, le prétexte d’intervenir pour soi-disant aller les démanteler.

LES ADF N’INQUIETENT PAS L’OUGANDA
Si les ADF inquiétaient l’Ouganda, les UPDF les auraient fait périr depuis belle lurette. En voici la preuve. En 1996, lorsqu’éclate la rébellion de l’AFDL contre le régime Mobutu et que Goma tombe, ce sont les UPDF, l’armée ougandaise qui envahissent la région de Beni.
Ils y renforceront leurs positions en 1998 avec la rébellion du RCD contre M’Zee Kabila devenu Président de la RDC. Même lorsque le RCD/K-ML de Mbussa Nyamwissi Antipas installe son  » Etat  » à Beni, c’est avec la bénédiction des UPDF qui sont toujours là. Ils y sont restés jusqu’en 2003 à l’Accord de cessation des hostilités de Sun City en Afrique du Sud.
Pendant tout ce temps qu’ils contrôlent la région de Beni, les UPDF n’ont jamais inquiété Jamil Mukul et l’Adf. Ils étaient pourtant toujours actifs dans la région. Ce n’était pas du tout dans la moindre préoccupation du Président ougandais Museveni Kaguta. Pas plus que ça ne l’est aujourd’hui. Les Congolais lui demandent donc d’arrêter sa comédie de mauvais goût.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe