(Le Phare)
Hier Jeudi 6 août 2015 à la Prison Centrale de Makala, les avocats de la partie civile ont réclamé devant la Haute Cour militaire, des réparations consécutives aux préjudices causés à sa famille biologique et professionnelle par l’élimination physique préméditée de l’activiste des droits de l’homme Floribert Chebeya, en juin 2010.
S’agissant des préjudices financiers, maître Mbikayi de la partie civile a déclaré que les dommages causés par l’assassinat de Chebeya sont tellement énormes qu’il est difficile de les évaluer. Il a rappelé que le défunt fut une source sûre de financement non seulement pour son ONG, la Voix des Sans Voix, mais aussi pour d’autres organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme à travers la République Démocratique du Congo, en raison de son ancrage dans les réseaux des organismes internationaux.
Il a souligné que sa présence était un gage sûr de fonctionnement et de promotion des organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme, qu’il avait réussi à regrouper au sein de la plateforme dénommée « Renadhoc ». C’était dans le but d’obtenir plus facilement des ressources, afin de mener des actions en faveur de défense et de la promotion des droits de l’homme.
Cet avocat de la partie civile a indiqué que Floribert Chebeya était prêt à donner sa vie pour défendre les opprimés, sans discrimination, comme c’était le cas des adeptes du mouvement politico -religieux Bundu dia Kongo, alors qu’il n’était pas originaire du Bas-Congo (actuellement Kongo Central).
Maître Mbikayi a fait remarquer que le directeur de la Voix des Sans Voix était un grand formateur, capable de transmettre ses connaissances sur les instruments juridiques internationaux aux activistes des droits de l’homme et autres couches de la population.
En dépit du fait qu’il n’avait pas reçu une formation académique de juriste, car détenteur d’un diplôme en Sciences Commerciales, Floribert Chebeya s’était perfectionné en matière des droits de l’homme, au profit de ses concitoyens, pour la construction d’un Etat démocratique, qui garantit les droits de toutes les couches de la population.
Eu égard à tout ce qui précède, Maître Mbikayi a estimé que Chebeya, fervent activiste des droits de l’homme, ne pouvait être évalué sur le plan financier.
Aussi a-t-il exigé l’érection d’un monument en sa mémoire, afin que les générations futures se souviennent qu’un digne fils de la République Démocratique du Congo avait payé un lourd tribut dans son combat pour la défense des droits de ses semblables.
En plus du monument, maître Mimai a, quant à lui, plaidé pour la construction d’une école spécialisée en droits de l’homme pour apprendre aux Congolais les valeurs défendues par l’illustre disparu.
Abondant dans le même sens, maître Kabengele a pris la défense des veuves de Chebeya et Bazana ainsi que de leurs enfants, privés aujourd’hui d’une source financière certaine suite à la disparation de leurs maris et pères. Il a affirmé que l’Etat congolais a sa part à donner dans cette réparation, les crimes ayant été commis par ses agents, dans des bâtiments publics.
Maître Régine Sesep a, pour sa part, développé le volet ayant trait aux préjudices sexuels causés à la veuve de Chebeya par ses assassins, en éliminant physiquement son mari. A son avis, les assassins de Chebeya ont privé son épouse de la satisfaction sexuelle qu’elle obtenait régulièrement de son mari.
Au plan moral, maîtres Kabengele et Régine Sesep ont soutenu que l’image du sexe de Chebeya diffusée par certains responsables de la police pour masquer leur forfait par un prétendu dérapage sexuel de leur victime, a porté préjudice à l’honneur et à la dignité du directeur de la Voix Sans Voix, ce qui exige réparation.
Les avocats de la partie civile ont, à l’unanimité critiqué sévèrement l’œuvre du juge du premier degré qui, selon eux, doit être reformée. Ils reprochent à son arrêt le fait d’avoir dénaturé les faits pour protéger le général John Numbi, considéré par la partie civile comme le commanditaire principal du meurtre de Chebeya.
Ils ont fustigé également le fait que cet arrêt a évalué la réparation financière en fonction des ressources des prévenus.