Les problèmes récurrents de sécurité intérieure tels que posés par la population congolaise, auxquels elle attend des solutions pratiques et durables, ont été débattus sans réserve ni retenue, par le Réseau de réforme du secteur de sécurité et justice et les partenaires impliqués dans la réforme de la police. C’était le mercredi 29 juillet 2015, dans la salle de conférences de la paroisse Sacré-Cœur de Jésus, commune de la Gombe.
Le professeur Pamphile Mabiala Mantuba-Ngoma, coordinateur national de la Fondation Konrad Adenauer en RDC, qui a financé l’organisation du forum d’échanges avec les experts de la société civile, de la police et des institutions étatiques, a indiqué que cet atelier se tenait dans un contexte où la RDC se présente au monde comme un Etat de droit, démocratique, comme un pays pluraliste, caractérisé par son pluralisme culturel, ethnique, racial, politique, religieux, syndical et associatif. Le respect du pluralisme est à ses yeux, garanti par la Constitution, et elle est une condition de stabilité des institutions, de la cohésion nationale et de la paix. Pour le coordinateur national de KAS, le pluralisme signifie une diversité d’opinions, d’intérêts et de visions et une compétition régulée au sein de l’espace public, avant d’ajouter qu’il signifie également une démultiplication des rassemblements publics et privés, des manifestations publiques, une augmentation des menaces à l’ordre public et à la tranquillité publique.
A côté de ce pluralisme, le professeur Pamphile Mabiala Mantuba-Ngoma a cité l’explosion démographique galopante, qui fait que la population totale de la ville de Kinshasa est estimée aujourd’hui à 8 millions d’habitants, alors qu’en 1960, elle n’était que de l’ordre de 400.000 habitants, correspondant actuellement à celle de la commune de Nsele, jadis un village en bordure de la capitale. Il a enfin épinglé la menace pour la sécurité nationale que représentent les jeunes frustrés, désœuvrés et parfois manipulés par des acteurs politiques pour opérer des actes de violence programmés, sans manquer d’évoquer les défis auxquels sont confrontées les autorités et la police de proximité.
Le général Elesse soucieux de faire aboutir la réforme de la police
Le secrétaire exécutif du CSRP a éclairé les participants sur la réforme que son équipe a conceptualisée et dont la mise en œuvre a enregistré quelques avancées. Le général Michel Elesse Yombentole a toutefois déploré les pesanteurs qui plombent le processus de la réforme, surtout après la loi de programmation de la police dont les allocations budgétaires destinées à la réforme tardent à être décaissées. Il a émis le vœu de voir le gouvernement s’approprier la réforme et en faire une priorité nationale, afin de doter la police des moyens conséquents pour le meilleur accomplissement de ses missions.
Représentant l’Assemblée nationale, Juvénal Munubo a pour sa part, insisté sur les notions de redevabilité, avant de donner quelques indicateurs pour l’évaluation de la réforme de la police dont il souhaiterait qu’elle soit achevée, et non partielle. Ce membre de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale a entretenu les participants sur les stratégies pour l’intégration et la promotion de la redevabilité dans le processus de la réforme, lesquelles stratégies pourraient concourir à booster cette machine qui nécessite des financements et la mise sur pied d’un cadre légal et réglementaire achevé.
Le coordonnateur national de RRSSJ s’est focalisé quant à lui, sur l’approche de la dynamique communautaire dont il a dévoilé l’expérimentation dans quelques coins de la RDC. Une expérimentation qui a fait ses preuves ici et ailleurs et qu’il faudrait étendre sur tout le territoire national, surtout en ce moment où la RDC est engagée dans l’opération du découpage territorial, avec l’installation de nouvelles provinces. Emmanuel Kabengela wa Kalonji reste convaincu que si la volonté politique est investie dans la poursuite de la réforme, les diagnostics sécuritaires seront réalisés par les représentants des populations et pourront trouver de solutions au sein des conseils locaux de sécurité de proximité, des forums de quartiers, de groupements ou de villages. Il a été complété par Clovis Kaddha, membre de son réseau, qui a illustré cette dynamique communautaire par des cas vécus sur le terrain notamment en Ituri.
Trois groupes de travail ont été constitués pour élaborer des recommandations destinées aux différentes parties prenantes, afin d’évacuer tous les goulots d’étranglement qui handicapent la réforme de la police.
Signalons que la Fondation Konrad Adenauer est établie en RDC depuis 1967. Son programme de financement couvre la formation, le débat politique, l’éducation civique et politique dans les provinces, ainsi que le renforcement des capacités des organisations de la société civile et tant d’autres secteurs.