(RRSSJ)
Le présent rapport, le quatrième du genre, élaboré par le Groupe de Travail de dix principales plates-formes et Organisations de la Société Civile, analyse et formule des observations sur les risques sécuritaires liés au processus électoral en République démocratique du Congo.
En effet, l’organisation des élections présidentielle et législatives nationales en 2006 a débouché à l’annonce des résultats provisoires, sur le crépitement des balles dans la ville de Kinshasa, qui avait ressemblé en ce temps-là à une ville en état de guerre. En 2011, les élections organisées ont été qualifiées de plusieurs vocables : « naufrage électoral », « débâcle électorale », « catastrophe électorale », « tsunami électoral ».
Que faire alors pour que les élections en République démocratique du Congo, soient un instrument de développement et non celui de la violence ; un instrument de l’expression de la démocratie ? Comment concrètement arriver à gérer les risques sécuritaires dans un contexte marqué par plusieurs contraintes ? Que faut-il faire pour que les violences liées aux élections ne soient plus une fatalité ? Quelle serait la meilleure manière de prévenir ce type de violences ?
Ces questionnements devraient préoccuper toutes les parties prenantes au processus électoral : le parti politique au pouvoir et ses alliés (Majorité Présidentielle), les partis politiques de l’opposition (Opposition Politique) ainsi que la Société Civile, et appellent les uns et les autres à plus de responsabilité. Quand les violences sont déclenchées, elles embrasent tout sans distinction de couleur ou de tendance politique et sociale.
D’où, l’intérêt pour chaque partie prenante de s’investir davantage dans la prévention pour que les élections ne débouchent sur les violences qui remettraient en cause l’ensemble du processus démocratique car mieux vaut prévenir que guérir.
C’est dans ce cadre que le Groupe de Travail de la société civile sur le suivi du processus de paix s’est penché sur la question dont les conclusions sont reprises dans le présent rapport qui se veut être un appel à une prise de conscience de tous face au danger qui guette la République Démocratique du Congo. Il est aussi une invitation à la prise en compte des questions sécuritaires dans la gestion des risques liés aux élections.
Le contexte politique et sécuritaire dans lequel le présent rapport a été rédigé est caractérisé par plusieurs événements à rebondissement. Les tueries à répétition dans le Territoire de Beni (au Nord-Kivu), l’enlisement sécuritaire, la polarisation de la vie politique, le recul du débat démocratique, la répression disproportionnée des manifestations publiques, le retard dans la conduite et le déroulement du processus électoral, ainsi que les tractations liées à la convocation et à la tenue du Dialogue national voulu inclusif.
A ce titre le Groupe de Travail formule les principales recommandations suivantes :
1° Au Président de la République
- S’en tenir au respect de son serment constitutionnel et des prescrits de la constitution et garantir l’organisation des élections dans le respect des lois nationales.
2° Au Gouvernement
- Prendre des actes tendant à la décrispation du climat politique à travers notamment la libération des prisonniers et/ou détenus politiques et d’opinion, la non répression des manifestions publiques ;
- Allouer des moyens conséquents à la CENI pour l’organisation des élections et pour l’acquisition des équipements appropriés de la Police en vue de la sécurisation du processus électoral ;
- Renforcer le rôle de l’Inspection Générale de la Police Nationale Congolaise en la dotant de moyens à même de lui permettre d’assurer la surveillance et le contrôle du comportement des policiers et des services de la police, avant, pendant et après les élections.
3° A la CENI
- Publier le calendrier électoral et organiser les élections en tenant compte des contraintes constitutionnelles.
4° A la Police Nationale Congolaise
- Promouvoir le caractère «Apolitique» de la Police dans sa mission et ce, conformément à la Constitution de la RDC ;
- Renforcer les capacités des policiers dans la sécurisation du processus électoral.
5° Aux Organisations de la Société Civile
- S’investir dans le plaidoyer pour le respect de la Constitution et la sauvegarde des acquis de la démocratie ;
- Maintenir et renforcer les actions de plaidoyer pour l’intégration de la Loi de programmation portant réforme de la Police Nationale dans le budget de l’Etat
6° Aux Partis Politiques
- Eviter des discours incendiaires et d’incitation à la haine et former leurs membres à la culture de tolérance et de la non violence.
7° A la Communauté internationale :
- Appuyer toutes les actions de prévention et de gestion des risques sécuritaires liés aux élections.
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