Papa Ntumba abattu : règlement de comptes ou crime crapuleux ?

(Le Phare)

Bien de jours après l’assassinat d’un enseignant, agent de l’ESU, le quartier Mayimbi, commune de Selembao, a enregistré le week-end le meurtre de Papa Ntumba. L’homme qui a déjà dépassé la cinquantaine, menait une existence paisible dans cette partie de la ville de Kinshasa. Très courtois et attachant à l’égard de ses voisins, Papa Ntumba n’avait aucun antécédent fâcheux avec les autres habitants du quartier.
La nuit des faits, la mort s’est signalée à son domicile vers 2 H du matin. D’abord, par des bruits de casse d’un des murs de sa maison. Il s’est réveillé pour constater que cette destruction était l’œuvre des malfaiteurs qu’il aurait aperçus à travers une fenêtre. Ils étaient nombreux. Première stratégie de défense : il se met à crier aux voleurs. L’alerte réveille quelques voisins. Courageux, ils sortent de chez eux et envisagent de voler à son secours. Malheureusement, dehors et devant la maison de Papa Ntumba, des brigands couvrent leurs comparses qui continuent de casser le mur en briques. Ces bandits armés se sont déployés dans le périmètre, lançant aux voisins intrépides qu’ils risquaient d’être abattus. Vite, les secouristes ont regagné leurs domiciles, car dépourvus d’armes à feu. Première déception.
 Certains parmi eux, ont réalisé cette nuit de malheur comment dans certains quartiers insécurisés de Kinshasa, il était urgent que l’on puisse détenir des armes à usage défensive. La loi sur le port, la détention et l’usage des armes à feu pour assurer sa défense, de ses proches ou celle de ses voisins immédiats, requérait d’être déposée, examinée et débattue à l’Assemblée nationale. Qui aurait pu le faire dans ce pays où les bonnes intentions ne se présument pas ?
Et même devant ce vide juridique, l’on aurait souhaité qu’un voisin puisse alerter un poste de police de proximité. Nouvelle déception : personne n’a eu le réflexe de téléphoner aux policiers. Qui s’intéresse aux agents de l’ordre ? Qui a pensé une seule fois qu’il était nécessaire d’entretenir de bonnes relations avec les policiers installés dans nos quartiers ? Il est vrai qu’on ne les voit que pour déposer une plainte contre un voisin conflictuel.
Après avoir menacé les voisins de leur victime, les membres du commando feront irruption dans la maison. Première réaction : plusieurs coups de feu. Abattu par quatre balles tirées en pleine poitrine, Papa Ntumba est mort peu après. Les bandits, à en croire les voisins aujourd’hui éplorés, n’ont trouvé rien à emporter. Pour les membres de famille encore inconsolables, c’est un mystère épais qui couvre ce crime. S’agit-il d’un règlement de comptes ou d’un crime crapuleux ? Rien ne permet pour l’instant de l’affirmer, surtout que le Commissariat provincial de la police ville de Kinshasa aurait ordonné à ses unités spécialisées, de mener une enquête, afin d’arrêter les tueurs de Papa Ntumba pour que soit élucidée la véritable cause de sa mort.
Sous d’autres cieux, les autorités policières exhorteraient les Kinois à apporter des témoignages ou autres informations sur le crime, les bandits et leur motivation.
 Pour les habitants du quartier Mayimbi, le meurtre commis sur Papa Ntumba est un crime de trop. Les responsables de la protection des personnes et de leurs biens dans la ville de Kinshasa, devraient outiller certains services spécialisés sous leurs ordres pour éradiquer ce regain de criminalité, de manière à restaurer la paix et la sécurité. Cela passe nécessairement par le renforcement des effectifs de policiers dans les postes et autres sous-commissariats, et la relance des patrouilles pédestres nocturnes. Ce dispositif, pensons-nous, peut mettre en déroute aussi bien les tueurs à gages que d’autres marginaux.
Pour certains Kinois épris de sécurité, après la mort de Papa Ntumba, la protection des personnes et leurs biens doit être revue et corrigée. Tel est le vœu de tous au seuil de cette année nouvelle.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe