Conseil de sécurité : Vers une probable reconfiguration de la mission de l’ONU en République Démocratique du Congo (MONUSCO)

(7sur7.cd)

Le Conseil de sécurité devrait décider d’ici le 31 mars de la reconduite ou de la réduction de fonds destinés à la plus importante et la plus coûteuse des missions des Nations unies avec 19.000 hommes, la MONUSCO. Présente en RD Congo depuis novembre 1999, la Mission des Nations unies en République, alors MONUC (Mission d’observation des Nations Unies en RD Congo), devait à l’origine élaborer des plans en vue de l’observation du cessez-le-feu et du désengagement des forces, et maintenir la liaison avec toutes les parties à l´accord de cessez-le-feu de Lusaka. En juillet 2010, par la résolution 1925, le Conseil de sécurité va transformer la MONUC en Mission de l’Organisation des Nations-Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et va étendre sa mission en l’autorisant d’user de tous les moyens nécessaires pour garantir la protection des civils, du personnel humanitaire et des défenseurs des droits de l’homme exposés à une menace imminente de violences physiques, et aider le gouvernement de la RD Congo à stabiliser et à consolider la paix. 7 ans après, à la vue de la situation actuelle sur terrain, le bilan de la MONUSCO demeure mitigé. L’insécurité et les violations de droits de l’homme dans les Kasaï et à Beni ainsi que la mort de deux experts de l’ONU dont les corps ont été découverts mardi illustrent cruellement la difficile situation sur le terrain. Face à cela, les avis demeurent partagés au Conseil de sécurité. Principal contributeur de l’ONU, Washington qui veut ramener de 29% à 25% la part américaine dans le budget total des missions de maintien de la paix. Selon l’Ambassadrice américaine aux Nations Unies, Nikki HALEY, son pays cherche à rendre ces missions plus efficaces, avec des stratégies de désengagement claires.

L’idée serait donc d’obtenir de pays contributeurs des troupes un engagement de nouvelles règles sur la performance de contingents garantissant une protection effective de la population civile. Position encouragée par les autorités congolaises qui soutiennent le remplacement des Casques bleus par une deuxième brigade spéciale d’intervention des Nations unies dans sept provinces de la RD Congo : Kinshasa, Ituri, Haut-Uele, Tshopo, Nord Kivu, Sud Kivu, Tanganyika.

Pour les autres membres permanents, alors que la Russie soutient cette idée d’une force plus réduite la France estime, elle, que réduire drastiquement l’effectif de la Mission onusienne en cette période préélectorale serait jouer avec le feu dans un pays confronté à des turbulences électorales. La RD Congo étant engagée dans un processus démocratique devant aboutir à la tenue des élections d’ici la fin de l’année 2017, le Secrétaire général de l’ONU Antonio GUTERRES par crainte de poussées de violence préconise l’envoi par le Conseil de sécurité de plus de 300 policiers de l’ONU supplémentaires.

Déjà, dans son rapport publié le 10 mars, Antonio GUTERRES, évoquait une adaptation des priorités, de la position et de la présence de la MONUSCO afin de pouvoir être en mesure d’utiliser tous les outils à sa disposition pour appuyer le processus politique et électoral, contribuer à la protection des civils, faire reculer la menace que représentent les groupes armés et aider aux efforts de stabilisation. Il y a donc lieu d’envisager une reconfiguration de cette mission avec des prérogatives plus actives et plus efficaces sur terrain.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe