(Forum des As)
C’est dans la salle « Fidele Bazana Edadi », au siège de la VSV que s’est tenue hier une conférence de presse animée par le politologue Rostin Manketa, directeur exécutif assisté par Laurette Misenga, directrice exécutive adjointe. L’objet, c’est le phénomène « Kamwina Nsapu » qui touche 4 provinces notamment le Kasaï central, le Kasaï, le Lomami (Kabinda) et le Kasaï Oriental ainsi que des enquêtes diligentées par l’Auditorat général des FARDC pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans le Kasaï central attribus à des militaires des FARDC contre des miliciens de « Kamwina Nsapu » et la découverte des fosses communes.
Avant toute chose, la VSV a tenu à louer le professionnalisme dont a fait montre le haut magistrat de l’Auditorat général des FARDC qui a conduit à la découverte de nouvelles fosses communes dans le Kasaï central.
La VSV demande cependant à l’Auditorat général d’étendre ses enquêtes criminelles à la province du Kasaï Oriental où on fait aussi état des crimes de guerre attribués aux éléments des FARDC exactement comme dans le modus operandi du Kasaï central. C’est ce qui ressort des enquêtes diligentées par la VSV dans la région de Kabeya Kamwanga-Miabi, en octobre et décembre 2016.
L’Ongd indique avoir documenté sur place des faits précis à charge des militaires des FARDC en opération. Elle publie une liste de 33 personnes sommairement exécutées ou blessées par balles. On retient que les faits se sont déroulés à l’ex-cité de Kenankuna, chef-lieu du Territoire de Kabeya Kamwanga ainsi que dans des villages de Dikundi, Mupompa, Kapangila, Kabukala et dans l’ex-cité du Lac Mukamba.
La VSV note qu’au village Kapangila, des maisons ont été incendiées, des biens pillés et emportés à Kenankuna par certains éléments des FARDC. Selon cette organisation de défense des droits de l’homme, de nombreuses personnes ont sommairement été exécutées y compris des innocents sur simple port d’un habit de couleur rouge également des sous-vêtements.
La VSV a par ailleurs eu à interroger de nombreuses victimes de ces actes criminels ainsi que des témoins de ces exactions sommaires et extrajudiciaires. D’après VSV, tous ont fait état d’un usage disproportionné de la force par les miliaires envoyés en opération dans le Territoire de Kabeya Kamwanga massacrant de nombreux miliciens de « Kamwina Nsapu » mais aussi des innocents même à l’intérieur de leurs habitations.
Pour la VSV, cette stratégie était destinée à terroriser le reste de la population et dissuader les autres jeunes gens à rejoindre les rangs de la milice de « Kamwina Nsapu ». Il était interdit la tenue des deuils sous peine de subir le même sort.
L’Ongd décrit une situation humanitaire dramatique. D’après VSV, de nombreuses personnes se sont refugiées dans la forêt pour fuir ces atrocités. Des écoles sont restées fermées. Des femmes enceintes obligées d’accoucher en forêt sans aucune assistance médicale. Quant aux personnes du troisième âge, la VSV indique que, ne pouvant pas fuir les atrocités, elles sont restées enfermées dans des maisons où elles sont mortes de soif et de faim.
Ces populations ne sont revenues à Kabeya Kamwanga qu’après l’arrivée salvatrice des contingents de la MONUSCO. Raison pour laquelle la VSV exige que l’Auditorat général des FARDC diligente des enquêtes criminelles dans cette zone de Kabeya Kamwwanga et Miabi pour poursuivre les auteurs de ces faits ainsi que leurs commanditaires.
L’Ongd exhorte les FARDC à lutter contre l’impunité en éjectant de leurs rangs des éléments qui font ternir leur image de marque pour demeurer une armée réellement républicaine. Ce n’est pas tout. La VSV exige une enquête internationale qui serait couplée à celle des hauts magistrats de l’Auditorat général des FARDC pour poursuivre tous les crimes de guerre commis dans les provinces du Kasaï central et Kasaï Oriental. Elle propose aussi l’auto-saisine de la CPI sur les crimes relevant de sa compétence et au cas où les procédures nationales ouvertes devant les juridictions militaires n’aboutissaient pas à la lutte effective contre l’impunité. Par rapport à l’Etat congolais, la VS exige la réparation de tous les préjudices subis par les victimes, leurs familles et proches dans les provinces affectées par le phénomène « Kamwina Nsapu ».