Violences au Kasaï, Kasaï Central, Sankuru et Lomami : 165 Ongdh déplorent 600 morts et exigent une enquête internationale indépendante

(Tempête des tropiques)

165 Organisations non gouvernementales des droits de l’homme condamnent les violations graves des droits de l’homme dans les provinces de Kasaï, Kasaï Central, Sankuru ainsi que  Lomami et exigent une enquête internationale de même qu’indépendante sur plus de 600 morts répertoriés depuis le début des atrocités, à en croire les résultats des enquêtes menées sur le terrain par ces organisations.

Me Georges Kapiamba de l’ACAJ qu’entouraient Dolly Ibefu de la VSV et Robert Ilunga de l’ANMDH, a rendu public, au nom des 165 Ongdh, un communiqué de presse conjoint sur cette grave situation qui endeuille la République démocratique du Congo. Ces Ongdh soutiennent que depuis le mois d’août 2016, à la suite d’un conflit de succession au pouvoir coutumier, ces quatre provinces connaissent une montée de violences avec un bilan de plus de 600 morts.

« D’après les résultats d’enquêtes menées par nos organisations, les miliciens présumés de Kamuina Nsapu commettent aussi des crimes s’en prenant aux agents étatiques ou autres individus accusés d’avoir des liens avec ces derniers, attaquant et pillant les biens publics et privés et enrôlant par force des enfants dans leurs rangs.

Cependant, selon les différents rapports de monitoring publiés au cours de cette année y compris des missions effectuées par nos organisations, il est rapporté que les forces de sécurité ont fait usage de force disproportionné, commis des exactions sommaires contre des miliciens et des civils ne présentant pas de menace réelle pour eux, ainsi que des personnes accusées d’être à leur service, parmi lesquelles figurent notamment des femmes et enfants… », rapporte Me Georges Kapiamba.

Les 165 organisations rappellent que plusieurs traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, ratifiés par la RDC, dont la Convention de Genève, l’obligent à faire enquêter sur les allégations de violations du droit international humanitaire, poursuivre judiciairement leurs auteurs et offrir une réparation aux victimes. Les traits fondamentaux de cette enquête sont fixés par les principes des Nations-Unies relatifs aux exécutions extrajudiciaires et à la torture, à savoir la célérité, l’impartialité, l’exhaustivité, l’indépendance et le caractère officiel.

Cependant, elles constatent que l’enquête de la justice militaire n’est déployée que dans les provinces du Kasaï-Central et Kasaï-Oriental, et ne répond pas aux critères susmentionnés, notamment d’indépendance et d’exhaustivité. « Elle est de nature à ne faire inculper et poursuivre, à terme, que des militaires des rangs dits de petits poissons, et à soustraire de la justice des chefs hiérarchiques civils et militaires qui portent la plus grande responsabilité dans la commission des violations graves des droits de l’homme déplorées dans lesdites provinces ».

A en croire ces Ong, la vidéo projetée par le ministre des Médias, Lambert Mende, sur l’assassinat des deux experts des Nations-Unies, « est une entorse au caractère secret de l’instruction préliminaire d’un dossier judiciaire et illustre l’influence certaine que le gouvernement exerce sur l’enquête de la justice militaire en cours ».

Par ailleurs, poursuivent-ils, la diffusion de cette vidéo soulève plusieurs interrogations quant à la crédibilité de ces images et ne prouve nullement que les auteurs de ce meurtre sont bel et bien ceux à qui le gouvernement a pointé le doigt.

Ces organisations exigent donc du gouvernement congolais d’accepter une enquête internationale et indépendante, et demande au Conseil de sécurité des Nations-Unies de maintenir des pressions sur les autorités de Kinshasa pour qu’elles y adhèrent et d’envisager éventuellement des sanctions ciblées contre ceux qui s’y érigeraient en obstacle.

Elles saluent la disponibilité du Bureau du procureur de la Cour pénale internationale à se saisir d’office et l’encouragent à amorcer son enquête contre les plus hauts responsables des violations graves des droits de l’homme commises dans les provinces du Kasaï, Kasaï Central, Kasaï Oriental et Lomami.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe