(Forum des As)
Après l’expiration de l’ultimatum de 48 heures fait au gouvernement de la RDC, le Haut commissaire aux droits de l’homme n’a toujours pas pris un acte pour décréter cette enquête internationale dans le Kasaï. Il y a un blocage à Genève pour l’ouverture de cette enquête. D’où la sortie du bois de l’Ambassadrice des USA à l’ONU qui, de Washington, a publié le week-end dernier un communiqué au vitriol. Elle prend à partie la passivité du Haut commissaire aux droits de l’homme pour n’avoir pas lancé déjà en RDC cette enquête indépendante internationale dans le Kasaï où, selon les rapports qu’elle détient, de graves violations des droits de l’homme continuent à s’y commettre chaque jour qui passe.
Il s’agit des crimes internationaux. Dès lors à Washington qui attend une enquête en urgence, on s’explique mal l’inaction du Haut commissaire aux droits de l’ONU. L’Ambassadrice à l’ONU s’est même interrogée sur l’utilité de cet organe chargé des droits du fait qu’il est incapable de lancer une enquête indépendante là où les crimes graves sont en train d’être perpétrées.
Washington menace donc de se retirer du Conseil des droits de l’homme basé à Genève, ce qui impliquerait une réduction drastique du Budget de celui-ci dont le budget est principalement financé par les Américains. Ceux-ci préféreraient la disparition du Conseil des droits de l’homme au cas où le Haut commissaire aux droits de l’home de l’ONU ne parviendrait pas à ouvrir dans le plus bref délai cette enquête internationale indépendante dans le Kasaï avec des pouvoirs spéciaux.
On sait cependant que le Haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU est buté à une difficulté de taille au niveau du Conseil des droits de l’homme. C’est à ce dernier que revient la décision de l’ouverture de l’enquête internationale que lui ne fera qu’exécuter. Or, à ce jour, ce Conseil des droits de l’homme, composé de 47 Etats-partie est fortement divisé sur l question de l’envoi d‘une enquête internationale au Kasaï, en RDC.
Le groupe des Africains s’oppose à l’idée même d’une enquête internationale dans un pays souverain. Ils proposent à la place une assistance technique de l’ONU aux enquêteurs de la Justice congolaise. Sans plus. Le groupe des Occidentaux à la tête duquel les USA exigent, toutes affaires cessantes, l’ouverture de cette enquête indépendante internationale.
Leur argument est que là où il y a commission des crimes internationaux et violations massive des droits de l’ l’homme, il n’y a point de souveraineté. On est dans le cadre du droit d’ingérence humanitaire. Ce sont ces deux positions irréconciliables entre les Africains et les Occidentaux qui justifient l’apathie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur les massacres commis dans le Kasaï.
On ne sait pas comment le groupe des Etats occidentaux qui tiennent mordicus à cette enquête indépendante internationale en RDC vont contourner cet écueil posé sur la voie de la procédure par les Africains. Comme il s’agit des crimes internationaux, il n’est pas exclu que le groupe des Occidentaux saisissent le Conseil de sécurité de l’ONU pour prendre une Résolution autorisant l’ouverture de cette enquête indépendante internationale dans le Kasaï, en RDC. On se rappelle qu’en 1998, c’est le Conseil de sécurité et non le Haut commissaire aux droits de l’homme qui avait autorisé l’ouverture d’une enquête internationale sur les massacres commis par les troupes de l’AFDL, à l’Est de la RDC.
Reste à savoir si les deux autres permanents du Conseil , à savoir la Chine et la Russie vont laisser passer une éventuelle résolution sur l’ouverture d’une enquête internationale sur les massacres dans le Kasaï. Pas sûr. Quand on sait que ces Pékin et Moscou sont très sensibles à l’argument « souverainiste » brandi par les Africains.