Beni : des marches de colère spontanées en pleine ville morte

(Mediacongo.net)

La ville de Beni dans la province du Nord-Kivu a observé ce mardi 25 septembre une deuxième journée de deuil en mémoire des personnes  massacrées le week-end dernier.

Des échauffourées ont éclaté entre les éléments de la police nationale congolaise et différents manifestants.

C’était aux environs de 9 heures, heure locale, les premiers manifestants sont venus du boulevard Rwenzori où s’est déroulé le dernier massacre. Des centaines de personnes d’âges et sexes confondus,  calicots en mains, brandissant drapeau de la RDC et rameaux, déferlaient vers l’hôtel de ville de Beni. Alors qu’ils s’étaient rapprochés de la mairie, chantant des chansons hostiles au pouvoir en place, ils se sont heurtés à une ceinture de résistance des forces de l’ordre qui n’ont pas hésité de tirer plusieurs bombes à gaz lacrymogènes dans les rangs des manifestants. Débandade totale, chacun ayant fui dans sa direction, la marche s’est arrêtée nette.

Une deuxième initiative venue des militants du mouvement citoyen lutte pour le changement (LUCHA) est partie du boulevard Nyamwisi. Destination finale, selon les organisateurs, la mairie de la ville.

Munis des calicots, bandeaux noirs sur leurs têtes, ces manifestants sont passés devant policiers au rond point du 30 juin de Beni sans que ces derniers ne réagissent. Arrivés vers l’enclos ex-Capaco, ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes, mais ont quand même atteint la mairie, leur cible.

Alors que la réunion du comité urbain de sécurité s’y deroulait, le maire l’a momentanement suspendue pour dialoguer avec les manifestants.

Dans leurs messages, ils ont déclaré :«Nous voulons la démission immédiate du maire de Beni, le départ de la Monusco ainsi que l’arrivée à Beni du ministre de la Défense…»

Réagissant à ces propos, le maire Nyonyi Bwabakawa a indiqué que «la question militaire n’est pas l’apanage du comité urbain ou provincial de sécurité, mais de la
défense nationale».

Le bilan de ces manifestations n’est pas encore livré par les autorités. Mais il est signalé l’incendie du bureau du quartier Kasabinyole, tandis que celui de Boikene est pleinement saccagé. On a aussi enregistré des blessés dont certains, a-t-on appris, poursuivent les soins.

Les ministres de tutelle interpellés

Dans son message de compassion à la population de Beni, le député Paul Muhindo Vahumawa, élu de Béni-territoire, affirme avoir proposé au parlement la convocation des ministres de l’Intérieur, celui de la Défense ainsi que celui des Affaires étrangères pour discuter sur la sécurité au Nord-Kivu, chacun à ce qui lui revient de faire.

Pour lui la question de la Monusco doit être aussi sur la table du ministre des Affaires étrangères, car 20 ans de présence en RDC n’a rien changé. D’où l’inquiétude de cet député national.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe