(ACTUALITE.CD)
Etre femme et manier une arme, c’est le quotidien de nombreuses femmes dans la Police nationale congolaise (PNC). Ces dernières arrivent à combiner la vie de famille et leur passion pour ce métier. Anne-Marie et Solange (noms d’emprunt) sont policières. Elles ont accepté de retracer leurs parcours pour Actualité.cd.
Il est 13 heures, nous sommes dans un commissariat de la ville de Kinshasa. Anne-Marie vient d’arriver au bureau. Cela va faire 21 ans qu’elle est policière. Elle a gravi les échelons pour devenir officier de la police judiciaire (OPJ). «J’ai intégré la police nationale congolaise en 1998. Je suis passée par quelques commissariats et commandements avant d’atteindre le poste de commissaire de police et d’officier de police judiciaire. J’ai travaillé à Matete, Ngaba, Lemba, Kimbanseke, Limete. J’ai fait des patrouilles, j’ai escaladé des murs, je suis passée par plusieurs formations», confie-t-elle.
Épouse et mère de deux enfants, Anne-Marie profite de sa famille pendant ses jours de repos. « On peut être policière et mère de famille. Je suis mariée, j’ai deux filles. L’aînée a déjà terminé ses études. Elle travaille actuellement en ville. Sa sœur est en 4ème des humanités au Lycée Kabambare. Quand je ne suis pas au travail, je passe du temps avec ma famille », explique Anne-Marie.
En tant qu’officier de police judiciaire, Anne-Marie est parfois confrontée à des dossiers difficiles. « Il m’arrive de me retrouver dans une situation très confuse tel qu’un dossier d’accident de la circulation. C’est là que je réalise que je suis une femme. Mais, je me bats toujours pour trouver une solution au même niveau qu’un homme de ma fonction », avoue Anne-Marie.
Dans l’enceinte du même commissariat, il y a Solange, 42 ans, fraîchement affectée à la brigade. Elle vient de passer sa première nuit au travail. C’est une passionnée de son métier. Épouse d’un policier et mère de 4 enfants, ses instants préférés sont les 48 heures en patrouille. « Je suis dans la PNC depuis l’âge de 25 ans. Quand j’étais plus jeune, je rêvais de travailler dans l’armée. Le travail de bureau ne m’intéresse pas. Mon époux aussi est policier. Nous avons quatre enfants. Trois sont nés pendant que je travaillais déjà. C’est un travail que j’aime beaucoup », souligne Solange.
« Je sais bien manier une arme. Mes moments préférés, c’est quand je passe mes 48 heures au travail, surtout dans la patrouille. J’ai même eu la première occasion de donner un coup de feu en l’air dans une patrouille. Je passe également 48 heures à la maison. Ma fille aînée a 19 ans, c’est elle qui assure les travaux ménagers en mon absence. A mon retour, je m’occupe de tout », explique-t-elle.
Solange, elle, dit n’avoir jamais rencontré une réalité qui dépasse son intelligence. «Cela va faire 17 ans que je suis dans ce métier et je ne me suis pas encore retrouvée dans une situation qui me dépasse. Dans toutes les situations, il y a toujours une issue de sortie. Il y a toujours une solution », dit Solange.
Les deux femmes suggèrent néanmoins aux autorités l’amélioration de leurs conditions de travail. «Beaucoup de choses doivent être améliorées dans la Police Nationale Congolaise. Il y a notamment la question du social des agents de la police, les équipements de travail, la reconnaissance du travail des officiers de police judiciaire. Nous ne sommes pas encore financés. Ce qui nous oblige parfois à recourir à nos propres moyens pour acheter les papiers duplicateurs, les stylos et autres matériels de travail et, même, aux moyens de ceux qui viennent déposer leurs plaintes», affirme Anne-Marie, commissaire et OPJ.