(MEDIACONGO.NET)
Réfutant l’hypothèse de conflit intercommunautaire entre Hema et Lendu, certains témoignages affirment que les récentes violences ayant fait plus de 160 morts et plus 300.000 déplacés seraient le fait d’une « main noire » qui aimerait voir cette province riche en or et en pétrole s’embraser comme ce fut le cas entre 1999 et 2003.
Très riche en or et en gisements de pétrole, la province de l’Ituri serait au centre d’un complot fomenté par des « tireurs de ficelle » qui aimeraient voir cette partie de la république Démocratique du Congo s’embraser à nouveau, comme ce fut le cas lors des violences survenues en 1999 et qui avait coûté la vie à plusieurs milliers de personnes.
Cette thèse fait de plus en plus du chemin à Bunia, chef-lieu de l’Ituri, où des voix s’accordent à balayer d’un revers de la main la version de conflit intercommunautaire concernant les violences meurtrières dont cette province est le théâtre depuis le mois de mai de l’année en cours.
Violences qui, selon les dernières estimations auraient déjà coûté la
vie à plus de 160 personnes et fait de plus de 300.000 déplacés ayant
fui leurs villages et vivant désormais dans des camps de fortune érigés
par le HCR (Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés).
Selon le nouveau Gouverneur de province, Jean Bamanisa Saïdi, qui a
aussi confirmé ce bilan, ces violences meurtrières sont attribuées à »
des miliciens non encore identifiés » .
Alors que la version répandue à Kinshasa , capitale de la RDC, et dans certains milieux officiels fait état de nouvelles violences intercommunautaires entre Lendus et Hemas, à l’instar de celles qui avaient embrasé la région entre 1999 et 2003, le nouveau gouverneur de l’Ituri, Jean Bamanisa cité par le journal français Libération soutient que cette fois-ci il ne s’agit pas de conflit entre les deux communautés locales.
L’article de Libération rappelle même qu’entre 1999 et 2003, le Rwanda et l’Ouganda jouaient des tensions en Ituri, en soutenant et en armant des milices Hema (en majorité éleveurs) et Lendu (en majorité agriculteurs) pour « mener leurs batailles d’influence en RDC ».
Plusieurs années après et alors que la RDC vient de vivre sa première alternance « pacifique et civilisée au sommet de l’Etat » avec l’élection de Félix Antoine Tshisekedi à la magistrature suprême du pays, à l’issue d’un scrutin organisé le 30 décembre 2018 le 10 janvier 30 décembre 2018, les démons de la division hantent à nouveau la province très convoitée de l’Ituri.
« Main noire « , « planificateur « , « tireurs de ficelles «
Mais, pour cette fois-ci, l’autorité provinciale est catégorique. « Ce n’est pas un conflit inter-ethnique. Les Hemas n’ont pas répondu », affirme le gouverneur Jean Bamanisa dans les colonnes du journal français Libération.
Une autre source locale jointe par ce journal va jusqu’à affirmer que les nouveaux massacres qui embrasent aujourd’hui cette province » seraient le fait des membres « égarés » de la communauté lendue regroupés dans une sorte de secte politico-militaro-religieuse, la Coopérative pour le développement du Congo (Codéco).
Selon une source officielle qui s’est exprimai sous couvert d’anonymat, la Codéco aurait fait croire aux Lendu « qu’on leur a tout pris », glisse une source officielle. Et l’abbé Alfred Buju de l’organisation Caritas cité par l’AFP d’ajouter qu’ils « se battent pour la libération de l’homme lendu du joug de l’homme hema, perçu comme un blocage à leur développement » !
Ce discours entretenu par la Codéco est cependant qualifié de « non-sens » par un représentant de la communauté Lendu, notamment Me Célestin Tawara Angaika qui a réagi en déclarant : « Nous ne sommes pas sous la domination des Hema. Il y a des Lendu médecins ou avocats, comme moi qui vous parle. Il y a des Lendu vice-gouverneur et président de l’Assemblée territoriale ».
La piste d’un complot
De là à mettre sur le compte d’un complot les massacres récents et les déplacements massifs de populations occasionnés dans cette province par ces actes condamnables, nombreux sont désormais les Ituriens qui franchissent le pas et partagent cette thèse. A en croire la correspondance du journal français Libération, dans les rues de Bunia, on n’hésite plus à parler de « main noire », « planificateur », « tireurs de ficelles » au sujet du nouveau drame humanitaire qui se déroule depuis le 10 juin 2019 dans cette région du nord-est de la République démocratique du Congo.
A en croire Me Célestin Tawara qui s’est exprimé dans les colonnes de Libération, » les planificateurs voudraient que la province s’embrase coûte que coûte, comme en 1999″. Aussi reprend-il aussi à son compte la thèse d’une « main noire » derrière ces violences. La même version serait également soutenue du côté Hema. Voilà qui donne déjà matière à la conférence de paix annoncée dans les mois qui viennent en Ituri.