(ACTUALITES.CD)
Environ 70 groupes armés actifs au Sud-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), s’engagent à mettre fin aux hostilités dans les zones sous leur contrôle. Engagement pris mercredi 16 septembre dernier, au terme d’un dialogue de deux jours à Muresa, près de Bukavu, sous l’égide de la Commission interprovinciale d’appui au processus de sensibilisation, désarmement, démobilisation et réintégration communautaire (CIAP-DDRC).Contenus SponsorisésÀ Découvrir AussiBeaucoup ont échoué avant. Voulez-vous terminer l’essai?Hero Warspar Taboola
D’après la déclaration de cette rencontre dite Muresa II parvenue à ACTUALITE.CD, les délégués des groupes armés ont expliqué que leur lutte «n’est pas un geste de défi à l’égard de l’Etat, mais un acte de rééquilibrage face au vide sécuritaire et aux incertitudes socioéconomiques».
« Murhesa II est devenue une nouvelle chance historique offerte : plus de quatre-vingts chefs de groupes armés ou des coalitions ont pu expliquer comment leur choix de la lutte armée devrait moins être vue comme un geste de défi à l’égard de l’État, que comme un acte de rééquilibrage face au vide sécuritaire et aux incertitudes socioéconomiques (…) L’ensemble des groupes armés de la Province du Sud-Kivu s’engagent à cesser les hostilités et à en instruire leurs membres respectifs. Ils demandent aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo de remplir leurs fonctions régaliennes, et de prendre toutes les dispositions utiles de manière à faire prévaloir un environnement de reconstruction de la confiance, par la cessation des opérations et la sécurisation du retour volontaire des déplacés », lit-on dans la déclaration.
Pas d’amnistie pour les auteurs des crimes imprescriptibles
A Muresa, les parties -groupes armés et gouvernement- ont accepté de ne pas accorder l’amnistie aux auteurs des crimes imprescriptibles, notamment les crimes de masse. Et les miliciens qui désirent intégrer les forces de sécurité, se sont convenus de se soumettre au processus de sélection commun pour tout candidat.
« Cette présence attentive s’est accompagnée d’une ligne directrice extrêmement claire, axée sur le refus de toute amnistie pour les auteurs de crimes imprescriptibles, et l’invitation individuelle au parcours de sélection standard pour tout candidat à l’intégration dans les forces de sécurité nationales. Une position de principe qui est connue des participants depuis Murhesa I : pas de démagogie ni de fausses promesses dans les retraites », note la déclaration.
Pour des analystes, ce point dit de convergence est « questionnable » et appelle à la prudence, dès lors que « l’on ignore les agendas des groupes armés ». Mais si tel est le cas, ils parlent d’une avancée pour Kinshasa qui a toujours payé le lourd tribut d’une double gratification des miliciens : amnistie et intégration anarchique dans les rangs de ses forces de sécurité. Pour l’instant, ces groupes, qui décident de cesser les hostilités, invitent les forces congolaises à prendre des dispositions pour sécuriser les zones sous leur contrôle. Les parties se sont convenues de produire une cartographie des zones d’occupation.
« En vue de guider les acteurs des comités de suivi mentionnés au second point de convergence, les parties signataires s’engagent à produire, pour usage confidentiel, des cartographies des zones d’insécurité. Ces cartographies sont destinées à responsabiliser l’ensemble des acteurs concernés sur le respect du cessez-le-feu, et à permettre l’identification précise des auteurs de possibles manquements. Car ce processus de Murhesa II n’admettra aucune forme d’impunité, en particulier en matière de respect des droits fondamentaux de la personne humaine », se sont-ils convenus.
Le gouvernement congolais était représenté à ces assises par le ministre délégué à la défense nationale. M. Sylvain Mutombo a rassuré de la « volonté personnelle du chef de l’État de prendre à bras-le-corps les défis de la restauration de la paix et d’un environnement de confiance et de tolérance » dans l’Est de la RDC. Les responsables des coalitions de groupes armés présents à Muresa II ont émis le vœu de rencontrer le chef de l’Etat, à un endroit de son choix, en vue de lui « exprimer directement le fond de leurs motivations originelles et leur désir de voir l’État central prendre durablement en main les enjeux ».
Après le Sud-Kivu, la CIAP-DDRC pourra déclencher le processus dans le Nord-Kivu voisin, également miné par les groupes armés.