( 7SUR7.CD)
Plusieurs renseignants ont défilé à la barre de la Cour militaire de Kinshasa-Matete siégeant sur le procès de l’activiste pro-démocratie Rossy Mukendi, dans le cadre de la poursuite de l’instruction sur le grief du meurtre mise à charge de la commissaire supérieure Carine Lokeso et du brigadier en chef, Tokis Nkumbo.
C’était lors de l’audience tenue le lundi 18 octobre 2021 à la prison militaire de Ndolo.
Parmi ces personnes figurent le chargé des renseignements de la ville de Kinshasa, le ravitailleur du département logistique du commissariat provincial de Kinshasa, le commissaire urbain du district du Mont-Amba ainsi que son adjoint.
« Le commissaire urbain du Mont-Amba a confirmé que c’est lui qui avait doté l’escadron mobile de Carine Lokeso. Ce n’était pas le commissariat provincial de la ville de Kinshasa. Il a brandi les preuves même si Carine Lokeso persiste que son escadron a été ravitaillé par le département logistique du commissariat provincial. Le ravitailleur de la ville continue à refuser cette thèse. Il a dit qu’on ne peut pas doter le commissariat urbain du Mont-Amba en même temps qu’un escadron. Le commissaire urbain du Mont-Amba et le ravitailleur du département logistique du commissariat provincial ont parlé presque le même langage. Ils ont affirmé que l’escadron de Carine a été doté en munitions d’exercice par le commissariat urbain du Mont-Amba », a fait savoir Me Claude Kanyekete, l’un des avocats des parties civiles, à 7SUR7.CD.
En ce qui concerne la détention des munitions létales, il a rappelé le témoignage de l’un des gardes rapprochés de C. Lokeso répondant au nom de Nkuya.
« Nkuya avait dit que ce jour-là (le 25 février 2018 où R. Mukendi a été tué ndlr) son collègue Bivuala avait 3 chargeurs dont 2 avec des balles d’exercice et un autre avec des munitions létales. Carine lui-même aussi avait deux revolvers. Dans l’un, il y avait des balles en plastique et dans l’autre, il y a des munitions létales. Mais, Carine avait dit que l’arme contenant des munitions létales était défectueuse », a-t-il renchéri.
À en croire Me Kanyekete, l’un des faits marquants de cette audience était la déposition du chargé des renseignements de la ville de Kinshasa.
« C’est lui qui était venu avec le général Kasongo à Lemba. C’est auprès de lui que Carine avait remis Tokis et un certain Nkoy avec deux AK47, deux chargeurs des munitions létales et un autre avec des munitions non létales. Je lui ai posé la question de savoir pourquoi a-t-il libéré un certain Nkoy qui détenait des munitions létales et a préféré garder Tokis qui n’en avait pas ? Il s’est fourvoyé dans sa réponse. Nous avons compris qu’il y avait légèreté à ce niveau-là », a dit Me Kanyekete.
S’agissant de la requête des parties civiles sur la comparution du chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo, il a indiqué que la Cour n’a pas jugé cette demande opportune d’autant plus que ce dernier agi à travers les officiers qui constituent ses services qui comparaissent déjà.
L’audition des renseignants va se poursuivre à la prochaine audience prévue à la huitaine. Il est aussi très probable que la Cour procède à la visualisation de la vidéo après que les observations du ministère public sur l’audience foraine qui s’est déroulée à la paroisse Saint Benoît de Lemba, a laissé entendre Me Kanyekete.
C. Lokeso et consorts sont poursuivis pour violation des consignes et meurtre. Outre Bivuala (en fuite), tous les présumés coupables sont détenus à la prison militaire de Ndolo.