(ACTUALITES. CD)
Quelques militaires rwandais ont foulé le sol congolais ce 18 octobre en territoire de Nyiragongo au Nord-Kivu. Cette situation a suscité des questionnements au sein de la population et notamment de la société civile. Nellas Bauma, Rose Kahambu, Chantal Faida et Rose Mbuyi, activistes sociales de quatre provinces de la RDC se sont exprimées à ce sujet. Contenus SponsorisésÀ Découvrir AussiComment enlever le cérumen ?TvidlerEn savoir pluspar Taboola
« Ces éléments ont occupé six de nos villages et sont même arrivés à 200 mètres de la route nationale. Il y a eu échanges des tirs, entraînant ainsi le déplacement des populations vers Rutshuru et Goma. Nous ignorons les motivations réelles de cet acte », déplore Nellas Bauma, basée dans la province de la Tshopo.
Rose Kahambu, présidente de la Dynamique des femmes pour la bonne gouvernance (DYFEGOU) dit avoir accueilli la nouvelle avec une vive émotion. « Cette incursion est aujourd’hui officielle parce qu’il s’agit des forces armées rwandaises. Nous comprenons que la RDC est en danger. Dans tout ce que se vit à Beni, nos investigations nous ont amené aux conclusions selon lesquelles il y a notamment des réfugiés rwandais armés à la base de l’insécurité. Et donc, les incursions qui ont toujours été constatées de manière informelle à l’Est sont aujourd’hui officielles» déplore-t-elle.
Des frontières poreuses, une armée dépourvue des ressources
Pour Rose Mbuyi, militante des droits humains et présidente de la société civile au Kasaï oriental, cet incident n’est pas surprenant. Elle s’explique, » l’histoire du Congo et du Rwanda dure depuis des décennies. Nos frontières sont très poreuses. Il n’y a pas assez de sécurité et de protection. Comment ne pas déplorer de telles actions ? «
Elle propose par ailleurs au gouvernement congolais, de mettre sur pied un programme et de devoir allouer un budget conséquent aux Forces armées qui devront travailler à la sécurité des frontières.
« C’est un signe de malaise grave au sein de nos Forces de sécurité. Une preuve qui démontre que nos forces de sécurité n’ont pas assez de ressources idoines pour faire face à toute attaque avant même son déclenchement, » commente à son tour Chantal Faida, activiste des droits des femmes et présidente de Uwema Asbl basée à l’Est.
Et de poursuivre, « Depuis la proclamation de l’état de siège, nous continuons à enregistrer des tueries, des attaques contre les convois sécurisés, presque les mêmes situations que la période avant la proclamation de l’état de siège. Et depuis 6 mois, la population n’est plus libre de manifester comme cela est reconnu en Droit congolais. »
Quelques recommandations aux autorités sécuritaires et à la population
En termes de recommandations, Nellas Bauma pense que cette incursion devrait faire l’objet de l’interpellation du vice-premier ministre de l’intérieur pour donner des explications.
« Des signaux très clairs en termes de respect mutuel doivent être élaborés vis-à vis du Rwanda, parce que les propos de l’ambassadeur Rwandais en RDC ne font pas preuves du respect de notre souveraineté. Le Congo fait face à plusieurs défis sécuritaires qui freinent son élan. Des décisions et des actions courageuses s’imposent dans l’immédiat. Mais aussi des mesures diplomatiques », a-t-elle suggéré.
« Aux autorités, je rappelle qu’il y a eu des suspicions selon lesquelles l’état de siège est une stratégie consistant à balkaniser la RDC. Elles devraient éviter de tomber dans ce piège, à travers leurs réactions et la gestion de cette incursion rwandaise. Je leur demande de monter au créneau pour non seulement condamner comme la société civile, mais agir le plus vite conformément aux textes juridiques et accords signés entre la RDC et le Rwanda mais aussi avec d’autres pays de la CIRGL. Nous avons encore confiance aux autorités, » confie Rose Kahambu de la Dyfegou.
Par ailleurs, ces activistes de la société civile ont appelé la population à dénoncer les infiltrés dans leurs territoires et signaler toute incursion. Elles ont demandé aux autorités d’inspecter le lieu de l’incursion pour permettre aux familles déplacées de regagner leurs domiciles.