(MEDIACONGO.NET)
L’attaque des éléments M23 à Rutshuru révèle-t-elle les motivations de la nomination de Tommy Tambwe, ex Leader du M23 à la tête du Programme de Démobilisation, Désarmement, Relèvement Communautaire et Stabilisation (PDDRC-S)?
En fait, les éléments du M23 qui ont attaqué Tshanzu et Runyonyi, sont des ex-candidats à la Démobilisation, réinsertion selon l’ancienne formule !
Après les Accords de Kampala et Nairobi, la partie congolaise a refusé l’incorporation « automatique » dans les FARDC, des soldats du M23 (évalués, selon leurs dirigeants à plus de 1750 soldats !), et exigeant d’avoir la preuve que le Rwanda et l’Ouganda n’essayaient pas de nouveau d’infiltrer leurs soldats dans les Forces Armées de la République Démocratique du Congo. (FARDC).
Ils furent donc cantonnés dans des camps à Rutshuru, au Rwanda ou encore en Ouganda !
Du jour au lendemain, on a appris que la plupart avaient disparu des camps et que les pays hôtes ne pouvaient pas les retracer !
En réalité, selon plusieurs rapports, tout ce beau monde vit entre les 3 frontières (Rdc, Rwanda, Ouganda), servant comme recrues pour différentes milices, coupeurs de routes, banditisme urbain etc. On pense même qu’ils sévissent à Beni ou encore en Ituri comme ADF ou comme CODECO.
Les dirigeants politiques du M23 font régulièrement pression sur Kinshasa pour obtenir leur incorporation dans l’armée en vain : le Régime Kabila a opposé un NON, catégorique à cette démarche !
À l’avènement du pouvoir actuel, ils ont voulu relancer, avec l’aide de Claude Ibalanky du Mécanisme National de Suivi (MNS), les discussions sur le sort de leurs anciens soldats !
C’est resté sans lendemain car le nouveau Président de la République, Félix Tshisekedi venait de lever l’option d’un nouveau DDR, Communautaire et sans insertion des anciens rebelles dans l’armée !
Apparemment, ceux qui ont proposé au Chef de l’État, la nomination à la Coordination du P-DDRCS, de l’Assistant du Négociateur principal du M23 à Kampala, Mr Tommy Tambwe, avaient de la suite dans les idées !
Non seulement, ils faisaient d’un proche du Régime de Kigali, celui qui allait contrôler tous les anciens miliciens congolais anti-Kigali et les désarmer, mais en plus, en tant qu’ancien leader du M23, il allait profiter du Programme DDRCS pour résoudre définitivement le problème de ses anciens compagnons d’armes en les faisant profiter des avantages que procurera le Projet !
D’où l’insistance, selon certains détracteurs de Mr Tommy Tambwe Ushindi, de la part de Kigali et Kampala pour que ce soit un « proche d’eux » qui dirige le Programme !
Ceci a-t-il soulevé des soupçons de la part de certains acteurs de la Société Civile ? C’est possible, car depuis sa nomination, le Coordonnateur du P-DDRCS a reçu une avalanche de contestations dont la moindre ne fût pas celle du Prix Nobel de la Paix, Docteur Denis Mukwege, qui a souligné qu’on ne devrait pas récompenser ceux qui ont appartenu à des mouvements violents et violateurs des Droits Humains !
Après ceci, le Président de la République va-t-il maintenir sa décision? Nul ne le sait !
Toujours est-il que depuis la proclamation de l’Ordonnance créant le P-DDRCS en juillet suivie de la nomination de l’équipe de Coordination, on ne voit pas encore d’action concrète sur terrain !
On voit Plutôt le Coordonnateur du PDDRC-S Tommy Tambwe passer son temps à essayer de « se faire accepter » par ceux qui le contestent et son dernier voyage à Goma, avec danses, pancartes, accueil « délirant » ressemblait plus à un Show politique de promotion personnelle, plutôt qu’à autre chose !
Les derniers événements à Bukavu, avec l’intrusion dans la ville, d’un nouveau groupe armé totalement inconnu jusque-là ainsi que la résurgence de la belligérance par le M23 au Nord-Kivu , ces événements auront de l’incidence sur la mise en route du P-DDRCS !
Comment démobiliser les combattants quand de nouveaux groupes armés se créent et attaquent du jour au lendemain ?
Comment faire confiance à un homme qui a été membre d’un groupe armé toujours actif dans la belligérance, pour qu’il convainque les autres milices à se démobiliser ?
Comment croire que le Rwanda qui marche toujours « à couvert » dans ses actions de déstabilisation de l’Est du pays n’est pas derrière la dernière attaque du M23 lorsqu’on sait que la construction de la route Bunagana-Goma lui déplaît au plus haut point car la rivalité entre Kampala et Kigali pour contrôler l’Est du Congo et ses richesses est une évidence connue de tout le monde ?
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Cette rivalité, doit-on le rappeler, a été à la base de la guerre et du Carnage de Kisangani lorsque deux armées étrangères (celle du Rwanda et de l’Ouganda) s’affrontèrent en pleine ville, tuant au passage plus de 2.000 personnes ! Les congolais n’ont pas oublié !
Comment dès lors croire aux dénégations des Chefs du M23 et à la bonne foi de celui qui doit démobiliser ses collègues du M23 ?
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Ceci devient, il faut le reconnaître, une équation à Multiples inconnues !
L’avenir nous en dira plus!