Vincent Biruta reconnaît la présence des troupes rwandaises dans l’Est

(MEDIACONGO.NET)

“Qu’il y ait des vingtaines, des trentaines ou des centaines de soldats rwandais en RDC, ça importe peu”, a déclaré dimanche matin sur RFI, le docteur Vincent Biruta, ministre rwandais des Affaires étrangères.

Une réaction méprisante qui donne le droit aux seuls Rwandais de défendre leur territoire jamais agressé et veut interdire aux Congolais la désapprobation des comportements belliqueux de Kigali sur son territoire.

L’interview RFI du ministre rwandais des Affaires étrangères vient étaler l’arrogance politique et militaire du Rwanda sur la région des Grands lacs et son déterminisme à saboter toute initiative de paix dans l’est de la République démocratique du Congo. Vincent Biruta se refuse de confirmer les accusations contenues dans le rapport des experts des Nations unies attestant que depuis novembre 2021, des centaines de soldats de la Force de Défense du Rwanda (RDF) ont traversé la frontière pour mener une agression armée d’une extrême brutalité criminelle sur les populations congolaises. “J’ai entendu que le Rwanda était accusé d’être intervenu auprès du groupe M23 en RDC. J’espère que les experts ont pu produire un rapport basé sur des faits. Et si les experts n’ont vu que les soldats rwandais et n’ont pas pu rapporter sur la collaboration des FDLR et les Forces armées de la République démocratique du Congo, si les drones qu’ils ont utilisé, n’ont vu que les soldats rwandais et n’ont pas pu identifier les pièces d’artillerie qui ont bombardé le territoire rwandais à partir de la République démocratique du Congo le 19 mars, le 23 mai et le 10 juin. Si les experts n’ont pas pu rapporter sur les discours de haine qui ont été diffusés ces derniers temps par les dirigeants du gouvernement, les membres de la société civile, par des individus congolais, il y aurait problème”, s’est contenté de répondre Vincent Biruta.

Pour le Rwanda, il se tramerait un certain projet d’attaquer le Rwanda à partir de la RDC, ce qui justifierait son soutien au M23. Vincent Biruta définit même, à sa manière, le mouvement du 23 mars dit M23 en ces termes. “Le M23 est un mouvement congolais composé dans sa grande majorité des personnes qui parlent le kinyarwanda. Mais ils parlent le kinyarwanda, c’est à cause de l’histoire, ce ne sont pas eux qui sont à l’origine de ce problème”. Très simpliste dans son argumentation, l’homme d’État rwandais va jusqu’à évoquer l’existence en RDC d’environ 130 groupes armés.

Vincent Biruta s’étonne de voir les experts de l’ONU ne s’intéresser qu’au seul M23, leur protégé dont il affirme avoir conclu des accords avec Kinshasa en 2013. Grande innovation dans cette rhétorique rwandaise, Biruta ne fait plus allusion, comme Paul Kagame, à un quelconque accord qui aurait été conclu par Félix Tshisekedi avec le même M23 en 2019.

Le Rwanda confirme pour la première fois la présence de son armée dans la rébellion M23

Le ministre rwandais des Affaires étrangères ne cache plus la présence de son armée en terre congolaise. Vincent Biruta trouve moins graves les incursions répétitives et criminelles de son armée sur le sol congolais et ne se gêne pas du tout d’assumer leur droit à l’intégrité territoriale.

Le Rwanda se donne ainsi le droit d’ingérence qu’il ne veut absolument pas reconnaître à Kinshasa. Au sujet de cette présence irrégulière de l’armée rwandaise en terre congolaise, Vincent Biruta répond par l’arrogance.

“Que ça soit 10, que ça soit 20, que ça soit 30, ça ne compte pas. Moi, je vous dis, il y a des attaques sur le territoire rwandais à partir du territoire congolais, et il y a eu des FDLR qui collaborent avec les FARDC et qui se sont infiltrés sur notre territoire au mois de novembre 2021, ça c’est la dernière attaque, et qui ont tué des citoyens rwandais. C’est une violation de la souveraineté, c’est une violation de notre intégrité territoriale et c’est une menace à la sécurité de notre pays. Donc, tout cela doit être pris au sérieux. Ce n’est pas une question des vingtaines, des trentaines ou des centaines de soldats rwandais entrés au Congo, ça ça importe peu”.

Le discours rwandais vient changer la donne de la crise. Entre le Rwanda qui dénonce trois actes isolés d’infiltration ennemie et la RDC qui condamne une présence d’occupation de son territoire, il y a lieu de tirer la conclusion.

En confirmant la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais, sans autorisation, sans accord préalable de coopération militaire, dans une agression longtemps décriée par la RDC et toute la communauté internationale, Kigali s’assume. Il joue son rôle trouble dans la région avec toutes les conséquences qu’implique pareille évolution de la crise.

Il appartient maintenant à la République démocratique du Congo de comptabiliser les conséquences humaines, matérielles, minières, douanières, économiques et territoriales de cette occupation rwandaise. Ce qui permettrait aux Nations unies d’infliger à Kigali, les sanctions proportionnelles aux crimes commis sur le territoire de la RDC. Car, comme l’a dit Vincent Biruta sur RFI, le principe de souveraineté s’applique aussi bien au Rwanda qu’à la République démocratique du Congo.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe