( 7SUR7.CD)
Le conflit qui oppose les Teke et les Yaka à Kwamouth depuis le mois d’août dernier semble s’être davantage approché de Kinshasa, à en croire le témoignage d’un rescapé contacté par 7SUR7.CD ce mercredi 28 septembre 2022.
D’après ce fermier qui a trouvé refuge à Kinshasa depuis plus d’une semaine, il y a également des massacres qui se font sur le plateau de Bateke, à presque 100 km de Kinshasa.
« Avec nos frères Teke, vivons en parfaite cohésion dans le village Mbomo, sur le plateau de Bateke. Au début du mois, on commençait à avoir des murmures sur des choses pas bien mais on s’en méfiait. Dans la journée du 19 septembre, des assaillants ont débarqué de nulle part. Ils ont mis la main sur plusieurs personnes, notamment 7 membres de ma famille proche. Tous ont été assassinés publiquement », a témoigné le quinquagénaire, sous le sceau de l’anonymat.
Et de poursuivre : « Il s’agit de mon neveu Kabeya et ses deux fils qui ont été assassinés, un autre neveu Mabembula Mabes, qui est l’homonyme de mon père. Ses deux enfants également ont été tués. Il y a enfin mon frère Cléophas Mitasi qui a aussi été tué et son fils a reçu deux balles. Nous ne savons pas pour l’instant où il est parce que tout le monde a fui. S’il est déjà mort, je ne peux rien confirmer ».
Bien qu’il a perdu ses proches, ce propriétaire d’une ferme sur le plateau de Bateke souhaite que les relations entre les deux peuples redeviennent comme avant. Il demande ainsi au gouvernement de prendre la question au sérieux afin d’éviter la dégénérescence.
« A Bunchele, Kwamouth et partout ailleurs, nos frères Teke et leurs frères Yaka avons toujours cohabité. Pour preuve, certains de ceux qui ont été tués sont nés là-bas. D’ailleurs, l’un d’eux venait d’obtenir son diplôme d’Etat et s’apprêtait à venir à Kinshasa pour faire l’université. Donc la cohabitation a toujours été pacifique (…). Malgré la colère, les frustrations, nous voulons la paix. Que les autorités traitent ce problème de toute urgence. C’est vraiment un problème sérieux qui mérite de capter toute l’attention du gouvernement. Sinon ça risque de dégénérer bien que les dégâts déjà enregistrés ne sont pas les moindres », a-t-il dit.
A l’en croire, la situation est trop complexe dans les villages qui se trouvent loin de la grande route Kinshasa-Bandundu.
« Il y a une grande précision à apporter. Les villages et les fermes dans lesquels se passent les atrocités ne sont pas sur la grande route de Bandundu. C’est vraiment trop loin. Les gens en fouillant ne peuvent pas rejoindre la grande route par crainte de croiser au passage d’autres assaillants. Ils sont donc obligés de reculer davantage où ils sont difficilement localisables. C’est seulement nous qui avons des fermes pas trop loin de la grande route qui avons réussi à atteindre Kinshasa », a expliqué cet originaire du groupement de Manzengele, secteur de Kibunda, territoire de Kasongo-Lunda, dans la province du Kwango.
Notons que le trafic entre Kinshasa et Bandundu sur la nationale n°17 était suspendu depuis près d’un mois suite à ce conflit entre Teke et Yaka. Le gouvernement provincial du Kwilu a annoncé sa réouverture le lundi 27 septembre dernier.