RDC : Les habitants de Kinshasa, Goma et Bukavu considèrent la Police comme une institution contribuant à l’insécurité à cause des abus, (Étude)

( RRSSJ)

Un grave problème de confiance s’est développé entre la police et les populations des villes de Kinshasa, Goma (Nord-Kivu) et Bukavu (Sud-Kivu). Les citoyens de ces contrées ont des perceptions négatives de la police. Ils ont tendance à considérer de moins en moins la police comme un service de l’ordre à l’écoute des citoyens, mais une institution qui contribue à l’insécurité à cause de son inertie, de son inefficacité et surtout des abus. 

C’est le fait saillant qui résulte d’une étude sur les perceptions de la Police Nationale Congolaise (PNC) par les populations de ces 3 villes de la RDC. Elle a été menée par le professeur BALINGENE KAHOMBO. Il est Docteur en Droit de l’Université Libre de Berlin et enseignant à la faculté de Droit de l’Université de Goma. 

Il a procédé, ce mardi 29 novembre 2022, à Kinshasa, à la présentation officielle des résultats de sa recherche. 

Se basant sur les informations recueillies sur le terrain, le chercheur a émis 2 réalités constituant les faiblesses de la PNC notamment le fait qu’elle est trop jeune, mais aussi sa composition est hétéroclite.

« Ce rapport de recherche démontre que les populations cibles ont globalement une image négative de la PNC. Elles lui reprochent son inertie, son inefficacité et surtout des abus qui en font de moins en moins un vrai service de l’ordre à l’écoute des citoyens, et de plus en plus une institution qui contribue malheureusement à l’insécurité. Toutefois, la PNC est elle-même jeune, puisque sa création date de 2002, en voie de réforme et actuellement confrontée à de nombreuses difficultés opérationnelles liées aux infrastructures, aux équipements et à la logistique ainsi qu’aux conditions socioprofessionnelles précaires policiers. Les enquêtés l’ont eux-mêmes souligné », a indiqué le professeur BALINGENE. 

En dépit de cet état de choses, il a expliqué que les populations de ces 3 villes gardent une lueur d’espoir pour rectifier le tir se traduisant par la lutte contre l’impunité au sein de la PNC, y compris l’organisation des procès pour les crimes du passé ainsi que l’ouverture de l’espace politique à travers la tenue des manifestations pacifiques sous l’encadrement de la police depuis l’avènement du régime politique actuel. 

En vue d’améliorer de manière sensible de cette situation, il a mis en évidence 3 recommandations adressées au Gouvernement, au comité de suivi de la réforme de la police, au Parlement, aux partenaires extérieurs et à la société civile. Il s’agit de : 

– Revisiter le processus de réforme de la PNC et préparer les projets du nouveau cadre stratégique et du plan d’action prolongeant ce processus, pendant une période raisonnable, en ce qui concerne les actions de politique publique qui restent encore à accomplir ;

– Recycler les éléments actuels de la police (vetting) pour dégager ceux qui ne le méritent pas et ;

– Procéder aux nouveaux recrutements des policiers et améliorer les conditions socioprofessionnelles de la police, notamment la rémunération des policiers, la dotation en équipements et logistique adéquats ainsi que la construction des infrastructures de travail. 

Il sied de noter que cette étude a été initiée par le Réseau Africain du Secteur de Sécurité ( ASSN) . Elle s’inscrit dans le cadre du projet « Just Futur » mis en œuvre par le Réseau pour la Réforme du Secteur de Sécurité et de Justice (RRSSJ). Les enquêtes ont été menées au mois de mai et début juin 2022. 

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe