(ACTUALITES.CD)
Human Rights Watch, organisation non gouvernementale internationale pour la défense des droits de l’homme, accuse le Rwanda de vouloir politiser les droits des réfugiés. Cette réaction fait suite à la communication du Président rwandais Paul Kagame qui a annoncé que son pays ne peut plus accueillir des réfugiés congolais. Les dernières attaques de Kagame contre les droits de l’homme, cette fois les droits des réfugiés, note HWR, ne font qu’ajouter aux preuves de plus en plus nombreuses que le Rwanda n’est pas un partenaire international fiable et de bonne foi. “La déclaration du président illustre grossièrement la politisation par le gouvernement rwandais des droits des réfugiés”, dit HRW.
Ainsi, l’ONG relève que le plan du Royaume-Uni d’envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda est basé sur des mensonges et une politique cynique du régime rwandais.
« Cela survient à un moment où le Rwanda a conclu un accord sans scrupules de 120 millions de livres (environ 145 millions de dollars) avec le Royaume-Uni pour accepter les demandeurs d’asile transférés du Royaume-Uni qui y sont arrivés par des voies « irrégulières ». En plus de tenter d’édulcorer le bilan du Rwanda en matière de droits humains, les autorités britanniques ont cherché à justifier leur politique en affirmant que le Rwanda a de solides antécédents en matière d’accueil de réfugiés – dont environ 76 000 du Congo voisin. En réalité, le gouvernement britannique ignore délibérément les faits », rapporte HWR dans un communiqué ce mercredi 11 janvier 2022.
Et d’ajouter : « Comme il l’a fait il y a dix ans , le Rwanda soutient la rébellion du M23 dans l’est du Congo. La reprise des hostilités par le M23, l’armée congolaise et divers autres groupes armés a contraint plus de 520 000 personnes à fuir leur foyer selon les Nations Unies. Des enquêtes récentes du Groupe d’experts de l’ONU sur le Congo, ainsi que des recherches de Human Rights Watch , ont présenté des preuves que le Rwanda ne fournit pas seulement un soutien logistique au M23, mais intervient également directement sur le sol congolais avec des troupes rwandaises renforçant les rangs de l’armée. groupe ou combattant à ses côtés ».
À en croire HWR, ses dernières remarques révèlent le refus des autorités de prendre leurs responsabilités et de faire en sorte que des comptes soient rendus pour les exactions commises par les forces de sécurité rwandaises, y compris contre les réfugiés.
« L’enquête de la commission nationale des droits de l’homme sur les meurtres de 2018 n’a été qu’un blanchiment et personne n’a encore été tenu pour responsable. Au lieu de cela, la police rwandaise a arrêté plus de 60 réfugiés et les a accusés de participation à des manifestations illégales, de violence contre les autorités publiques, de rébellion et de désobéissance aux forces de l’ordre. Certains ont également été accusés de « diffusion de fausses informations dans l’intention de créer une opinion internationale hostile à l’État rwandais » », a affirmé l’ONG de défense des Droits de l’homme.
« Nous ne pouvons pas continuer à accueillir des réfugiés en provenance de RDC (…). Ce n’est pas le problème du Rwanda. Et nous allons faire en sorte que tout le monde se rende compte que ce n’est pas le problème du Rwanda (…). Je refuse que le Rwanda supporte ce fardeau », avait déclaré Paul Kagame devant le Sénat. Les propos ont été largement partagés et commentés dans les médias et sur les réseaux sociaux. Les activistes n’ont pas manqué de rappeler que le Congo a accueilli des milliers de réfugiés rwandais pendant des décennies sans jamais s’illustrer par le chantage ou les enchères sur cette question.
Mardi, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a nuancé les propos de son président « Plutôt que de relever le défi d’apporter la sécurité et la paix dans une région dont les citoyens ne méritent rien de moins, certains médias ont plutôt choisi de déformer l’appel du président Kagame au leadership et à la responsabilité comme une menace d’expulsion ou d’interdiction des réfugiés ». Elle s’est montrée moins offensive que Paul Kagame sur cette question: « Ce que le président a abordé, c’est l’hypocrisie flagrante en critiquant et en accusant le Rwanda d’être à la base de l’échec de l’État en RDC, et qui est ensuite censé accueillir ceux qui cherchent refuge contre les conséquences de cet échec ». Yolande Makolo est également revenue sur ce qu’elle et son gouvernement attendent de la RDC et de la communauté internationale.