Tanganyika, insécurité : La Monusco est-elle vraiment innocente ? (tribune)

(7sur7.cd)

Des sources concordantes à Kalemie ont révélé depuis la semaine dernière que la MONUSCO serait de mèche avec le groupe Mayi – Mayi,  » Apa na pale » dirigé par le major Mundisi, un chef pygmée, basé à Mayenze dans le territoire de Nyunzu.

Notons que la base de la MONUSCO dans le territoire de Kongolo a été fermé au début de ce mois. Le jeudi 10 mai, 4 véhicules de la MONUSCO ont quitté Kongolo pour Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika. Deux véhicules étaient conduits par les Congolais qui connaissent bien le tronçon. Les deux chauffeurs congolais avaient pris la route habituelle Kongolo – Kabeya – Mayi – Nyunzu puis Kalemie sans problème. Tandis que les deux autres véhicules contenant des effets militaires étaient conduits par les casques bleus du bataillon béninois (BENBAT) avec 13 militaire à bord. Ces derniers arrivés à Kabeya-Mayi ont décidé subitement de changer d’itinéraire en prenant l’axe Kabeya – Mayi – Kalimia – Kisengo – Kalemie. Et, c’est à la grande surprise des chauffeurs congolais. Le BENBAT n’a donné aucune explication quant à ce fait insolite.

Cependant, les FARDC de la 61ème Brigade déployées dans le secteur avaient informé les militaires béninois que  » la route est impraticable et peu sûre depuis septembre 2017 à cause de l’insécurité. Ce secteur est considéré comme une zone rouge et connaît un certain activisme des Mayi – Mayi », indique une source. Malgré l’avertissement des FARDC, ces Béninois ne voulaient rien écouter. Ils ont décidé de passer par la zone rouge jusqu’au village Mayenze, base d’un groupe armé dans le territoire de Nyunzu, secteur du Nord – Lukuga à 76 km de Nyuzu centre et à 26 km de Kisengo.

Curieusement, le même jeudi, la MONUSCO déclarait la disparition des radars de ses deux véhicules à la hauteur du village de Kalimia à 18 km de Mayenze. L’annonce est faite par la MONUSCO à partir de Kalemie. Est-ce un hasard ou une opération bien préparée ? Les FARDC n’ont-elles prévenu le BENBAT? Pourquoi l’entêtement de ce dernier? Était-il en mission pour combattre ces rebelles ou pour les armer ?

Deux jours après, soit samedi le 12 mai, la MONUSCO a annoncé au conseil de sécurité de la province que ses  » deux véhicules étaient tombés dans une embuscade. Toutes les armes et munitions de leur ex-base de Kongolo à destination de Kalemie, ont été saisies par les Mayi – Mayi du major Mundisi  ». Entre-temps, elle déclarait la libération de 11 militaires béninois sur les 13 capturés par ce major. Les deux autres éléments du BENBAT dont Rudolph Kplankoun et Gérard Aho étaient encore en otage selon la MONUSCO.

Dans la foulée, la MONUSCO a transmis aux autorités du Tanganyika, la liste des armes et munitions saisies par les rebelles : 3 armes de 12.7 millimètres avec 400 coups, 1 RPG N7, 13 AKA avec plusieurs munitions, des portables satellitaires, 4 roquettes, quelques tenues du BENBAT, 7 téléphones portables et une importante somme d’argent.

Coup de colère des autorités provinciales

Au cours d’une réunion de sécurité tenue lundi le 14 mai à Kalemie, les autorités du Tanganyika ont fermement condamné l’attitude de la MONUSCO. D’après une source, le BENBAT serait parti ravitailler les rebelles à Mayenze. Les deux casques bleus restés en captivité à Mayenze ne seraient que des formateurs des Mayi – Mayi pour une courte durée.

Il faudra souligner que le BENBAT n’a jamais emprunté cette voie. Pourquoi transporter les armes lourdes par route, alors qu’on a hélicoptères? Pourquoi les Mayi – Mayi ont-ils retenu seulement deux personnes tout en libérant le plus grand nombre sans condition ? Pourquoi la MONUSCO n’a-t-elle jamais lancé des recherches pour retrouver les captifs ?  » No Nkunda, no job », disait un député. Cette situation devrait permettrait à la MONUSCO d’installer une autre base à Nyunzu afin de justifier sa présence, d’après un observateur.

A la demande des rebelles, une équipe de négociateurs accompagné par l’administrateur du territoire de Nyunzu, Hubert Kanza, s’est rendue à Mayenze le 16 mai et les deux militaires ont été libérés. Moyennant quoi ? Mystère ! Les équipements militaires n’ont pas été récupérés.

Rappelons qu’en son temps, on avait appréhendé des combattants pygmées au Sud -Lukuga avec des armes fabriquées en Thaïlande, alors qu’aucun d’entre eux ne s’est rendu dans ce pays. Les trafiquants d’armes ont joué un rôle dans le conflit Bantu – Pygmées dans cette province. Et, c’est curieux qu’un chef pygmée soit encore à la tête d’une bande armée après l’implication de la MONUSCO dans la recherche de la paix dans cette contrée.

La résurgence de l’insécurité affectera négativement les activités économiques et et freinera l’élan du développement dans la région. Il est séant de noter que la base de la MONUSCO à Kongolo a été fermée parce que la zone a été pacifiée. Pendant que l’ordre est rétabli dans ce territoire, on veut créer un autre foyer de tensions à Nyunzu, un territoire voisin.

Une grande vigilance s’impose sur toutes les activités de ceux qui prétendent soutenir la RDC. Il n’y a ni solidarité, ni amour, ni pitié entre les États.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe