PRÉSENTATION DU RAPPORT DU RRSSJ SUR LE RÉFORME DU SECTEUR DE LA SÉCURITÉ À L’ÉPREUVE DE L’ÉTAT DE SIÈGE EN RDC

( RRSSJ)

Mes dames et Messieurs en vos différents titres et qualités,

Il m’a été  demandé  de vous présenter le rapport produit par le RRSSJ intitulé : Réforme du Secteur de sécurité à l’épreuve de l’Etat de droit en RDC. Loin de moi l’intention de  reprendre l’ensemble du contenu du rapport que vous avez déjà entre vos  mains j’espère bien, je vais plutôt essayer de vous donner les  clés de lecture qui vont vous permettre de pénétrer aisément ledit rapport. Mon propos tournera autour de quatre préoccupations majeures :

  • Quel est contexte de production de ce rapport ?
  • Comment le rapport a été élaboré ?,  
  • Que contient substantiellement ledit rapport ?
  •  Quelles sont les principales conclusions et  recommandations contenues dans ce rapport?
  • Contexte de la publication du rapport

Comme vous le savez, depuis le 03 mai 2021, le Gouvernement de la République a décrété l’état de siège dans les  Provinces du Nord Kivu et de l’Ituri  comme réponse appropriée  au problème d’insécurité et violences armées récurrentes  dans ces deux provinces, causées par des groupes armés  locaux et étrangers qui  endeuillent les populations locales, menacent l’intégrité du territoire national et affectent le fonctionnement régulier des institutions de la République.  Il ne s’agit pas d’une innovation pace que le pays a connu entre 1961 et 1963, l’instauration de cet état d’exception sur certaines parties du territoire national confrontées à des insurrections ou rebellions de l’époque.  

Il convient de relever que l’état de siège est un régime exceptionnel de gouvernance. Il entraine un déséquilibre important dans les rapports  les institutions politiques ainsi que dans les relations entre les citoyens et les gouvernants.  En effet, lorsque l’état de siège est proclamé, le gouvernement supplante le Parlement et légifère en son lieu et place par voir d’ordonnances présidentielles délibérées en conseil de Ministres ;  de même, il dispose du pouvoir exorbitant de restreindre  les libertés fondamentales de citoyens et d’instituer la gouvernance militaire des provinces et des entités territoire décentralisées pour faire à la menace sécuritaire.

C’est dans ce contexte que le RSSJ qui est, un réseau des organisations de la société civile, partenaire du Gouvernement  avec comme missions d’accompagner celui-ci dans la Réforme du secteur de sécurité et de la justice  et d’assurer le contrôle citoyen de ce processus, a initié le projet intitulé « Faire participer les communautés locales au débat public sur la sécurité ».  C’est justement dans le cadre de ce projet que  le présent rapport est produit et rendu public ce jour. 

  • Procédés d’élaboration du rapport  

La production du présent  rapport a connu essentiellement deux phases :

  • La première c’est la phase de collecte des données empiriques sur l’état de siège : elle a été réalisée à travers les tribunes d’expression populaires et les focus – groupes organisés  essentiellement dans les provinces  sous état de siège, particulièrement à Beni et Goma province du nord –Kivu et à Bunia pour  la province d’Ituri.  Cette phase a permis de recueillir les divers avis et considérations   des populations à la base  sur l’état de siège ainsi  les recommandations pour le succès de ces mesures exceptionnelles.  
  • La deuxième c’est la phase de traitement et d’analyse des données ainsi récoltées sur terrain. Cette phase a été réalisée par les membres du groupe du travail sur le processus paix en RDC, composé des experts de diverses organisations, partenaires du RRSS. Le présent  rapport est donc le résultat de l’analyse  des données empiriques recueillies sur terrain  et confrontées au cadre normatif et institutionnel national, régional et continental  en rapport avec la réforme de l’armée et de la police et applicable à l’état de siège en RDC.
  • Le contenu substantiellement du rapport 

  Le présent rapport comprend en substance deux parties : la partie analytique ainsi que  les annexes.  

  • La partie analytique :

La partie analytique  est essentiellement l’œuvre des experts, membres groupe de travail sur le processus de paix de paix en RDC qui ont orientés leurs analyses principales sur trois questions principales :

  • L’état  de siège au regard de la législation congolaise  (définition, modalités de proclamation de l’état ainsi que ses  conséquences ;
  •  Les institutions de mise en œuvre de l’état de siège (l’armée, la police et la justice militaire) ;
  • Leur grille de lecture sur l’état de siège.
  • Les annexes :

Vous trouverez en annexes de cette étude  les éléments ci-après:

  • Les rapports bruts des tribunes d’expression populaires organisées à Beni, Goma et Bunia ;
  • Quelques extraits des textes juridiques et autres documents pertinents référenciés dans le rapport, notamment les extraits des dispositions constitutionnelles sur l’état de siège, les extraits des lois sur l’armée, la police et la justice militaire. 
  • Les principales conclusions et recommandations contenues dans le rapport   

Sans la moindre prétention d’avoir épuisé la matière, les auteurs de ce rapport sont parvenus aux principales conclusions suivantes :

  • L’état de siège reste la mesure adéquate à la situation d’insécurité et de violences  récurrente qui endeuille les populations de l’Est de la RDC depuis plus de deux décennies, menace l’intégrité du territoire national et empêche le fonctionnement régulier des institutions étatiques ;
  • A ce jour,  l’état de siège n’a pas encore atteint son objectif, à savoir éradiquer totalement  l’insécurité dans les provinces ciblées ; et beaucoup d’efforts restent à fournir pour y arriver ;
  • L’état de siège a permis de mettre en évidence le vide juridique au niveau du cadre normatif applicable à cette situation exceptionnelle  et  les défis que rencontrent sur terrain, les trois piliers de sa mise en œuvre, à savoir : l’armée, la police et la justice militaire,  entre autres : l’insuffisance des ressources humaines, le déficit de la planification  opérationnelle, les questions  logistiques, des équipements militaires et des financements.  

Il ressort aussi du rapport, les principales recommandations ci-après : 

  • Poursuivre la réforme en profondeur de l’armée et de police afin de les amener à répondre aux standards requis par les cadres d’orientation, au niveau continental et régional en matière de gouvernance sécuritaire ;
  • Accélérer  le processus  d’adoption de la loi portant modalités de mise en œuvre de l’état de siège afin de déterminer notamment les infractions pour lesquelles les juridictions militaires seraient  compétences ;
  • Renforcer les effectifs des militaires sur les terrains opérationnels et des magistrats militaires ;
  • Renforcer l’observation des procès des juridictions militaires ;
  • Restreindre tant que possible l’état de siège aux seules zones ou se déroulement réellement les opérations militaires ;
  • Lever progressivement l’état de siège dans les parties des provinces non concernées par les opérations militaires.

Voilà mes dames et messieurs les clés de lecture de ce rapport qui est rendu public ce jour.

Je vous remercie pour votre attention. Je remercie encore une fois de plus les organisateurs pour m’avoir associé à cet exercice.

Fait à Kinshasa, le  15 février 2022

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