Le défi majeur du gouvernement impatiemment attendu est encore la sécurité dans la partie Est de la RDC

[Le Potentiel] La sécurité dans la partie Est de la RDC représente encore et toujours une sinon la priorité des priorités pour le prochain gouvernement qui est appelé à en relever le défi à côté de beaucoup d’autres sur le plan social qui bouillonne avec des frustrations inhibées sur le partage équitable du revenu national.

La nomination du futur Premier ministre est à son dernier virage. Ce n’est plus qu’une question d’heures. Le nouveau locataire de la Primature héritera d’une situation difficile, avec l’Est de la RDC de nouveau plongée dans l’incertitude. Voilà la sécurité qui revient au galop. Elle sera sans doute le grand défi à relever pour la prochaine équipe gouvernementale. La réussite de son programme en dépendra vraisemblablement.

Dix ans après les négociations organisées en Afrique du Sud autour de la refondation de l’Etat, la RDC n’est pas encore sortie de l’auberge. La classe politique congolaise continue à se complaire dans des schémas qui ne permettent pas de relever les défis majeurs du pays. Pour avoir été considérées comme une fin en soi, les élections n’ont servi qu’à colmater les brèches sans vraiment arriver à résoudre le vrai problème, en ses divers volets. La question de légitimité du pouvoir, la sécurité, le développement et le social s’invitent à tous les débats depuis 2003 alors que le processus de démocratisation a fait du chemin.

Les irrégularités qui ont entaché le double scrutin de novembre 2011 n’ont fait qu’envenimer la situation en élargissant le cercle des mécontents. Les digues de sécurité mises en place depuis 2002 ont été davantage fragilisées au point que la paix dans l’Est devient une gageure. Au moment où les institutions de la République se mettent en place progressivement avec en toile de fond la nomination imminente d’un Premier ministre, les pesanteurs récurrentes tirent le pays vers le bas. Le décollage économique tant attendu se trouve plombé du fait de vieux démons.

Il appartient au prochain formateur d’avoir à l’esprit qu’il n’aura pas la tâche facile. S’il a le bon profil, son jugement commencera par la composition de son cabinet. Il devra disposer de collaborateurs compétents, mais surtout imprégnés de défis à relever. Le nouveau gouvernement devra arriver à les prioriser sans en négliger aucun. Cela dans la mesure où tout est lié.

Selon des observateurs avertis, résoudre l’énigme sécuritaire passe pour une urgence. Il s’agit particulièrement de rétablir la paix dans la partie névralgique du pays, la partie Est du territoire national. La suspension par le chef de l’Etat de toutes les opérations militaires dans l’Est est un pas positif. Toutefois, cela ne suffit pas. Il faut consolider les acquis et aller de l’avant, dans le sens d’un retour à une paix durable. Car, le constat de tous est que la RDC s’est pratiquement enlisée dans la guerre de l’Est.

La prochaine équipe gouvernementale doit, dans sa composition, refléter ce désir et cette volonté de pacifier réellement l’Est du pays afin de permettre à l’ensemble de la population de recentrer ses énergies sur le plan de reconstruction nationale. Il faut que la paix cesse d’être une denrée rare dans la Province Orientale, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.

Sur le plan politique, les contestations qui ont suivi la proclamation des résultats des élections du 28 novembre 2011 ont une fois de plus replongé la RDC dans une crise politique, rendant de plus en plus incertaine la mise en œuvre du grand chantier de la reconstruction. Le prochain gouvernement aura certainement du pain sur la planche. Il hérite d’une situation difficile l’obligeant d’évoluer pendant un moment dans un climat de contestation généralisée.

Ainsi, au-delà de tout ce qu’il pourra entreprendre – les défis étant immenses – il sera dans l’impératif de placer la sécurité au centre de ses priorités pour garantir non seulement la paix sociale dans certaines régions troublées, mais aussi faciliter la mise en œuvre de son programme dans un contexte apaisé et sécurisé.

Bien évidemment, c’est dans la partie Est que se joueront les vrais enjeux de la prochaine équipe gouvernementale. Les défis seront sans doute nombreux. Comme en 2006 avec le patriarche Antoine Gizenga, l’Exécutif ne pourra s’écarter des options fondamentales sur lesquelles a été élaboré le programme du premier gouvernement issu des élections de 2006.

Se démarquer de 2006

En 2006, le programme du gouvernement de l’AMP (Alliance pour la majorité présidentielle) était organisé principalement autour de la reconstruction, la consolidation de l’Etat, la relance économique et la lutte contre les inégalités économiques. L’essentiel de l’action du gouvernement était bâti sur les principes de la lutte contre la corruption et l’impunité, mais aussi pour la bonne gouvernance.

Cinq ans plus tard, les lignes n’ont pas beaucoup bougé. La RDC est encore loin de voir le bout du tunnel. Dans tous les secteurs de la vie nationale, il y a des urgences qui attendent le gouvernement. Sur le front social, par exemple, la grogne a gagné déjà le secteur de la santé avec la grève des médecins. Elle pourrait se propager dans d’autres secteurs tels que l’éducation ou l’administration publique. Sur le plan économique, l’accalmie relative du cadre macroéconomique n’est juste qu’un volcan qui dort. A tout moment, une irruption est possible, les équilibres macroéconomiques étant encore fragiles.

Sur le front politique, l’incertitude est totale. En effet, après les élections de novembre 2011, le pays passe des moments difficiles sur le plan politique. Il y a crainte d’un bicéphalisme au niveau des institutions. Mais, loin de tous ces défis, les tensions qui couvent dans l’Est de la République laissent planer un doute sur la capacité du gouvernement de mener à bien son programme. L’Est de la RDC reste donc cette grande inconnue qui conditionne la réussite des ambitions qu’affichera la prochaine équipe gouvernementale. La réalisation de tous les autres défis sur lesquels devra se concentrer l’effort de l’Exécutif national est conditionnée par la maîtrise de l’énigme sécuritaire de l’Est.

De ce point de vue, la sécurité s’impose. C’est la clé de réussite du programme du prochain gouvernement. Tout doit être mis en œuvre pour ne pas retomber dans les erreurs du passé. Entre 2006 et 2011, aucune avancée significative n’a été enregistrée sur le terrain relativement à toutes les promesses faites autant par Gizenga que par Muzito. Dans l’Est, la situation va de mal en pis. Côté social, le fossé de la pauvreté se creuse davantage. Le pays tangue.

Tous ces défis doivent être relevés au cours de ce nouveau quinquennat, car dix ans après le Dialogue inter congolais, la RDC devrait émerger. Mais hélas, elle fait du sur-place, se recherche encore et patauge dans les mêmes travers.

Le Potentiel

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A propos de l'auteur : Rédaction

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