[Groupelavenir.cd] L’hôtel Sulutani dans la commune de la Gombe a abrité hier la présentation d’un rapport rédigé par treize organisations de la société civile nationale et internationale. Ce rapport intitulé : « Rdc : prendre position sur la réforme du secteur de la sécurité et cosigné par 13 organisations et réseaux congolais et internationaux est le fruit de recherches approfondies et d’entretiens menés en Rdc, ainsi que dans les pays donateurs. C’était en présence de plusieurs invités de marque venus de l’EUSEC, de l’EUPOL, de la police, sous la coordination de Nick Elebe, celui qui représentait l’Ong OSISA (Open Society Initiative for Southern Africa).
Le rapport montre que non seulement l’armée n’assure pas la sécurité, mais s’en prend activement à la population, étant de fait un des principaux auteurs des atteintes aux droits humains dans le pays. Et pourtant, un secteur de la sécurité efficace-organisé, équipé, formé et contrôlé-est essentiel pour résoudre de nombreux problèmes allant du recrutement d’enfants soldats, des déplacements de populations et des viols, à la croissance économique ou encore au commerce des minerais qui alimente le conflit.
L’insécurité : le talon d’Achille du Congo
Selon le rapport, l’analyse de l’évolution de la situation en RDC depuis 2006 n’incite guère à l’optimisme. Car cela fait plus d’une décennie que la guerre a pris fin. Un gouvernement élu a d’ores et déjà effectué un mandat complet. De 2006 à 2010, la RDC a reçu une assistance extérieure considérable, notamment sous la forme d’une aide publique au développement s’élevant à plus de 14 milliards de dollars US, et par l’intermédiaire d’une mission de l’ONU dont le coût annuel dépasse le milliard de dollars. Pourtant, ces investissements ont donné peu de résultats. L’espérance de vie et la mortalité infantile demeurent très en-deçà de la moyenne enregistrée en Afrique centrale.
Le revenu national par habitant s’élève à moins de 50 cents par jour 21. À vrai dire, la RDC occupe désormais la dernière place du classement de l’ONU relatif au développement, se positionnant 187ème sur 187 pays22. Le mécontentement du public est omniprésent, et l’on constate des signes inquiétants de résurgence de la violence dans l’est du pays. Une décennie après la fin d’une guerre dévastatrice, tous les investissements consacrés à la RDC risquent d’être gaspillés. La population congolaise mérite mieux que cela. Cet échec n’est pas seulement révélateur de l’incapacité de l’appareil sécuritaire congolais à vaincre ces groupes. Il est également le résultat d’exactions commises par les services de sécurité eux-mêmes.
Le gouvernement congolais : une volonté politique insuffisante
Pour le rapport, le gouvernement congolais n’a pas fait preuve de la volonté nécessaire pour mener à bien les réformes du secteur de la sécurité, notamment dans le domaine militaire. Bien entendu, cela est en partie imputable à un manque de capacité, ainsi qu’à la faiblesse du plan de base dédié à la réforme. L’intégration d’anciens belligérants au sein de structures militaires et policières unifiées pendant la période de transition, processus connu sous le nom de « brassage », a été incomplète et inefficace. Des chaînes de commandement parallèles ont survécu dans l’armée et au sein d’autres structures de sécurité, et des dizaines de milliers de combattants sont restés au sein de groupes armés non étatiques.
Le contrôle administratif assuré par le gouvernement a été faible, notamment dans l’est du pays. Le même rapport note qu’il n’existe aucune vision nationale globale des politiques de défense et de sécurité, et ce, malgré l’insistance du Conseil de sécurité sur ce point et bien que le gouvernement ait lui-même mis en exergue la question de la RSS.
Quelques recommandations
Il sied de souligner que le deuxième aspect clé qui permet de comprendre les efforts de RSS déployés depuis 2006 concerne les attitudes et les actions de la communauté internationale. La communauté internationale a souvent été critiquée pour son incohérence politique, qui l’a conduite à décider d’interventions inadéquates, incompatibles et inefficaces s’appuyant sur des priorités et des impératifs nationaux à court terme au lieu de chercher à réaliser une réforme significative et durable.
Voilà pourquoi les rédacteurs du rapport recommandent à la même communauté internationale de dépasser les frustrations et les échecs accumulés depuis 2006 et profiter de l’ouverture de l’espace politique à Kinshasa et du besoin de soutien du nouveau gouvernement pour générer une nouvelle volonté politique à l’égard de la réforme du secteur de la sécurité. Assurer un engagement politique et une coordination de haut niveau, y compris la nomination d’agents suffisamment haut placés dans la hiérarchie pour encourager cette démarche et faire preuve de leadership. L’existence de critères de référence solides, nuancés, et d’une conditionnalité sera essentielle à cet égard. L’assistance doit être maintenue à long terme et s’appuyer sur une compréhension pragmatique des objectifs réalisables, etc.
JMNK/Groupelavenir.cd