L’insécurité qui a élu domicile dans le Territoire de Masisi a des fortes répercussions dans la ville de Goma (chef-lieu de la province du Nord-Kivu) où d’importants mouvements militaires aux alentours de la résidence du Général Bosco NTANGADA, le 02 mai courant, a provoqué la panique dans la population.
C’est depuis près d’un mois que des déserteurs des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sèment la désolation dans la province du Nord-Kivu. Les informations provenant des Organisations membres du Réseau pour la Réforme du Secteur de Sécurité et de Justice basées à Saké font état de violents affrontements entre les groupes armés et
les FARDC.
La situation dans le Territoire de Masisi est confuse. En quelques semaines, les déserteurs se sont éparpillés dans les localités, empêchant même aux habitants de partir pour leur sécurité. Des cas de viol sont également signalés.
Cette situation d’insécurité généralisée est à la base des déplacements massifs de la population des environs de Saké, dont une bonne partie replie sur la ville de Goma. Le Quartier Ndosho, dans la Commune de Karisimbi est le plus visé par ces arrivées en catastrophe : les déplacés occupent les salles des classes, d’autres encore traversent au Rwanda. Il en est de même pour la population qui se déverse à Minova au Sud-Kivu, Mugunga…
Il est signalé des cas d’enrôlement et d’utilisation d’enfants sur l’axe Kitshanga –Burungiu, Mweso … La situation sécuritaire et humanitaire est très critique : des centaines de personnes passent la nuit dehors, les prix de denrées de première nécessité ont triplé, le Pont de Mabenga est endommagé, etc.
Par contre, le Territoire de Walikalé est assiégé par les éléments de Cheka. Ce dernier serait devenu un allié de Bosco Ntangada.
La richesse en ressources naturelles de la région de Masisi est vraisemblablement à la base de son instabilité. Ce que l’on redoute, c’est que la population souffre à nouveau, comme ce fut le cas entre 1998 et 2003, avec comme point de mire les innombrables cas de viol et de massacre.
Pour rappel, le Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP) est un groupe armé implanté dans le Nord-Kivu depuis 2003 et rallié aux FARDC depuis 2009. Ses éléments ont fait défection. La mutinerie, forte de plusieurs centaines d’hommes, est conduite par le général Bosco Ntaganda, l’ex-chef d’état-major du mouvement ; surnommé « Terminator ».
Le RRSSJ constate malheureusement que tous ces faits dénotent de l’insuffisance de progrès constatée dans le processus de la réforme de l’Armée, en particulier et celui de la mise en œuvre de la réforme du secteur de sécurité, en général.
Le RRSSJ/Nord-Kivu