[RFI] Le procès en appel des assassins du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya, et de son chauffeur Fidèle Bazana, s’ouvre ce mardi 19 juin à Kinshasa, devant la Haute cour militaire. Tous deux ont été tués, il y a deux ans, alors qu’ils se trouvaient à la Direction de la police, pour un rendez-vous. En première instance, cinq policiers ont été condamnés, dont trois par contumace puisqu’ils sont en fuite. Tout le monde a fait appel après le verdict : les plaignants, parce qu’ils pensent que la vérité n’a pas été dite, et les policiers, parce qu’ils s’estiment innocents. Ils se retrouvent à nouveau devant le tribunal.
Les ONG de droits de l’homme ont un seul objectif : la mise en accusation par la Haute cour militaire du général John Numbi, inspecteur général de la police au moment des faits. Les parties civiles sont persuadées qu’il est l’ordonnateur du double assassinat.
Elles ont demandé à ce que la Haute cour soit composée de généraux d’un rang au moins égal à celui de John Numbi, afin de pouvoir le juger. Maître Sylvain Lumu, un des membres du collectif de la société civile déclare : « Les pouvoirs publics, l’exécutif doivent contribuer à ce que la Haute cour mette en accusation John Numbi. Nous attendons cela vivement de la justice congolaise ».
La défense des policiers condamnés veut les voir innocenter. Le principal accusé est le colonel Mukalayi, homme de confiance de John Numbi. Son avocat, Maître Inkundaka Bokata veut que l’on reste strictement sur les faits. Selon lui, la culpabilité de son client n’a pas été prouvée, et la mise en cause ou non du général Numbi n’y changerait rien :
« Si on veut impliquer d’une manière ou d’une autre le général Numbi, il faut suivre à ce moment là, la procédure ad hoc. La thèse de la partie adverse c’est de dire : il y a un crime d’Etat. Or, nous ne sommes absolument pas tenants de cette thèse là ».
Ce nouveau procès permettra-t-il de savoir exactement ce qui s’est passé ? Comment Chebeya et Bazana ont-ils été tués, où se trouve le corps de Fidèle Bazana ? C’est l’espoir des proches des victimes qui sont tous en exil, en France et au Canada.
RFI