Cinq questions à Juvénal Munubo

1. Comment réagissez-vous à l’appel patriotique lancé par les évêques en ce qui concerne la balkanisation de la RDC ?

J’encourage les évêques dans ce sens que la mobilisation préconisée dans toutes les paroisses pourra atteindre son objectif, celui de faire échec à ce plan. L a mobilisation pourra permettre de redoubler la vigilance et d’amener la population à ne pas pactiser avec l’ennemi, pour encourager les forces loyalistes dans la défense de l’intégrité territoriale qui est actuellement menacée. Nous sommes dans une situation où chacun doit apporter sa contribution pour que l’objectif final soit l’échec du plan de balkanisation de la RDC. L’engagement de l’Eglise est un grand pas qui nécessite également le soutien de tous pour résoudre ce problème. C’est ce qui justifie la position des élus du Nord-Kivu que nous sommes. Nous avons recommandé le changement  de toute la chaîne de commandement de l’armée , de la Police Nationale et des services de sécurité responsables de la débâcle actuelle au Nord-Kivu. L’appel des évêques n’intervient pas en retard, comme d’aucuns le pensent. Ne dit-on pas « Il n’est jamais tard pour mieux faire ». Je crois que l’Eglise catholique constitue une force vive de nature à influencer les décisions politiques. Ce n’est pas du tout en retard parce que les lettres antérieures de la Cenco  font allusion à cette situation. Ce qu’il faut plutôt dire c’est que cette fois-ci, c’est une prise de position beaucoup plus claire  dans ce communiqué de presse des évêques du 06 juillet 2012. Ils ont dénoncé un plan de balkanisation, et lancé un appel de sursaut patriotique pour contrecarrer cette action.

2. Comment contraindre la communauté internationale à une action en faveur de la RDC ?

Je crois qu’au niveau des Nations Unies, il doit y avoir un débat franc sur la question de la sécurité dans l’Est de la RDC. C’est vrai que le Rwanda a toujours brandi la menace des hutus refugiés en RDC depuis le génocide de 1994. La réalité, c’est que la force de ces hutus a diminué avec le temps, et cette menace évoquée par le Rwanda n’a plus sa raison d’être. La présence des Hutus est maintenant un prétexte, c’est clair que c’est plus la convoitise des ressources naturelles du Congo avec des groupes maffieux représentés dans d’autres  grandes puissances et  qui passent par le Rwanda en complicité avec le pouvoir de Kigalipour exploiter les richesses de l’Est du Congo-Kinshasa. C’est le principe du pêcheur en eaux troubles. Quand l’eau devient tranquille c’est lka peur d’être démasquée. Raison pour laquelle on aimerait maintenir l’Est de la RDC dans une situation telle qu’il y ait poursuite de l’exploitation illégale, sans aucun système de certification il faut un débat franc aussi sur le plan africain. Les Etats africains doivent venir  en aide au Congo en agissant de concert contre le Rwanda en termes de condamnation du fait que plusieurs rapports dont celui des Nations Unies établit l’implication rwandaise aux côtés du M23.

3. Et à défaut d’obtenir ce débat franc ?

Il y a aussi des solutions sur le plan diplomatique. Et je crois qu’au plan militaire, il faudrait pousser plus loin. Tous les Congolais doivent être solidaires avec nos forces armées qui défendent le pays. C’est en ce moment qu’il faut opérer des restructurations au niveau des FARDC, ne serait-ce d’abord qu’au niveau des commandements. Il faut aussi renforcer la surveillance au niveau des frontières. Surtout que dans l’Est du pays,  elles sont très poreuses. Il serait mieux qu’on appelle la population à beaucoup de vigilance et surtout à ne pas céder aux discours haineux et divisionnistes. Sinon d’autres prétextes seront brandis. Le Congo a affaire avec le Rwanda. Que nos compatriotes Tutsi ne se laissent pas dribler  par le Rwanda.Il faut qu’ils affichent plutôt leur allégeance au Congo. Ils ont plus à gagner au Congo qu’en appuyant  une démarche quelconque pour la poursuite des intérêts particuliers du Rwanda. C’est ici que je salue le travail abattu par le Journal « Le Potentiel » dans son action d’éveil de la conscience  congolaise  face à la balkanisation. Tous les autres médias doivent bousculer leur grille de programme pour mettre des tranches de mobilisation face à la balkanisation, à l’instar du groupe de presse Le Potentiel-Télé 7. Ce serait une façon aussi d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la détermination nationale de faire échec à la balkanisation du pays.

4. Comment appréciez-vous l’attitude de Kinshasa ?

Kinshasa doit communiquer davantage. Cette communication implique l’écoute de toute les tendances politiques internes, au regard du danger que court  la nation. Que les acteurs politiques nous puissions transcender nos intérêts pour faire un bloc face à cette menace. C’est vrai que Kinshasa n’a pas assez parlé peut-être. Néanmoins, elle a déjà pointé du doigt Kigali comme responsable de ce qui se passe dans l’Est du pays, avec sonn soutien aux M23. Au-delà, je crois qu’il vaut mieux agir que parler pour Kinshasa, afin de réorganiser les choses sur le terrain. Donner des moyens aux militaires pour leur permettre de défendre la patrie.

5. Que proposez-vous en fin de compte pour résoudre la question de l’Est du pays ?

A mon humble avis, il aurait fallu qu’il y ait une sorte de débat national sur la sécurité. Et cette proposition, nous l’avions formulé quand les affrontements ont commencé entre les FARDC et les dissidents de Bosco Ntaganda. Un débat national qui aurait mis sur une table la Majorioté, l’Opposition, et cela n’a pas eu un écho favorable. Au stade actuel, on ne peut pas parler de négociation à l’heure qu’il est. Il ne reste qu’à organiser les troupes pour faire face à cette question, au-delà des pressions diplomatiques.

Le Potentiel

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