[Le Vif.be] Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a renouvelé lundi son appel au dialogue accru entre Kinshasa et Kigali pour résoudre les problèmes de violences récurrents dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), dont le plus récent épisode est la mutinerie d’éléments de l’armée congolaise, soutenue par le Rwanda selon des rapports de l’ONU. »Il y a là des soutiens extérieurs (aux mutins) qui doivent s’arrêter. Et s’ils ne sont rwandais, je m’en réjouis, il faut faire la démarche inverse: aider à trouver la solution », a poursuivi le chef de la diplomatie belge, en assurant que la Belgique était prête à aider à organiser ce dialogue.
« Ce que je demande aux autorités rwandaises, c’est de soutenir une solution pour mettre fin à la mutinerie immédiate, pour permettre d’arrêter des criminels de guerre comme Bosco Ntanganda (le chef présumé du M23 et recherché par la Cour pénale internationale pour le recrutement d’enfants soldats dans les années 2000 dans le district d’Ituri) mais aussi participer à une meilleure gestion de la frontière » commune entre les deux pays avec l’aide de la force de maintien de la paix de l’ONU en RDC (Monusco).
M. Reynders devait également rencontrer lundi soir à Bujumbura le Premier ministre rwandais Pierre-Damien Habumuremyi, qui représentait son pays au cinquantenaire de l’indépendance du Burundi, en l’absence de M. Kagame.
Des experts de l’ONU ont affirmé dans un récent rapport que des hauts gradés de l’armée rwandaise, « dans l’exercice de leurs fonctions officielles », ont apporté une « aide directe » à la création du M23, en fournissant aux mutins « des armes, du ravitaillement militaire et de nouvelles recrues ».
Parmi les noms cités par ces experts figurent ceux du ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe, du chef d’état-major des armées, le général Charles Kayonga, et aussi du général Jack Nziza, secrétaire permanent du ministre de la Défense et ancien patron du DMI (Department of Military Intelligence), les services de renseignements militaires.
Kigali, qui a toujours nié tout soutien à la mutinerie, a rejeté ce rapport par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, qui l’a qualifié de « document préliminaire partial fondé sur des conclusions partielles » qui « doit encore être vérifié ».
Alors que M. Kabila s’est toujours refusé à citer publiquement le Rwanda pour son ingérence présumée en RDC – contrairement à son gouvernement -, un de ses anciens conseillers, devenu gouverneur de la province du Sud-Kivu, Marcellin Tshisambo, a assuré lundi soir devant quelques journalistes belges que « tout le monde a des éléments de preuves de l’implication de pays voisins dans ce qui nous arrive » (à la RDC). « Ils doivent savoir ce qui se passe », a ajouté M. Tshisambo, qui se déplace toujours avec des béquilles après avoir survécu à un grave accident d’avion survenu le 12 février dernier à Bukavu.
« Nous ne comprenons pas cette attitude », a ajouté le gouverneur, tout en espérant que cette crise va « bientôt se terminer ».
Le Vif.be