[Le Monde (avec AFP)]
25/02/2013
Des incidents armés ont opposé dimanche soir des factions rivales du mouvement M23 et fait dix morts parmi les rebelles dans le Rutshuru, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), ont indiqué des sources hospitalières lundi 25 février à Rutshuru.
L’hôpital provincial de Rutshuru a précisé que les corps de 10 personnes avaient été dénombrés et que deux blessés avaient été hospitalisés. Ces heurts, selon une source militaire occidentale, sont liés à des divergences au sein du mouvement rebelle, notamment à la suite de l’accord-cadre qui a été signé dimanche à Addis-Abeba pour garantir la paix dans cette région.
LES DISCUSSIONS PIÉTINENT
Ils ont oppposé des partisans du général Sultani Makenga, chef militaire du M23, à ceux de Jean-Marie Runiga, chef politique. Ce dernier aurait déjà, il y a plusieurs jours, annoncé son intention de reprendre la lutte armée alors que les discussions ouvertes à Kampala entre Kinshasa et le M23 piétinent.
Makenga s’y serait opposé et les deux hommes sont allés s’en expliquer à Kigali en milieu de semaine, selon une source occidentale à Goma. A leur retour, Runiga a été placé en résidence surveillée à Bunagana, ville frontière entre la RDC et l’ Ouganda, d’après la même source.
Dimanche, alors que 11 chefs d’Etat, dont les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Joseph Kabila, étaient à Addis-Abeba pour signer l’accord-cadre sous le regard attentif du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, Jean-Marie Runiga a décidé de rejoindre Rutshuru.
A son arrivée dans cette ville, située dans le sud de la zone contrôlée par le M23, ses soldats se sont affrontés avec ceux de Makenga, selon une commerçante locale. D’importants mouvements de population ont été signalés, notamment à Bunagana, où des centaines de personnes se sont réfugiées en Ouganda.
« LA SITUATION GÉNÉRALE EST VOLATILE ET PRÉCAIRE »
Le Conseil de sécurité de l’ONU a fait part de sa profonde inquiétude devant l’aggravation des troubles dans l’est du pays. Les quinze membres du Conseil de sécurité, parmi lesquels figure le Rwanda, a renouvelé sa condamnation des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), qui s’est emparé de territoires à l’est du Congo et qui est particulièrement visé par cet accord, dont la RDC est signataire.
Le Rwanda et l’Ouganda, signataires également du nouvel accord, ont été accusés par des experts de l’ONU de soutenir le M23 qui a déclenché une offensive contre le gouvernement de Kinshasa l’année dernière. Le Conseil de sécurité salue l’accord négocié par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, mais reste « profondément inquiet de l’aggravation de la situation sécuritaire et humanitaire » dans cette région riche en minerais. Les membres du Conseil « réitèrent leur demande au M23 pour qu’il cesse immédiatement ses tentatives d’établir une administration parallèle illégitime », poursuit le communiqué.
L’accord pourrait également permettre la mise en place d’une « brigade d’intervention » spéciale de l’ONU dans l’est de la RDC, ainsi que la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour la région des Grands Lacs.Le Conseil de sécurité a également demandé que le M23, la rébellion rwandaise hutue (FDLR), dont des membres sont soupçonnés de participation au génocide de 1994 contre les Tutsi, qui a fait 800 000 morts, selon l’ONU, ainsi que d’autres groupes armés « mettent fin à toute forme de violence et d’activités déstabilisatrices« .
Le chef de la mission de l’ONU en RDC, Roger Meece, a prévenu vendredi qu’un conflit sérieux pourrait exploser à tout moment. « La situation générale est volatile et précaire et pourrait se transformer à tout moment en un conflit à grande échelle, sans alerte préliminaire, si tant est qu’il y en ait une« , a déclaré M. Meece au Conseil de sécurité.