- 0. INTRODUCTION :
La province du Kasaï Occidental, à l’instar de toutes les autres provinces de l’Ouest, connait beaucoup de problèmes sécuritaires causés essentiellement par : les conflits communautaires, les conflits institutionnels, politiques, environnementaux et sociaux divers avec effets néfastes tant sur les individus, les communautés, les activités et la gouvernance.
La réduction d’activités génératrices de revenus dans les milieux tant ruraux qu’urbains, la détérioration des infrastructures sociales de base, l’absence d’emplois pour jeunes, la précarité des conditions sociales et professionnelles des parents, la fiscalité agressive avec un pléthore de taxes et impôts souvent imaginaires, les impaiements prolongés des salaires des employés et leur modicité ; l’enclavement de la province et les interférences de la politique dans les dossiers traités par d’autres services publics tant provinciaux que locaux sont à la base de beaucoup de conflits qui font que cette province se retrouve dans la sphère de trois principales provinces à forte propension à des conflits de toute nature qui freinent son développement.
Ces conflits se retrouvent à travers les 10 territoires et 2 villes qui composent la province avec des spécificités telles que :
N° | NATURE DU CONFLIT | LOCALISATION |
01 | Foncier de limite des entités | Dimbelenge et Dibaya face au Kasai Oriental |
02 | Foncier interne et des terres coutumières | Dimbelenge, Dibaya, Demba, Luiza, Kazumba, Mweka, Tshikapa, Ilebo, Luebo |
03 | Foncier des terres arables | Dimbelenge, Dibaya, Demba |
03 | Contrôle du pouvoir coutumier | Dimbelenge, Dibaya, Luiza, Demba, Ilebo, Tshikapa ville et territoire, Ville de Kananga |
04 | Contrôle de ressources naturelles | Demba, Tshikapa, Dimbelenge |
05 | Rivalités ethno politiques | Tshikapa, Dimbelenge, Mweka, Ilebo |
Les tracasseries sur toutes les voies de communication avec la multiplicité des barrières illicites, l’impunité des grands auteurs des viols, le clientélisme et le trafic d’influence au niveau des services de sécurité, la lourdeur de procédure en justice, etc. font que la population se détourne de la voie indiquée pour chercher à régler ses problèmes par d’autres voies principalement le recours à la violence.
Pour preuve, ce lundi 25 mars 2013, la population du quartier Kamayi dans la commune de Kananga s’est résolue de recourir à la justice populaire en abattant un voleur aux petites heures de la nuit dans les environs du domicile de la femme dont ses deux filles venaient d’être violées par des hommes en uniforme et en arme quelques jours avant.
Des faits notoires ci-dessous ont plus caractérisé la situation sécuritaire au Kasaï Occidental ; principalement :
- I. TRACASSERIES AU NIVEAU DES BARRIERES :
Malgré le vote de l’Edit provincial sur la réglementation des barrières au Kasaï Occidental, on note avec consternation la persistance de celles-ci sur tous les tronçons avec leur lot des tracasseries.
Un communiqué officiel du Gouverneur de province du 07 Mars 2013 à la suite d’une ronde effectuée sur quelques tronçons, supprime toutes les barrières à l’exception des postes de contrôle de la PCR érigés aux entrées et sorties des villes et chef-lieu des territoires conformément aux dispositifs pertinent de l’Edit N° 13/K.OCC/12 du 12 juillet 2012 y relatif, ce en attendant l’arrêté provincial portant création des barrières.
- II. CONFLITS COMMUNAUTAIRES
A travers la province du Kasaï Occidental, 154 conflits communautaires ont été identifiés et suivis par les structures spécialisées dont TDH membre RRSSJ qui en a produit une cartographie et une stratégie provinciale de gestion avec l’appui de la MONUSCO.
Cependant ces conflits sont exacerbés par la faiblesse managériale de l’Etat à tous les niveaux de gestion et sont à la base de l’insécurité dans nos milieux ruraux. Ce dernier est à la fois identifié comme acteur et intervenant dans ces conflits, à travers ses représentants à tous les niveaux de sa structuration.
Ces conflits placent la province en troisième position après l’Equateur et le Katanga au regard de leur fréquence.
- III. VOLS A MAINS ARMEES
Vols à mains armées :
– Le vendredi 15 mars dans la commune de Kananga au quartier Kamayi sur l’avenue manguier n° 36, 8 personnes en tenue militaire et en arme ont fait fait irruption dans la maison d’une marchande du quartier après avoir cassé le mur en briques à daubes, ont emporté tous les biens de la maison après avoir violé 2 filles mineures.
– Samedi 16 dans le même quartier, une scène analogue s’est produite et des biens de la maison emportés ;
– Dans la nuit de lundi à mardi, 15 personnes en tenue militaire et en arme se sont introduites dans la maison d’un habitant dans la commune de Katoka. Ces assaillants ont cassé la porté, emporté des biens et 5 d’entre eux ont violé en série une fille mineure de 16ans.
– Dans la nuit du 23 au 24 mars, les malfrats se sont introduits dans la maison de Maître Christian KAPUKU MUNONGO et ont emporté tous les biens de la maison. Après leur forfait, ils ont déclaré qu’ils s’étaient trompés d’adresse.
– Une semaine après l’assassinat d’un malfrat à 3 heures du matin, le chef d’avenue a fournit à la PNC, une liste des présumés assassins. Certains habitants de cette avenue vivent en clandestinité depuis le 29 mars 2013.
- IV. VOLS SIMPLES PAR LES SHEGUE EN COMPLICITE AVEC LES POLICIERS
Au quartier Tshinsambi dans la localité Misasa, des bandes d’enfants de la rue opèrent au grand jour des vols simples sous l’œil impuissant des policiers.
Ces mêmes scénarios sont fréquents aux alentours des marchés et sur tout le tronçon Batatela – Marché central de Katoka.
- V. PRESENCE ELEVE DES MALADES MENTAUX ET ENFANTS DE LA RUE SUR LES LIEUX PUBLICS
La présence assez remarquable des malades mentaux sur les lieux publics dans la ville de Kananga crée de l’insécurité en permanence et constitue une menace pour tout usager de ces lieux, principalement les marchés, carrefours et voies publiques.
A la suite d’un plaidoyer des organisations membres du RRSSJ (CBMT, APAILD, etc), les autorités policières (Commandant PNC/Ville) se sont engagées dans l’assainissement de ces lieux et sentons déjà un début d’amélioration de la situation sécuritaire.
- VI. TRACASSERIES LORS DES PATROUILLES
Dans leurs missions de routine, les patrouilleurs tracassent les paisibles citoyens qu’ils croisent sur leur passage en leur exigeant du café et autres frais.
- VII. TAUX ELEVE DES ACCIDENTS DE CIRCULATION
Avec le phénomène TAXI-MOTO dans la ville de Kananga, des jeunes gens sans formation sur la conduite et le code de conduite se lancent allègrement dans le transport des personnes sans être inquiétés par la police.
Pour la plupart, les propriétaires des moto- taxis, sont soit des responsables des services étatiques voir de la sécurité qui, usant de leur statut professionnel, empêchent la police à faire régulièrement son travail de routine.
D’autre part, l’activité Taxi-moto est devenu un gagne pain pour les policiers de la PCR qui tracassent au quotidien les transporteurs.
- VIII. COUPEURS DES ROUTES
Il est signalé dans la ville de TSHIKAPA et sur les axes routiers Tshikapa – Kananga, Kananga- Demba-Mweka et Ilebo, Luebo-Tshikapa un grand activisme de coupeurs des routes dont le dernier cas en date est celui de l’assassinat de 2 trafiquants de diamant dans la ville de Tshikapa sur le tronçon Tshikapa-Milombe dans la commune de Dibumba en date du 18 Mars 2013 dans la nuit.
- IX. VENTE DES PRODUITS IMPROPRES A LA CONSOMMATION SUR LES MARCHES
Les consommateurs des produits divers dans la ville de Kananga sont exposés aux produits manufacturés périmés tels :
– L’eau minérale,
– Le café produit localement à travers un mélange du café hors normes avec des déchets des sacs, le sucre mélangé à la levure et le ciment mélangé au sable ; …
– Les conserves importés du MAROC et autres.
Tout n’a pas été que sombre dans la province et de ce fait, il y a lieu de donner une note positive dans la commune de la Ndesha autrefois bastions de criminels et autres hors la loi, Shegue, etc, où, à la suite de la sensibilisation sur la Police de Proximité (Pdp) menée par 8 structures du RRSSJ appuyées par la Composante RE/SSAPR suivie du déploiement d’éléments PNC formés sur la Pdp ; une nette amélioration de la condition sécuritaire a été enregistrée.
Par ailleurs, des actions de plaidoyer ont été menée et quelques résultats tangibles sont déjà perceptibles, notamment :
– Le vote d’un Edit provincial sur la réglementation des barrières sur toute l’étendue de la province ;
– Le vote d’un budget intégrant une prime de fonctionnement pour les commissariats de police et une prime d’encouragement aux policiers ;
– L’implication des députés provinciaux dans le fonctionnement de la police et la gestion des questions sécuritaires ; etc.