Le message de New York : Kampala remet en question le Palais du peuple

 


[Le Phare]

25/09/2013

 

Comme annoncé dans notre dernière livraison, le dossier de la crise congolaise a fait l’objet d’un examen spécial, à New York, en marge de la 68me Assemblée générale de l’ONU (Organisations des Nations Unies). Malgré la réaffirmation du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo, la condamnation des activités militaires du M23 et d’autres forces négatives tant nationales (Mai-Mai) qu’étrangères (FDLR, ADF, Nalu), rien n’a été dit sur les appuis militaires, logistiques et financiers de l’Ouganda et du Rwanda au M23.

         Bien au contraire, le président Yoweri Museveni a été félicité pour son soi-disant activisme dans la recherche d’une solution pacifique aux problèmes sécuritaires de l’Est de la RDC, notamment à travers le rapprochement entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle précité. Ce que l’on retient d’essentiel à l’issue de la seconde réunion du Mécanisme de suivi région de l’Accord-cadre d’Addis-abeba est que Kinshasa et le M23 doivent impérativement conclure les pourparlers de Kampala, dans la droite ligne de l’ultimatum de 14 jours leur donné par les Chefs d’Etat et de gouvernement ayant pris part au 7me Sommet extraordinaire de la CIRGL (Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs), le 5 septembre 2013.

 

L’Ouganda et le Rwanda dédouanés

 

         Le message de New York signifie, en clair, que le Rwanda et l’Ouganda sont totalement hors cause dans le dossier sécuritaire de l’Est du Congo. Il veut dire aussi que le gouvernement congolais n’a d’autre alternative, pour le retour d’une paix durable au Nord-Kivu, le rétablissement de l’intégrité territoriale et de l’autorité publique, que de s’entendre avec le M23, considéré désormais comme son interlocuteur officiel et incontournable.

         Selon la communauté internationale, Kinshasa et sa rébellion devraient continuer à discuter sur le même pied d’égalité, sous la direction du facilitateur Crispus Kiyonga, ministre ougandais des Affaires Etrangères, et la supervision du président Yoweri Museveni. L’on croit savoir que le rapport du président ougandais a lourdement pesé dans la balance, malgré les tentatives des « experts » de Kinshasa visant le blocage des négociations.

         Tout le monde peut constater, à la lumière du communiqué final ayant sanctionné la rencontre de New York, que la communauté internationale fait une lecture de la crise congolaise bien différente de celle des décideurs de Kinshasa. Alors que ceux-ci considèrent Sultani Makenga et consorts comme des criminels et aventuriers appelés à débarrasser le palier et à se soumettre aux lois de la République… les représentants des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine, de la CIRGL et de la SADC les perçoivent plutôt comme parties prenantes à la résolution de la guerre de l’Est, un des volets de la crise congolo-congolaise.

L’exhortation de Kinshasa à trouver rapidement un terrain d’entente avec le M23 sur tous les points de divergences politiques, sécuritaires, militaires, économiques, sociales et humaines pousse les observateurs à craindre un nouveau schéma de partage du pouvoir, en violation de la Constitution en vigueur en RDC.

 

Quid des Concertations Nationales ?

 

         A la lumière de l’injonction faite au gouvernement congolais de ne plus tergiverser face au M23 à Kampala, l’on peut s’interroger sur la suite et la fin des Concertations nationales lancées par le Chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, le 07 septembre au Palais du Peuple. Les pourparlers de Kampala ayant manifestement plus de poids que le forum de Kinshasa aux yeux des maîtres du monde, tout ce que l’on peut souhaiter, à ce stade, est que les experts congolais encore présents dans la capitale ougandaise s’organisent pour communiquer rapidement aux « Concertateurs » les termes de référence du nouveau deal en passe d’être conclu avec le M23. Cela permettrait à ceux-ci d’en discuter sans délai, de les enrichir ou d’élaguer les points sombres, de manière que les intérêts de la République ne soient pas bradés dans la mouture finale à avaliser par les deux parties.

         Si l’on veut éviter le ridicule au pays, l’on devrait faire en sorte que les conclusions de Kampala, qui vont recevoir le quitus de l’ensemble de la communauté internationale, soient en harmonie avec celles du Palais du Peuple. Dans le cas contraire, les « Concertateurs » auront travaillé en pure perte, en termes d’intelligences, d’énergie et d’argent car leurs « Résolutions », sans l’implication du M23, risquent d’être sans lendemain.

 

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