[AFP]
11/10/2013
La Représentante spéciale de l’ONU sur la violence sexuelle dans les conflits armés, Zainab Hawa Bangura, a affirmé vendredi à Kinshasa que la « culture du viol » n’existait pas, dans un discours devant le Sénat réuni en plénière. « Je suis là pour vous dire que la culture du viol n’existe pas. Aucune culture dans le monde ne veut voir ses femmes brutalisées, déshumanisées et humiliées. Dire que cela fait partie de la culture africaine est un affront aux peuples et aux gouvernements de ce continent », a affirmé la représentante sierra-léonaise, au dernier jour de sa visite en République démocratique du Congo (RDC). La moitié Est de la RDC est en proie à l’activisme de groupes armés locaux et étrangers accusés de graves exactions contre les populations civiles – dont des viols, parfois massifs. Certains auteurs d’agressions sexuelles se comptent aussi dans les rangs de l’armée. « Les statistiques de la violence sexuelle et de la violence basée sur le genre continuent d’être inacceptables en RDC », a souligné Mme Bangura, faisant référence à un récent rapport du ministère du Genre, de la Famille et de l’Enfant et du Fonds des Nations Unies pour la Population (Fnuap). Ce rapport concerne sept des onze provinces du pays, dont la Province Orientale (Nord-Est), les Nord et Sud Kivu (Est) et le Katanga (Sud-Est), en proie à des groupes armés. Il indique que 10.322 cas de violences sexuelles basées sur le genre ont été rapportés en 2011, contre 15.654 en 2012. Mme Bangura a relevé les efforts de la RDC, qui a notamment instauré une police spéciale « très utile » pour protéger les femmes et les enfants contre les violences sexuelles. « La RDC devrait être fière de ses réalisations mais il y a encore de nombreux défis », a-t-elle insisté.
Elle a vivement encouragé le Sénat à voter le projet de loi créant des chambres spécialisées pour juger les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide. En outre, elle a souligné qu’il ne devait pas y avoir d’impunité ou d’amnistie pour les agresseurs, quels qu’ils soient.
Mme Bangura est arrivée dimanche en RDC, où elle effectue sa deuxième visite depuis sa prise de fonction en septembre 2012. Elle a rencontré plusieurs ministres – du Genre, de la Justice et de l’Intérieur – ainsi que des députés de l’Ituri (un territoire de la Province Orientale), des Kivu et du Nord-Katanga.