En RDC, les viols sont dénoncés mais peu condamnés

 

 

[RFI]

25 novembre, 2013

 

Au cours de sa vie, une femme sur trois dans le monde sera victime de violence. Elle sera battue, subira des violences sexuelles ou sera autrement maltraitée, souvent par son conjoint, ex-conjoint ou par son compagnon. En République démocratique du Congo, à Goma dans l’est du pays, une zone reprise récemment aux rebelles M23, ces quinze dernières années des milliers de femmes ont été violées par des rebelles et lors des guerres successives. Mais à Goma, les choses changent doucement, notamment grâce au travail des associations.

Une avocate fait l’appel. Dans les petits bureaux de la Dynamique des femmes juristes, quelques personnes patientent sur un banc. Depuis 2006, l’association de onze avocates encourage les victimes à porter plainte et à réclamer justice. 

Parmi les gens qui attendent, une famille. Tembé, sa femme et leur petite fille de deux ans et demi, Léa, sont venus porter plainte : « Ma femme était dans la maison, car elle a un petit commerce de recharges de batteries de téléphone. Elle a alors entendu la petite crier. Elle est sortie et elle a vu notre fille qui saignait au niveau de ses organes génitaux. La petite n’arrivait même plus à marcher. Alors on l’a emmenée au dispensaire ».

 

Oser dénoncer

L’examen médical est sans appel. Léa a subi un viol. Aujourd’hui, ses parents veulent que l’association les aide à poursuivre le violeur en justice.

Pour Mireille Tambuka, l’une des avocates de l’association, c’est le signe d’un changement de mentalité. 60% des procédures judiciaires qu’elles suivent concernent des viols : « Les gens osent dénoncer certains faits que la société trouvait normaux. Dans nos familles, par exemple, on pouvait se rendre compte qu’un oncle a violé une petite cousine. Avant, ce sont des choses qui se géraient dans la famille. Mais aujourd’hui, la plupart des gens osent venir le dénoncer. »

Dénoncer pour qu’il n’y ait plus d’impunité. Signe de ce changement : si en 2006 l’association a laborieusement accompagné 17 personnes en justice, cette année 136 ont déjà ouvert une procédure judiciaire pour que le coupable de leur viol soit poursuivi. Mais c’est là que la bât blesse. Si le tabou commence à tomber, les condamnations, elles, restent encore trop souvent très légères.

Depuis janvier, l’association a vu deux personnes seulement condamnées à dix et quinze ans de prison pour viol. « Le reste, c’est plutôt trois ans, deux ans », soupire Bernadette, l’une des avocates de la Dynamique des femmes juristes (Dfj). « On a même eu un cas où le viol d’une petite fille de 11 ans n’a été condamné qu’à cinq mois de prison, ça nous a fait mal », conclu la jeune femme qui compte bien continuer à se battre pour que les femmes du Kivu obtiennent justice et mettent fin à l’impunité.

 

Recommandé pour vous

A propos de l'auteur : Rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*