ACORD recommande à la majorité d’être à l’écoute de l’opposition et de la société civile

(Le Phare)

La cohésion nationale qui éprouve des douleurs interminables de l’enfantement du gouvernement représentatif de tous les courants. Elle montre prématurément ses signes de faiblesses, au point que nombre d’analystes s’interrogent si ça ne serait pas un mort-né.

L’analyse de la situation politique actuelle faite par le comité national de l’Alliance des Congolais pour la Réforme et la Démocratie, au cours de sa réunion de la semaine passée, dévoile que le navire de la cohésion nationale, tangue dangereusement et ne pourra pas affronter les prochaines zones de fortes turbulences. Cette fragile embarcation est mise à rude épreuve par le forcing de la majorité présidentielle à initier la révision constitutionnelle. Dans les rangs de l’opposition, aussi bien parlementaire que celle en dehors des institutions, et dans le camp de la société civile non partisane, on dénonce les tentatives de déverrouillage des articles «  sacrés », « intangibles » et «  inamovibles », contre la volonté du peuple.

Le fait que la majorité présidentielle veut modifier les règles du jeu démocratique, pousse l’ACORD à  s’insurger contre cette manière de diriger le peuple congolais et de considérer que l’opposition et la société civile n’ont pas voix au chapitre.

Pour l’Alliance des Congolais pour la réforme et la démocratie, on ne peut diriger le peuple congolais par défi et contre ses intérêts vitaux. «L’expérience de multiples rébellions qui touchent l’Est du pays, après la chute de Mobutu, a laissé entendre le secrétaire général de l’ACORD, Nivard Bongo W’Eale, doit nous pousser à faire droit aux opinions de nos frères et sœurs ne partageant pas notre façon de penser et de voir l’avenir de ce pays. Chat échaudé craint l’eau froide, dit-on. A l’Alliance des Congolais pour la réforme et la démocratie, la victoire militaire sur le M 23 et la signature de l’Accord-cadre d’Addis Abeba ne doivent pas nous faire croire que tous les problèmes politiques sont définitivement finis en RDC, et que notre pays ne fera plus face à d’autres courants de pensée contraires à ceux des dirigeants au pouvoir.

Le secrétaire général de l’ACORD soutient que toutes les tentatives de dérive totalitaire actuellement dévoilées par certaines officines politiques, ne visent pas à renforcer la démocratie et à la cohésion nationale, et asseoir la stabilité politique jusqu’à l’organisation des élections, mais à créer une insécurité et une instabilité pour justifier un coup de force. Car, après la mort de millions de compatriotes, les viols et violences sexuelles sur les femmes et les jeunes filles, la destruction des infrastructures routières et sociales, les déplacements massif des populations, dont les séquelles demeurent encore vivaces, la majorité présidentielle ne doit pas croire qu’elle règne dans une planète qui lui appartient, mais une terre des hommes qu’elle est obligée de partager avec d’autres compatriotes démocrates et désireux de voir la démocratie congolaise faire école, au lieu d’être citée en mal sous tous les cieux.

Au moment où l’on s’achemine lentement mais sûrement vers l’alternance au pouvoir, tel que prévue par la Constitution, la majorité présidentielle qui prétend être démocrate, respectueuse des lois du pays et des opinions des autres, ne doit pas prêcher par des tentatives de dérive totalitaire, en cherchant à tout prix à confectionner un costume démesuré pour cette famille politique. Ce forcing, a conclu le secrétaire général de l’ACORD, n’est pas de nature à entretenir un climat d’apaisement et de concorde nationale, mais à alimenter des frustrations de tous genres pouvant pousser des franges de la population à la désobéissance civile.

L’heure est donc venue pour la majorité présidentielle de se regarder dans le miroir et se poser les questions élémentaires suivantes : qu’est-ce que nous avons fait pour faire avancer et consolider la démocratie en RDC ? Que nous reproche-t-on et qui peut mettre la démocratie congolaise en danger ? Quelle expérience démocratique positive allons-nous léguer à nos enfants et à nos petits-enfants ?

A l’Alliance des Congolais pour la Réforme et la Démocratie, l’on croit que c’est en répondant à ces interrogations majeures que la majorité présidentielle pourra se rendre compte que le ton qui monte au sein de l’opposition, de la société civile, et de la population, est un signe avant-coureur de prochaines tensions politiques que l’on ne saura peut-être pas étouffées sans dégâts.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe

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