(Forum des As)
C’est la fête en Ituri, le district chaud de la Province Orientale avec sa flopée de groupes armés dont les seigneurs de guerre alimentent la prison de haute sécurité de Scheveningen, dans les faubourgs de La Haye, à la CPI.
Cette fois-ci dans la nasse, c’est le sinistre Paul Sadala du nom de guerre de Morgan, l’un des plus redoutables criminels de guerre dans la même catégorie que Joseph Koni de la LRA ougandaise qui aligne 100.000 morts à son macabre trophée. Morgan qui, avec ses rebelles » Simba « , personnifie la terreur en Ituri, n’est plus.
Ce qui, il ne faudrait pas se voiler la face, est une très bonne nouvelle pour tout Congolais et la pleine libération pour les Ituriens. C’est avant-hier qu’il a rendu l’âme, touché par une rafale des commandos des Fardc qui l’escortaient de son village à Bunia pour Kinshasa.
Fin de vie du » terminator « , l’ » exterminateur » d’Ituri. Que s’est-il passé ? Samedi dernier, l’homme et ses rebelles » Simba » étaient encerclés par les commandos des Fardc dans son petit village à 100 km de Bunia. N’en pouvant plus, il a craqué et a négocié sa reddition avec les loyalistes. Ce qui est fait. Une escorte est préparée pour le conduire avec une quarantaine de ses Maï-Maï Simba d’abord à 50 km de son village d’où le groupe prendrait des hélicos de la Monusco déployés pour la circonstance pour Bunia et ensuite un avion en partance pour Kinshasa pour y répondre de ses innombrables crimes.
Selon les Fardc, sur le trajet terrestre, « Morgan » a d’abord exigé son intégration dans l’armée nationale avec le grade de général, ensuite il a ouvert le feu sur l’escorte militaire. C’est dans l’échange des coups de feu qu’il est mortellement blessé. Mais, il ne rendra l’âme que lorsqu’il est arrivé dans l’hélicoptère de la Monusco. 7 « Simba » sont tués sur le coup. Du côté de la Monusco, on ne reconnait pas cette version des Fardc.
Pour Charles Bambara, directeur de l’Information, Morgan est arrivé déjà mort sur leur hélicoptère. Il aimerait savoir comment lui qui s’était désarmé volontairement avant de se livrer aux Fardc s’est retrouvé avec une arme en main pour attaquer l’escorte.
La Monusco promet une enquête pour rétablir la vérité sur la mort de Paul Sadala alias « Morgan ». Mais quelle que soit la manière dont « Morgan » a trouvé la mort,c’est un événement à saluer et à louer. Est-ce vraiment différent du jour où Obama, bouteille de champagne en main, annonçait aux Américains la mort de Ben Laden, leur ennemi public n°1, tué au Pakistan par les forces spéciales américaines sur ordre du Président américain ?
ENNEMI PUBLIC N°1
« Morgan » est lui, l’ennemi public n°1 pour les Ituriens, donc pour les Congolais. Cet individu a commis de pires crimes en Ituri : viols en chaînes des fillettes, des filles, des femmes et des vielles femmes qu’il utilise comme esclaves sexuels, massacre des populations à grande échelle, pillages des ressources naturelles, braconnage des éléphants, des rhinocéros et des Okapi. Rien qu’au chapitre des ressources naturelles, « Morgan » exploite illégalement des mines d’or et du bois de luxe qu’il exporte sans doute par des pays limitrophes à la frontière-Est de la Rdc.
D’où son impressionnant trésor de guerre. Est-ce pour un tel individu que la Monusco va hausser le ton sur la façon dont il a été tué ? Mais les USA éliminent tous leurs » ennemis n°1 » comme Morgan par des assassinats ciblés au moyen des drones. Personne n’y a trouvé à redire.
En Afrique centrale, Washington a mis à prix la tête du criminel de guerre Joseph Koni pour un montant de 5 millions Usd pour le ramener vif ou mort, mais on sait que dans la pratique de telles traques, la préférence c’est la mort. C’est ce qui est arrivé avec Ben Laden. Pour les criminels congolais comme « Morgan » ou Cobra Matata, chef des FRPI, c’est la voie américaine qu’il faut emprunter.
La pire des choses serait de livrer ces criminels notoires à la CPI, là où la difficulté de constituer des éléments de preuves pour leur condamnation leur ouvre une brèche. C’est le cas de Matthieu Ngudjolu, chef des FNI qui était venu en appui avec ses miliciens à Germain Katanga dans l’attaque du village Hema de Bogoro où ils ont brulé 200 personnes dans des cases. Ne devraient-ils pas terminer leur course comme « Morgan » ? Quand on sait que pour ces crimes de guerre et génocide, Ngujolo a été innocenté par la Cour, faute des preuves et renvoyé aux fins des poursuites, ce qui veut dire qu’il ne peut plus être poursuivi pour les mêmes faits.
Quant à son colistier Germain Katanga, il vient tout juste de bénéficier d’un jugement très clément qui ne le reconnait pas comme donneur d’ordre dans les tueries de Bogoro mais comme complice et non responsable direct.
Il s’est même permis d’aller en appel, la semaine dernière contre ce jugement qui le décharge pourtant des tueries de Bogoro. Faudra-t-il continuer à cracher sur la mémoire des milliers de victimes des criminels de guerre comme Morgan, Cobra Matata, Ntaganda, Germain Katanga et Sultani Makenga en les envoyant à la CPI ? Question capitale qui renvoie à la libération injustifiée de Mathieu Ngujolo. Celui-ci n’est jamais revenu dans son Ituri natal. Où les familles des victimes l’attendent de pied ferme pour se rendre justice et » lui faire la peau « . C’’est là l’adéquation qu’il faut éradiquer entre les jugements de la CPI en hiatus avec les faits qui eux sont têtus.